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Le mal peut-il être voulu ?

Publié le 08/10/2011

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Cependant, le mal peut, paradoxalement, être érigé en valeur par la volonté, soit parce qu'il procure un plaisir immense à travers lequel nous pensons nous réaliser, soit parce qu'il est le seul moyen d'accomplir pleinement cette volonté en pratiquant sa liberté sans limite.  Dans Les confessions, Saint Augustin narre une anecdote de son enfance: le vol de poires avec des amis. Ce vol ne s'inscrit dans nulle indigence et nulle appétit particulier concernant ces fruits qui sont donnés au cochons. L'auteur en conclut que le mal commis à été commis pour soi, en vue de nulle autre chose que lui même. L'homme serait donc capable de vouloir le mal pour soi, qu'il identifie dès lors comme tel, sans le prendre ni pour un bien ni pour un moyen vectorisé par une fin juste.

« de dilemme, il reste préférable de subir l'injustice plutôt que de la commettre, Polos soumet l'anecdote du tyranArchélaos.

Cet homme né esclave, afin de se rendre libre et riche à commis les pires injustices contre les membresde sa famille pour parvenir à ses fins.

Pour répondre à cette tentative de réfutation, Socrate démontre quel'injustice, qui est une forme de mal, est nécessairement mauvaise pour celui qui la commet, c'est à dire qu'elle vacontre son intérêt, ce qui la rend indésirable.

Le raisonnement mené par Socrate est le suivant: puisque le beau estdéfinit par l'utilité ou par le plaisir et qu'inversement le vilain est mauvais ou procure un déplaisir, nécessairementl'injustice, qui est la plus vilaine des choses, est aussi la plus mauvaise (car aussi elle ne fait pas souffrir celui qui lacommet).

Puisqu'on ne peut vouloir ce qui est mauvais pour nous, il apparaît clairement qu'on ne peutconséquemment vouloir le mal, qui prend ici la forme de l'injustice.

L'homme qui agit mal est considéré comme unanimal, c'est à dire un être guidé par ses pulsions qui n'écoute pas sa raison mais l'âme appétitive qualifiée de« bête sauvage » et qui l'induit en erreur sur les vrais biens qui lui sont nécessaires de sorte qu'il agit mal encroyant faire le bien.

Il est impulsif et ne peut œuvrer à la réalisation des moyens de son bonheur, laquelle dépendde la volonté telle que nous l'avons définie plus haut.

Faire le mal, c'est donc n'écouter que ses pulsions et qui estun homme sain ne peut le vouloir.

Dans son poème Spleen 3, dans Les fleurs du mal, Baudelaire décrit l'ennui d'un roi« cruel » et injuste.

Il s'agit de montrer quels sont les effets de l'injustice et du mal sur celui qui les commet.

Le roi,qui possède absolument tout (« précepteurs », « bouffons », « dames d'atour », etc.) et qui domine le « peuplemourant en face du balcon », s'ennuie perpétuellement à cause des crimes qu'il à commis et qui ont déréglé son âmedont la maladie se lit sur son corps de « squelette », et qui ne s'occupe que d'oublier les méfaits passés.

Nousavons ici un bon exemple des méfaits de l'injustice et du mal pour celui qui les commet et qui s'en serait abstenu s'ilavait été instruits des vrais biens et usé de sa volonté pour les acquérir. Cependant, le mal peut, paradoxalement, être érigé en valeur par la volonté, soit parce qu'il procure un plaisirimmense à travers lequel nous pensons nous réaliser, soit parce qu'il est le seul moyen d'accomplir pleinement cettevolonté en pratiquant sa liberté sans limite.Dans Les confessions, Saint Augustin narre une anecdote de son enfance: le vol de poires avec des amis.

Ce vol nes'inscrit dans nulle indigence et nulle appétit particulier concernant ces fruits qui sont donnés au cochons.

L'auteuren conclut que le mal commis à été commis pour soi, en vue de nulle autre chose que lui même.

L'homme serait donccapable de vouloir le mal pour soi, qu'il identifie dès lors comme tel, sans le prendre ni pour un bien ni pour un moyenvectorisé par une fin juste.

Il peut donc mal agir sans être pour autant aveuglé par son désir et ainsi vouloir le malpurement et simplement, tirant du malheur causé et de la transgression des règles une véritable jouissance qui enfait tout l'intérêt et qui devient son but.

