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La maîtrise des désirs ?

Publié le 13/02/2004

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C'est par le jeu de la volonté que se trace la différence entre la passion, qui fait de nous les jouets du désir, et l'action, dans laquelle nous sommes le sujet décidant librement de ses fins. Plaçant au centre de leur morale cette faculté selon eux hégémonique que doit être la volonté, les stoïciens, en l'associant à la raison, y voient la seule instance capable de décider entre ce qui dépend de nous, qui mérite qu'on le prenne au sérieux dans la mesure où c'est cela qui délimite l'espace de notre liberté, et ce qui n'en dépend pas, dont nous ne devons pas tenir compte. Ainsi le sage peut-il légitimement aspirer à exercer un contrôle actif sur soi. Cela le prépare à résister aux événements extérieurs à son contrôle, devant lesquels il doit rester impassible. Dans cette perspective, le contrôle du désir est d'un même mouvement source de sagesse et de bonheur: désirer l'impossible (par exemple, ne pas mourir) est à la fois insensé et source certaine de malheur. C'est empoisonner sa vie réelle au nom d'une aspiration dont on sait d'avance qu'elle ne sera pas satisfaite. Il n'est guère plus raisonnable de suspendre son bonheur à des événements incertains. Selon la belle formule de Descartes, il est toujours plus sensé de travailler «à changer mes désirs que l'ordre du monde». L'usage que nous faisons de notre volonté est ainsi la seule source légitime de nos satisfactions, car il est véritablement la seule source de nos mérites: on est rarement responsable de sa beauté ou de son intelligence, mais on l'est toujours des décisions que l'on prend en s'appuyant sur ce dont la nature et le hasard ont bien voulu nous doter. Le nihilisme Cette volonté de traiter raisonnablement ses désirs ne doit pas être confondue avec les diverses formes de renoncement gratuit, de sacrifice pour le sacrifice, que Nietzsche désigne du nom de nihilisme.

« Le désir est considéré comme l'essence de la nature humaine par beaucoup de philosophes tel Spinoza ouSchopenhauer et pourtant a longtemps été dévalorisé comme niant ce qu'il y a de plus noble chez l'homme,attachement au sensible aux dépens du spirituel.

Le désir se caractérise par la recherche d'un objet dont on sait ouon imagine qu'il est source de satisfaction.

Comme objet, c'est ce à quoi nous aspirons ; comme acte, c'est cetteaspiration même.

Le désir se distingue de la volonté, qui n'est pas un simple mouvement mais une organisationréfléchie de moyens en vue d'une fin.

Le désir peut aller sans ou contre la volonté (un désir, par exemple, que jesais interdit et que je ne veux pas réaliser); la volonté peut aller sans le désir (la volonté d'ingurgiter un médicamentquand, pourtant, je ne le désire pas).

Il faut s'interroger sur le terme de maîtrise, il s'agit de comprendre que peutvouloir dire maîtriser.

Il est possible de dégager trois grandes acceptions du « maître » : le dominus , le magister , et le maestro – ces trois termes latins renvoyant aux trois grandes dimensions de la maîtrise.

Le dominus renvoie à la maîtrise comme domination autrement dit comme hiérarchie.

Le maître est donc celui qui domine, qui est à la tête dela hiérarchie, qui est dominant dans le rapport de force.

Le magister est le maître en tant que sa maîtrise estlégitimée par la possession d'un savoir, ou tout du moins d'une compétence.Le maestro est le maître qui maîtrise à la perfection son art.

La première acceptation pose la question de savoir si la raison peut être supérieur à la force du désir, la seconde.

Cette interrogation est formulée dans l'énonce, de façontotale.

Elle attend une réponse soit affirmative – « Oui », nous sommes maîtres de nos désirs, soit négative – « Non», nous ne sommes pas maîtres de nos désirs.

Mais si nous ne le sommes pas, dans quelle position sommes nous àl'égard de nos désirs ? Si l'absence de maîtrise est caractéristique de notre relation à leur égard, sommes nous alorsdominés par nos désirs ? Pourtant cette interrogation n'est-elle pas intimement liée avec l'analyse faite sur le désir ? Le développement de la rationalité peut permettre de contenir le désir- Beaucoup de philosophes ont essayé de donner des pistes pour échapper à la tyrannie du désir.

En effet, Socratemontre que celui qui se laisse diriger, commander par ses désirs est le plus esclave des esclaves.

