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Faut-il redouter les machines ?

Publié le 24/03/2004

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La machine-outil permet une utilisation purement mécanique des outils. L'habilité manuelle encore requise dans la manufacture disparaît. La force de travail se dévalorise toujours davantage. L'emploi d'une main-d'oeuvre non qualifiée (femmes, enfants) accroît la concurrence entre travailleurs. De plus le travail devient monotone : « La facilité même du travail devient une torture en ce sens que la machine ne délivre pas l'ouvrier du travail, mais dépouille le travail de son intérêt. « ( « Manuscrits de 1844 «). Enfin l'intensité du travail augmente dans la mesure où le travailleur doit se plier au rythme imposé pat la machine. Il faut distinguer ici « exploitation « et « aliénation «. Ce ne sont pas des termes équivalents : le mot « exploitation « désigne la réalité économique d'un travail non payé, au moins en partie. Le mot « aliénation « renvoie à une situation où le travailleur ne se « reconnaît « plus dans son travail.

Une opinion largement répandue, relayée par les récits et les films de science-fiction, tient les machines pour redoutables : à terme, l'homme serait condamné à devenir l'esclave de machines de plus en plus intelligentes et de plus en plus autonomes. Ce scénario, pour séduisant qu'il soit, oublie cependant un point fondamental : les machines sont fabriquées par l'homme ; c'est sous son contrôle (et parfois même sous sa conduite) qu'elles exécutent les tâches pour lesquelles elles ont été programmées. Ce ne sont pas les machines elles-mêmes qui sont à craindre, mais peut-être le système qui utilise leur puissance à des fins dangereuses pour l'humanité ou pour son environnement.

« réaliser le produit en entier se perd et, dans la grande industrie, avec le machinisme, elle disparaît totalement. A la fin du XVIII ième siècle, l'économiste Smith souligne l'accroissement de productivité apporté par la divisiondu travail, telle qu'elle se développe dans les manufactures lors de la première révolution industrielle.« Prenons un exemple dans ne manufacture de la plus petite importance, mais où la division du travail s'estfait souvent remarquer : une manufacture d'épingles.Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d'ouvrage, dont la division du travail a fait un métierparticulier, ni accoutumé à se servir des instruments qui y sont en usage, dont l'invention est probablementdue encore à la division du travail –cet ouvrier, quelque adroit qu'il fût, pourrait peut-être à peine faire uneépingle dans toute sa journée, et certainement il n'en ferait pas une vingtaine.

Mais de la manière dont cetteindustrie et maintenant conduite, non seulement l'ouvrage entier forme un métier particulier, mais même cetouvrage est divisé en un grand nombre de branches, dont la plupart constituent autant de métiersparticuliers.

Un ouvrier tire le fil à la bobine, un autre le dresse, un troisième coupe la dressée, un quatrièmeempointe, un cinquième est employé à émoudre le bout qui doit recevoir la tête.

Cette tête est elle-mêmel'objet de deux ou trois opérations séparées : la frapper est une besogne particulière ; blanchir les épingles enest une autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquer les papiers et d'y bouter les épingles ;enfin l'important travail de faire une épingle est divisé en dix-huit opérations distinctes ou à peu près qui, danscertaines fabriques sont remplies par autant de mains différentes, quoique dans d'autres le même ouvrier enremplisse deux ou trois.

J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employait que dix ouvriers, et où ,par conséquent, quelqu'uns d'eux étaient chargés de deux ou trois opérations.

Mais quoique la fabrique fûtfort pauvre et pour cette raison, mal outillée, cependant quand ils se mettaient en train, ils mettaient à boutde faire entre eux environ douze livres d'épingles par jour ; or, chaque livre contient au-delà de quatre milleépingles de taille moyenne [...].

Mais s'ils avaient tous travaillé à part et indépendamment les uns des autres,et s'ils n'avaient pas été façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas fait vingtépingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, cad pas, à coup sûr, la deux cent quarantième partie, etpas peut-être la quatre mille huit centième partie de ce qu'ils sont maintenant en état de faire, enconséquence d'une division et d'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

» SMITH, « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ».Pour montrer l'efficacité de la division du travail, Smith prend comme exemple une fabrique qui produit des «objets de peu de valeur » et qu'il est donc utile de produire en grand quantité.Dans cet exemple, la division du travail possède deux aspects : d'une part, « fabriquer des épingles » devientun métier particulier alors qu'auparavant le forgeron fabriquait des épingles et aussi d'autres produits.

D'autrepart ce métier lui-même est divisé en autant de métiers qu'il y a d'opérations à effectuer.L'habitude accroît l'habileté pour chacune de ces opérations, permettant ainsi une plus grande rapidité dans letravail.

Mais la spécialisation a pour contrepartie l'incapacité à exercer le métier de forgeron dans toute sadiversité.

Et plus la division du travail augmente, plus chaque opération est simplifiée.

La dextérité acquise parla répétition d'une tâche particulière n'est pas équivalente à l'habileté de métier.Si Smith souligne ici l'utilité économique de la division du travail, à un autre endroit de son livre il en montrerala nocivité pour le travailleur : « Un homme dont toute la vie se passe à exécuter un petit nombre d'opérationssimples [...] n'a aucune occasion de développer son intelligence ni d'exercer son imagination [...] Il devient engénéral aussi ignorant et aussi stupide qu'il soit possible à une créature humaine de le devenir.

» Au début du XX ième, Taylor invente « l'organisation scientifique du travail », qui vise à augmenter laproductivité en rationalisant le travail.

Le travail est divisé de telle sorte que chacun n'effectue plus qu'uneparcelle de l'objet.

Le travailleur répète toujours les mêmes gestes.

Aucune habilité de métier n'est plusnécessaire, les tâches simplifiées peuvent être exécutées sans formation.

Ce qui entraîne pour l'ouvrier uneactivité dénuée de sens et ennuyeuse, simple moyen de gagner sa vie.

L'idée d'aliénation sembleparticulièrement adéquate pour désigner ces phénomènes.

La « rationalisation » du travail, est critiquéecomme déraisonnable d'un point de vue humain.D'autre part, au nom de l'égalité entre les hommes, il est possible de reprocher à la rationalisation du travaild'accentuer la division entre travail intellectuel et travail manuel et entre tâches de commandement et tâchesd'exécution.

En effet, l'organisation de la fabrication du produit doit être pensée entièrement à l'avance et laproduction décomposée en un certain nombre de gestes : ce travail préalable de conception n'est pas le faitde ceux qui exécuteront le travail.

De plus, l'exécution d'une tâche dépendant de l'exécution d'une autre, lesrythmes de production doivent être strictement respectés et donc contrôlés. Les machines nous aliènent Dans la grande industrie, l'homme n'a plus qu'à surveiller la machine et en corriger les erreurs.

La machine-outilpermet une utilisation purement mécanique des outils.

L'habilité manuelle encore requise dans la manufacturedisparaît.

La force de travail se dévalorise toujours davantage.

L'emploi d'une main-d'oeuvre non qualifiée(femmes, enfants) accroît la concurrence entre travailleurs.

De plus le travail devient monotone : « La facilitémême du travail devient une torture en ce sens que la machine ne délivre pas l'ouvrier du travail, maisdépouille le travail de son intérêt.

» ( « Manuscrits de 1844 »).

Enfin l'intensité du travail augmente dans lamesure où le travailleur doit se plier au rythme imposé pat la machine. Il faut distinguer ici « exploitation » et « aliénation ».

Ce ne sont pas des termes équivalents : le mot. »

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