L'homme est mauvais à ce point qu'il se délecte de cette transgression etdu mal infligé à autrui, et si sa volonté peut l'élever, elle peut aussi être mauvaise car il est un pécheur.

Cette façonde faire le mal n'exclut pas les critères de la volonté: l'exemple du vol des poires montre des hommes qui agissent defaçon concertée, en connaissance de cause et sans aveuglement de la raison par la faim ou la gourmandise.

Le malcausé est leur seul but: commettre l'injustice réjouit.

La vertu n'est pas d'un critère déontologique, elle est endehors de l'homme qui pour y accéder doit faire tous les efforts et les sacrifices possibles en mesure de le soustraireà sa condition de pécheur.

Descartes, théorisera cette responsabilité de l'homme dans les mauvaises actions.

Dansla quatrième méditation, il affirme que l'erreur vient de ce que la volonté est plus ample que l'entendement et quel'homme ne sait pas la contenir dans le bornes souhaitables et de l'appliquer à des choses que nous n'entendonspas.

Car la « faculté humaine de connaitre » est « tout à fait étroite et finie », tandis que la « volonté, ou liberté dedécision,assez ample et parfaite (…) n'est circonscrite par aucunes bornes.

» (page 154 de l'édition Le livre dePoche).

C'est parce que l'homme veut connaître plus que son entendement ne le permet qu'il est porté chezDescartes à vouloir le mal, au contraire de la théorie platonicienne qui assimile connaissance totale et connaissancedu bien, de sorte que le vouloir étant par définition informé ne peut logiquement envisager le mal.

C'est la volontéd'égaliser Dieu dans la connaissance qui pousse Ève à commettre le péché originel.

Ainsi, l'intellectualisme socratiqueexplique la faute morale par l'erreur de jugement, alors que l'erreur elle même est une faute morale: l'individu esttoujours responsable du mal qu'il commet car il dispose d'un libre arbitre et d'une volonté démesurée.

Nul actehumain ne fait l'économie de sa volonté car il est propre à sa nature de rester libre de ses choix en toutescirconstances.

Cette vision pessimiste de l'homme héritée des religions monothéistes place en lui des déterminationsmauvaises une dualité de la volonté qui peut porter sur le bien comme le mal.

La délectation qu'on trouve à mal agirn'est pas qu'une déviance, elle est une donnée constitutive de l'homme et s'accompagne toujours de délibérations.Car le mal peut devenir une forme d'accomplissement personnel, l'assouvissement des pulsions peut être quelquechose de réglé et d'intentionnel (comme la vengeance préméditée et longuement préparée à l'encontred'Agamemnon par Clytemnestre).

Ainsi notamment du narrateur du poème Le mauvais vitrier, dans le Spleen deParis.

Nous avons accès à la conscience de celui qui agit mal en cassant les verres du vitrier qu'il accable dureproche de ne pas vendre des verres de couleurs pour « faire voir la vie en beau ».

Le narrateur, après une analysedu mal comme l'accomplissement d'un acte purement jouissif raconte l'anecdote du vitrier, auquel il fait violencesans aucuns motifs ni sous l'effet d'un aveuglement quelconque; mais avec préméditation et discernement(interpellation depuis le balcon, ordre de monter, délibération intérieure).

C'est le plaisir sadique et conscientd'imaginer le pauvre homme éreinté montant les escaliers puis de briser toutes les vitres d'un coup pour entendre lefracas et jouir profondément du mal commis qui motive la mauvaise action chez le narrateur.

La conclusioninterrogative du texte en confirme l'aspect totalement volontaire, informé et lucide: « Mais qu'importe l'éternité dela damnation à qui a trouvé dans une seconde l'infini de la jouissance? ».

Le mal est bel et bien considéré commeune fin en soi, un but absolu, il est érigé en valeur dominante par le narrateur malgré la conscience de la faute et dela punition qu'elle implique pour le coupable.

Ce qui compte au fond, c'est d'atteindre la jouissance absolue mêmepour un très court moment, c'est de réaliser ne serait ce qu'une fois son désir le plus profond et le plus essentiel.

Lenarrateur affirme d'ailleurs que le mal relève d'une sorte d'intrusion diabolique dans l'homme, qui est habité faitpreuve d'une réelle mauvaise volonté et fait délibérément le mal.

Dans tous les cas, que la mauvaise action semblelouée comme chez Baudelaire ou qu'elle soit reprochée à l'homme qui en assure la pleine responsabilité chez. »

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