Ainsi le tyrandominus , dominé par ses désirs les plus vils est celui que Platon place au plus bas de l'échelle des individus.

En proposant une tripartition de l'âme entre l'esprit (nous), le courage (thumos) et le désir (epithumia) où l'esprit entant que supérieur commande à l'inférieur le désir, Socrate voit dans la conception de Calliclès qui prônait une vieentièrement soumise à l'assouvissement de tous les désirs, une forme de domination inauthentique et inversée.

Ainsiêtre dominé par ses passions, ses désirs, c'est ne plus être libre (autrement dit commandé par l'esprit) mais êtreasservi à ses vils instincts.

Ce risque d'asservissement nécessite une maîtrise.Les stoïciens par exemple, ont développé une théorie pour échapper au désir.

Pour cela, l'homme doit exercer laseule liberté qui soit véritablement la sienne, la seule chose qui dépend vraiment de lui : l'exercice de son jugement.Sa rationalité doit faire pendant à la rationalité divine.

C'est grâce à elle qu'il peut mettre en œuvre une disciplinedes désirs et réduire tous ceux qui l'affolent, l'inquiètent.

Plus précisément, l'homme doit retrancher du désir tout cequi peut le mettre en échec et le rendre malheureux.

Or, cela exige de mettre à distance le monde et de pouvoirfaire la distinction entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas.

En effet, tout ce qui échappe à notrevolonté a trait plutôt avec le destin et il ne sert à rien de nous en inquiéter puisque de toute façons nous nepouvons pas œuvrer pour le changer.

Dès lors, désirer ce qui ne relève pas de notre pouvoir serait s'exposer à lasouffrance.De même, Epicura a effecuté une sorte de classification des désirs pour permettre à l'homme de comprendre ceuxauxquels ils pouvaient s'adonner sans danger et ceux qui comportaient un danger et un risque de dépendance.

Ilécrit dans la Lettre à Mécénée : « Il faut en troisième lieu comprendre que parmi les désirs, les uns sont naturels et les autres vains, et que parmi les désirs naturels, les uns sont nécessaires, et les autres seulement naturels.

Enfin,parmi les désirs nécessaires, les uns sont nécessaires au bonheur, les autres à la tranquillité du corps, et les autresà la vie elle-même.

Une théorie véridique des désirs sait rapporter les désirs et l'aversion à la santé du corps et àl'ataraxie de l'âme.

»- La maîtrise du désir passe donc par une discipline qui est une éducation du jugement.

Il nous faut en effetcongédier l'imagination qui donne plus de valeur à un objet qu'il n'en a réellement et nous donne une représentationfausse du bonheur comme richesse, honneur,… L'imagination nous fait prêter à l'objet des qualités qu'il n'a pas.

Il estdonc nécessaire de développer la raison qui seule, pourra nous éclairer véritablement sur l'objet du désir et orientenotre désir vers un but salutaire et à notre portée.

Elle promeut aussi une indifférence totale au reste de l'univers,au destin qui n'est pas entre nos mains.- Schopenhauer reprend la même voie qu'eux en traçant une route pour le salut de l'homme hors du désir.

Il nes'agit pas chez lui de maîtriser le désir mais de l'annihiler complètement.

Schopenhauer voit dans la négation de lavolonté la seule issue pour ne plus souffrir.

Cependant, sa théorie est très stricte et conduit l'homme hors del'existence même.

En effet, l'homme qui échappe au désir est un être proche des sages bouddhistes, qui prochesd'un état de nirvana, deviennent complètement insensibles au monde extérieur.

Il s'agit ici alors d'une formed'ascétisme.

Ce dernier est une discipline de vie, un ensemble d'exercices physiques et moraux pratiqués en vued'un perfectionnement spirituel.

Il est dans une certaine mesure fruit de l'absence de tout désir dès lors que le désirest toujours manque.

N'y a-t-il pas une autre solution que cette fermeture complète aux stimuli ?- De plus, le désir se différencie selon Kant de la passion, parce qu'il est simplement un penchant et non uneémotion dévorante qui dévaste tout.

L'énergie qui est liée au désir n'est pas trop grande sinon elle se transformaiten passion.Pourtant, pour pouvoir avoir une maîtrise des désirs, il faudrait que le désir soit réellement accessible à la raison.

Or,celui-ci n'est-il pas plutôt du côté de l'affectivité et de la volonté ?. »

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