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La maladie d'un être vivant est-elle comparable à la panne d'une machine ?

Publié le 10/03/2004

Extrait du document

« Lorsque les hirondelles viennent au printemps, elles agissent en cela comme des horloges. « Descartes, Lettre au Marquis de Newcastle, 1646.

« Mettez une machine de chien et une machine de chienne l'une auprès de l'autre, et il en pourra résulter une troisième petite machine, au lieu que deux montres seront auprès l'une de l'autre, toute leur vie, sans jamais faire une troisième montre. « Fontenelle, Lettres galantes, 1742.

« La pensée du vivant doit tenir du vivant l'idée du vivant. « Canguilhem, La Connaissance de la vie, 1952. « La vie est [...] la liberté s'insérant dans la nécessité et la tournant à son profit. « Bergson, L'Énergie spirituelle, 1919.

• La comparaison entre le vivant et la machine renvoie à l'opposition entre mécanisme et vitalisme (notamment à Descartes et à sa critique par Kant). Avant d'attaquer ce sujet, vérifier ses connaissances à ce propos !

• Recenser les éléments justifiant une comparaison.

• Vérifier l'analyse du mode de fonctionnement d'une machine.

  • I) On tombe malade comme une machine tombe en panne.

a) Le corps-machine chez DESCARTES. b) La maladie est un dysfonctionnement mécanique. c) Le médecin, un mécanicien.

  • II) La maladie n'est pas comparable à une panne.

a) Le corps se répare lui-même. b) La matière n'est pas vivante. c) Le corps s'adapte et se perpétue.

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« Le corps humain, comme le corps de l'animal, est une machine perfectionnéecréée par Dieu.

Bien qu'infiniment plus complexe que nos machines, sonfonctionnement se laisse expliquer de la même manière.

Les corps sontcomposés de nerfs et de muscles, comparables à des petits tuyaux, danslesquels circule une matière subtile : les esprits animaux.

Lorsque noustouchons un objet par exemple, nous en prenons une conscience tactile parl'effet de ces esprits animaux qui remontent jusqu'au cerveau par l'entremisedes nerfs, et viennent heurter la "glande pinéale", siège de l'âme.

Il en estainsi de tout le système sensorimoteur.

Si je veux me mouvoir, un grandnombre d'esprits animaux seront canalisés vers les muscles qui serontsollicités pour accomplir ce mouvement.

La lumière, les odeurs, les sons, lesgoûts, la chaleur se propagent jusqu'à notre esprit par l'intermédiaire de nosnerfs qui canalisent ces particules.

La faim, la soif, le sommeil, la veille, lerêve se produisent de la même manière : un déplacement d'esprits animaux àl'intérieur des canalisations de la machinerie complexe de notre corps.

Il existecependant une différence de mille entre un corps humain et un corps animal.Aucun animal n'use jamais de signes, ou d'un quelconque langage pourexprimer une pensée.

On peut concevoir un automate qui réponde par laparole à certains messages simples : crier si on le touche, ou prononcerquelques phrases simples, mais aucun automate ne sera jamais en mesured'agencer une parole qui réponde au sens de ce qu'on lui dit.

Enfin, si uncorps animal ou un automate peut accomplir un nombre limité de tâches,parfois même mieux que nous, il ne peut aller au-delà.

Ce qui montre qu'ils agissent par la disposition de leursorganes, et non par connaissance.

Ils sont dépourvus de pensée ou d'esprit.

Il n'y a que l'homme à disposer de cetinstrument universel qu'est la raison et qui lui sert en toute occurrence afin d'agir comme il convient.

Chaque organede la machinerie animale, tout au contraire, est spécialisé.

Il lui faudrait - ce qui est impossible - un nombre infinid'organes pour faire autant de choses que notre raison nous le permet. b) Le modèle mécanique de l'homme use d'un vocabulaire partagé par le corps et la machine.

Les mots de plomberiedes fontaines se retrouvent dans la circulation du sang, ceux réglant le souffle de l'orgue décrivent la respiration etla sensation effleurée, l'horloge avec sa perfection fait rêver d'un fonctionnement parfait de l'homme.

Actuellement,la rééducation des membres fracturés par des séances de kinésithérapie entretient cet univers commun deréparation, dans la salle utilisant poids et poulies en déplacements répétitifs. c) Et si Ambroise Paré remplace la main coupée par une prothèse mécanique, il crée une fiction.

On ne supplée pasau manque par un élément vivant.

A la place, on propose un appareil de substitution qui peut apporter satisfaction.En un sens, les greffes d'organes tiennent le rôle d'un élément remplacé comme on change une pièce défectueuse. III - Ce qui en éloigne a) La complexité de la main et son extrême habileté chez l'artisan ou l'artiste ne peut être rendue par la plus belledes prothèses.

Le tragique de l'être vivant est dans la fragilité du raffinement.

La résistance, la volonté d'agirénoncées par Cuvier comme caractères de la vie, rendent unique l'être vivant par la transformation qu'il impose àl'être entier.

Le cheval dressé ou le musicien, malades, perdent de leur performance due à l'apprentissage et à leuraptitude originale.b) La maladie touche un corps-mémoire.

La panne déséquilibre un système clos.

Les doigts de Jankélévitch, sonbrillant de pensée suivent l'évolution de son histoire et s'actualisent dans le présent.

Ils sont aussi projets dans lefutur.

La catastrophe écologique marque pour toujours des espèces animales et végétales.

Le temps est irréversible.c) On comprend alors le rôle des sciences humaines lorsqu'il s'agit pour l'homme d'assumer sa maladie.

Freudenracine dans le biologique les états psychologiques mais donne à la représentation le rôle d'interpréter l'événementvital.

L'horloge n'a pas d'état d'âme devant la panne.

Noureev se sachant malade, se presse de créer. Conclusion En un sens, l'être vivant a des automatismes et les dérèglements sont des pannes de l'organisme.

Mais quand ils'agit d'intégrer à l'existence la perturbation, la maladie réclame alors une modification de l'être entier, un échangede celui-ci avec l'environnement. « La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort.

» Bichat, Recherches physiologiques sur la vie et. »

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