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Les machines pensent-elles ?

Publié le 12/11/2005

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Mais la 
pensée n'est-elle que cela Si le calcul est bien un acte de pensée, il semble ainsi que ce soit grâce à la pensée humaine que les machines aient pu se voir doter de la capacité de calculer. Si elles calculent, il semble en fait que ce soit l'homme qui pense.   Le problème que révèle le sujet peut dès lors se comprendre dans un sens éthique. Car si nous pouvons aujourd'hui nous poser la question de savoir si les machines pensent, n'est-ce pas que nous nous faisons, à travers les exemples des machines, une vision réductrice de la pensée ? Une telle vision, qui emploie les termes révélateurs « d'intelligence artificielle » ne risque telle pas d'oublier ce qui fait la particularité de l'homme parmi les autres étants, à savoir non pas tant sa capacité à effectuer un raisonnement logique que de se déterminer lui-même à partir de ce qu'il pense ? L'anthropomorphisme qui consiste ici à identifier les processus mécaniques à la pensée humaine n'est pas sans danger puisqu'il risque de promouvoir une conception de l'humain réductrice, voire déshumanisée, peut-être incapable de penser l'individu particulier en chaque homme.   1)      Les machines les plus sophistiquées sont douées d'une puissance de calcul. Cependant, là où le calcul de l'ordinateur peut être réductible à une suite mécanique d'opérations, la pensée fonctionne sur le mode de la compréhension, comme mode de connaissance intuitif et synthétique. L'homme semble ainsi avoir le privilège de la pensée, dont le propre est de mettre en oeuvre une puissance de détermination. C'est cette capacité ainsi que celle de s'adapter à des circonstances nouvelles, qui semblent en premier lieu différencier les processus propres aux machines de ceux de la pensée, les premiers étant réductibles à des réactions mécaniques, les seconds étant dynamiques et « interactifs ».

Au chapitre V du Discours de la méthode, Descartes évoque des machines pouvant, pour une situation donnée et selon un protocole déterminé, répondre avec à propos à un interlocuteur ; il ajoute cependant qu’aucune machine ne saurait répondre avec à propos pour n’importe quelle situation commune. Les machines peuvent donc être montées de façon à faire illusion, mais en tant qu’elles se trouvent incapables d’improviser et de s’adapter à une situation inédite, leur intelligence demeure un artifice. Nous nous pencherons dans un premiers temps sur les arguments de l’un des principaux doctrinaires de l’intelligence artificielle ; nous exposerons ensuite les difficultés principales auxquelles se heurte le fantasme des machines pensantes avant d’analyser les présupposer philosophiques sous-jacents à une telle illusion.

 

 

« détacher et transporter ailleurs le signe qu'on avait attaché devant lui à un objet.

" N'importe quoi peut désigner n'importe quoi ", tel est le principelatent du langage enfantin.

On a eu tort de confondre cette tendance avec la faculté de généraliser.

Les animaux eux-mêmes généralisent, etd'ailleurs un signe, fût-il instinctif, représente toujours, plus ou moins, un genre.

Ce qui caractérise les signes du langage humain, ce n'est pas tantleur généralité que leur mobilité.

Le signe instinctif est un signe adhérent, le signe intelligent est un signe mobile.

Bergson 2) Au-delà de cet aspect, la pensée apparaît comme sous-tendue par la conscience, comme capacité de l'esprit de se représenter, demanière réflexive, ses propres opérations et d'en opérer une synthèse où le « je » se constitue.

L'identité, comme puissance de dire je,est en cela un élément essentiel de la pensée, qui n'est pas présent dans le calcul de la machine. Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l'homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre.

Par là, il estune personne; et grâce à l'unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, c'est-à-dire un être entièrement différent, par le rang et la dignité, de choses comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise ; etceci, même lorsqu'il ne peut pas encore dire le Je, car il l'a cependant dans sa pensée.

