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Les Maîtres de la poésie : Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Lautréamont, Verlaine, Autres poètes maudits

Publié le 18/10/2011

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baudelaire

Du coup, le poète cherche sa libération, comme Nerval et Poe, il pense la trouver dans le Royaume de l'Invisible et du Nevermore. Le goût du néant, la soif du néant. l'étreint. Il se plonge dans une atmosphère plus infernale que paradisiaque et il tente aussi le voyage au bout de la nuit, non sans recours aux excitants de toute sorte. alcool, haschisch, opium. Nous avons les rappels romantiques de l'automne dans Brumes et Pluies. Sonnet d 'Automne et Chant d'Automne. Mais Baudelaire va au-delà. Il se sent damné, il est le réprouvé, l'ange déchu. Thème romantique aussi, dira-ton, ayant eu ses résonances dans le mal du siècle de Lorenzaccio ou d'Eloa ; mais, il ne semble pas que l'horreur de la vie, succédant au spleen, ait produit des soubresauts aussi terribles de l'âme mourant dans son péché, dans le sentiment de son péché.

baudelaire

« Mme Sabatier , «rAnge gardien , la Muse et la Madone •>.

(Photo Harlingue-Viollet) Du coup , le poète cherche sa libération , comme Ner­ v~l.

et Poe, il pense la trouver dans le Royaume de l'In­ VISible et du Nevermore.

Le goOt du néant , la soif du ~éant.

l'étreint.

Il se.l?longe dans une atmosphère plus mfernale que parad1s1aque et il tent e aussi le voyage au bout de la nuit , non sans recours aux excitants de toute sorte.

alcool, haschisch , opium.

Nous avons les rappels romantiques de l'automne dans Brumes et Plui e s.

Sonn et d' Automne et Chant d' Automn e.

Mais Baudelaire va au-delà.

Il se sent damné , il est le ré­ prouvé , range déchu.

Thème romantique aussi, dira-t­ on, ayant eu ses résonanc es dans le mal du siècle de Lor enzaccio ou d 'Eloa ; mais, il ne semble pas que l'horreur de la vie , succédant au spleen, ait produit des soubresaut s aussi terribles de l'âme mourant dans son péché, dans le sentiment de son péché.

Exotisme, in­ carnation de la beauté charnelle dans la beauté noire, évasion dans la volupté , dégoOt et ennui de la vie, sa­ disme et cruauté douloureuse, spleen implacable comme le corbeau poesque et pour couronner cela, lu­ cidité de l"homm e et de l'artiste qui se peint dans son mal.

qui se retrouve seul à seul au fond du cloaque putride et nauséabond .

Combi en la tentation du suicide, de la mort est forte: « Plonger au fond du gouffre, enfer ou ciel, qu'im­ porte ? Au fond de l'Inconnu pour trouver du nou­ v e au! , La libération par la mort pour celui qui souffre d'une maladie physique atroce et inguérissable , est une solution possible.

Mais non la seule.

N'y a-t-il pas aussi la libération par l'amour, un amour autre que celui de Jeanne Duval, incarnation du mal ? Et c'est la rencontre avec Mme Sabatier, celle que Flaubert ap­ pelle « la sainte créature •· Sensible et artiste, elle re­ cherche la beauté sous toutes ses formes et témoigne d'une exquise délicatesse de cœur.

Incarnation du beau et de la bonté, comme de la finesse et de l'intelli­ gence , elle subjugue Baudelaire qui cherche auprès d'elle ce que Jeanne Duval ne peut lui donner .

Il l'aime à l'idolâtrer pendant cinq ans jusqu ' en 1854.

Elle est sa Laure, sa Béatrice, son Aurélia.

Il y a en lui une résurrection , une sortie inespérée du cloaque.

Et pourtant Baudelaire retourne à Jeanne Duval à ce qu'il appelle le «cadavre de son vampire », en pr~ie à la débauche et à l'alcool.

Alors à l'appel de l'ennui et de la mort, vient se joindre celui de l'angoisse.

Le poète essaie de se raccrocher à l'ange plein de gaîté qui ne connaît ni l'angoisse, ni la honte, ni les re­ mords , ni les sanglots, ni les ennuis.

L'être physique de Baudelaire s'achemine fatalement vers ce hâvre de destruction: le beau navire qui appareillait n'est plus, Mme Sabatier a été quelque temps la force salvatrice.

Connaîtra-t-il le bien-être suprême, lui l'éternel tor­ turé ? Les ennuis de toutes sortes, le procès des Fleurs du Mal.

les dissentiments avec sa mère, ses ennuis d'argent , ses recours aux excitants, comme Nerval et comme Poe, ses querelles et ses réconciliations avec J~anne , tout cela délabre de plus en plus sa santé phy­ Sique et, malgré une sensibilité avivée, risque de dimi­ nuer sa lucide intelligence.

Aigri et dolent , tenaillé par le mal vénérien .

il se remplit de plus en plus d'idées funèbres .

C'est aussi le moment où le recours à Dieu reste la seule issue possible, la seule vraie.

Il y a en son mal du siècle un mysticisme , une spiritualité der­ nière qu' il faut mettre à côté de son art et quel art ! La libération par le rythme , le son, la musique, l'image.

les correspondances, les symboles.

Il l'avait trouvée en un sens chez Nerval et Poe.

Il a distingué dans l'Art romantique.

en parlant de Théophile Gau­ tier, la poésie de la passion qui est «l'ivresse du cœur • et la vérité qui est «la pâture de la raison •· Il en veut au didactisme d'enchaîner le poème à la prose et à la terre, inhibant par là notre attention intellectuelle, empêchant l'aspiration vers une beauté supérieure, fin et p~incipe de la poésie .

Cette mystérieuse Catharsis, appnse de Poe, comme aussi de Coleridge et des pre­ miers représentants du romantisme anglais, lui fait considérer la création comme un ensemble de figures, une « forêt de symboles ».

« Swedenborg nous avait déjà enseigné, écrit-il à propos de Hugo dans l'Art ro­ mantique , que tout, forme, mouvement, couleur, par­ fums, dans le spirituel comme dans le naturel.

est si­ gnificatif, réciproque, converse, correspondant ».

Et le poète tentera sa libération toute spirituelle et condui­ sant vers Dieu grâce à ces matériaux de désordre transmis par sa mémoire, sa perception, ses joies et ses douleurs.

Il va recréer un ordre qui, à un moment donné, dans une circonstance donnée , sera l'expression infaillible de son âme.

« Sorcellerie évocatrice, magie suggestive .

• N'est-ce pas l'analogie métaphysique , le sens profond de l'univers , le message divin des corres­ pondances, qui dans les enchantements de la musique et du rythme apportera l'apaisement au mal, à toute. »

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