Il faut remarquer que l'enfant, qui sait déjà parler assezcorrectement, ne commence qu'assez tard (peut-être un an après), à dire Je; avant, il parle de soi à la troisième personne (Charles veut manger,marcher, etc.) ; et il semble que pour lui une lumière vienne de se lever quand il commence à dire Je; à partir de ce jour, il ne revient jamais à l'autremanière de parler.

Auparavant il ne faisait que se sentir; maintenant il se pense.

Kant La conscience n'est autre chose que l'esprit.

L'acte par lequel l'esprit se dédouble et s'éloigne à la fois de lui-même et des choses est un acte siimportant qu'il a fini par donner son nom à la vie psychique tout entière ; ou plutôt « la prise de conscience » ne désigne pas un acte distinct, maisune fonction où l'âme totale figure à quelque degré et qui est propre à l'attitude philosophique.

Dans sa mobilité infinie la conscience peut seprendre elle-même pour objet : entre le spectateur et le spectacle un va-et-vient s'établit alors, une transfusion réciproque de substance : laconscience-de-soi, en s'aiguisant, recrée et transforme son objet puisqu'elle est elle-même quelque chose de cet objet, à savoir un phénomène del'esprit ; mais l'esprit à son tour déteint sur la conscience, puisqu'en somme c'est l'esprit qui prend conscience.

Il y a en nous comme un principed'agilité et d'universelle inquiétude qui permet à notre esprit de ne jamais coïncider avec soi, de se réfléchir sur lui-même indéfiniment ; de toutechose nous pouvons faire notre objet et il n'est pas d'objet auquel notre pensée ne puisse devenir transcendante : l'idea ideae [l'idée de l'idée]existe donc à des « puissances » variées, sous d'innombrables exposants.

Cette délicatesse d'une conscience capable de se multiplier à l'infini parelle-même, ces raffinements qui permettent à notre esprit, si nous le voulons, de n'adhérer jamais à soi, cette subtilité enfin ne sont-ils pas lamarque distinctive de l'intelligence humaine ? La conscience veut n'être dupe de rien, pas même de soi.

C'est une infatigable ironie.

Tout de mêmeque l'artiste possède, par nature, une certaine finesse de regard qui lui permet de percevoir dans tous les paysages possibles l'ordre du désordre,ainsi la conscience se divise extrêmement, se fait toute ténue, aiguë et abstraite, afin de n'être pas surprise par le donné.

Elle est clairvoyance etliberté.

JANKÉLÉVITCH 3) La tendance actuelle à identifier les processus de calculs propres à l'ordinateur à la pensée humaine en employant notamment leterme « d'intelligence artificielle » est peut-être révélateur d'un certain danger.

Ce dernier résiderait dans un anthropomorphismerévélant en réalité une conception réductrice de la pensée, voire négatrice de ce qui en elle fait justement l' humanité de notre espèce.Si les machines sont utiles aux hommes, il s'agirait dès lors de prendre garde à ne pas nous identifier à elles, au risque de nier ce quifait de nous des êtres particuliers entre tous les étants. Il serait urgent de défendre l'homme contre la technologie de notre siècle.

L'homme y aurait perdu son identité pour entrer comme un rouage dansune immense machinerie où tournent choses et êtres.

Désormais, exister équivaudrait à exploiter la nature ; mais dans le tourbillon de cetteentreprise qui se dévore elle-même, ne se maintiendrait aucun point fixe.

Le promeneur solitaire qui flâne à la campagne avec la certitude des'appartenir, ne serait en fait, que le client d'une industrie hôtelière et touristique livré, à son insu, aux calculs, aux statistiques, aux planifications.Personne n'existerait pour soi.

Il y a du vrai dans cette déclamation.

La technique est dangereuse.

Elle ne menace pas seulement l'identité despersonnes.

Elle risque de faire éclater la planète.

LEVINAS.. »

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