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Malebranche et le malebranchisme

Publié le 22/12/2009

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malebranche

Né à Paris en 1638 Malebranche fut un médiocre élève aussi bien chez le professeur de philosophie aristotélicien du collège de la Marche que chez les théologiens de la Sorbonne. En 1660, il entre dans la Congrégation de l'Oratoire fondée en 1611 par Pierre de Berulle, depuis cardinal. Les pères de l'Oratoire avaient une prédilection pour saint Augustin ce qui avait pour effet de les détacher d'Aristote pour les ramener à Platon. Mais Malebranche n'a toujours pas pris conscience de ses dons intellectuels lorsqu'il est ordonné prêtre en 1664.  Une circonstance fortuite allait le révéler à lui-même. Le jeune prêtre de 26 ans passait un beau jour rue Saint-Jacques, quand un libraire lui présenta le Traité de l'Homme un inédit posthume de Descartes que Clerselier venait de publier. Fontenelle — dans son éloge de Malebranche nous raconte ce qui se passe à ce moment : « Malebranche ne connaissait Descartes que de nom et par quelques objections de ses cahiers de philosophie. Il se mit à feuilleter le livre et fut frappé comme d'une lumière qui en sortit toute nouvelle à ses yeux. Il acheta le livre, le lut avec empressement et ce qu'on aura peut-être peine à croire, avec un tel transport qu'il lui en prenait des battements de coeur qui l'obligeaient quelquefois d'interrompre sa lecture. «  Malebranche lit l'oeuvre entière de Descartes et après dix ans de méditations, il publie en 1674 le premier volume de sa Recherche de la vérité. Le second volume paraît en 1675, Les Méditations Chrétiennes en 1683, les Entretiens sur la Métaphysique en 1688, l'Entretien d'un philosophe Chrétien et d'un philosophe chinois en 1708.

  1. NICOLAS MALEBRANCHE : MEDITATIONS CHRETIENNES ET METAPHYSIQUES
  2. NICOLAS MALEBRANCHE : TRAITE DE L'AMOUR DE DIEU
  3. NICOLAS MALEBRANCHE : DE LA RECHERCHE DE LA VERITE
  4. NICOLAS MALEBRANCHE : TRAITE DE LA NATURE ET DE LA GRACE
  5. NICOLAS MALEBRANCHE : TRAITE DE LA MORALE
  6. NICOLAS MALEBRANCHE : ENTRETIENS SUR LA METAPHYSIQUE ET SUR LA RELIGION

malebranche

« ajoute Malebranche que j'ignore totalement toute la machinerie neuromusculaire si complexe qui entre en jeu lorsqueje fais le moindre mouvement ! Anti-cartésien parce qu'ultra cartésien Malebranche conclut hardiment : Puisqu'il n'ya pas d'idée plus obscure et plus confuse que cette soi-disant action de mon âme sur mon corps et de mon corpssur mon âme, eh bien, il nous faut admettre que l'âme n'est pas la cause des mouvements de mon corps, ni moncorps la cause des modifications de mon âme.

C'est Dieu et Dieu seul qui modifie mon âme à l'occasion desmouvements de mon corps, c'est Dieu et Dieu seul qui fait mouvoir mon corps à l'occasion des modifications de monâme !Mais quoi ! disent les adversaires de Malebranche.

Supposons que j'éprouve un vif attrait pour la femme de monmeilleur ami.

Est-ce Dieu qui à l'occasion de mon désir va accomplir l'adultère ? ? Si Dieu fait tout, il est doncl'auteur du péché !Voici la réponse de Malebranche.

Assurément c'est Dieu qui a déposé en moi l'élan invincible qui me pousse vers lebonheur parfait, vers le souverain Bien.

Mais ce bonheur parfait je ne le trouverai qu'en Dieu même.

Dans la querelledu quiétisme Malebranche prend parti contre les partisans de l'amour désintéressé qui soutiennent que l'amourvéritable de Dieu exclut l'amour de soi.

En fait, les deux se confondent puisqu'il me faut trouver Dieu, pout êtrevraiment heureux, pour m'accomplir pleinement ; Dieu ne me demande pas de me haïr moi-même mais par un amourlégitime de moi-même « lorsque j'en use bien, au lieu de me plaire à moi-même comme le sage des stoïciens, je necherche que Lui, je ne tends qu'à Lui ».

Ainsi comme l'avaient déjà vu saint Augustin et saint Thomas, devant lesbiens médiocres de ce monde, « j'ai du mouvement pour aller plus loin » je suis libre de dépasser les tentationsméprisables pour chercher un bonheur plus substantiel.

Voilà la source de la liberté, voilà aussi la possibilité depécher.

Car je peux fixer sur un objet fini ce désir de bonheur que Dieu a mis en moi et que seul il peut assouvir.

jepeux laisser s'enliser dans des biens finis et des amours sordides ce désir d'un bonheur absolu et d'un amour parfaitqui me possède.

Tandis que la vertu remet chaque chose à sa place dans «l'ordre des perfections», proportionnel'intensité de notre amour à la valeur réelle des créatures, le péché sacrifie à des biens médiocres de plus grandsbiens.

C'est un dérèglement qui trahit l'ordre immuable ; le pécheur pourtant, formellement coupable de sonintention, n'agit pas réellement, n'agit pas physiquement puisque son péché consiste bien plus à ne pas faire qu'àfaire, à arrêter l'élan d'amour sur un objet indigne.

Dieu seul agit et le pécheur n'agit plus, ne consent plus à l'élandivin.

Le « non » du péché n'est pas — physiquement — une action.

Le péché est un néant, un défaut d'amour.Admettons que Dieu soit innocent du péché.

Il reste le mal physique, il reste les tremblements de terre, lesinondations et les maladies.

Comment un Dieu bon peut-il admettre tout cela ? La vérité est que Dieu, selonMalebranche veut tout à la fois la perfection de son oeuvre et la perfection de sa méthode — qui réside dansl'élégante simplicité de ses Voies.

Dieu qui vise plus sa propre gloire que notre commodité ne saurait sacrifierl'élégance de sa méthode à la perfection de son oeuvre.

Il agit donc par volontés générales et les accidents de sacréation sont la conséquence inéluctable de la généralité des voies.

La pluie est une excellente chose pour fairepousser les plantes, maintenir le débit des fleuves, etc.

et Dieu en règle les chutes par d'admirables loismétéorologiques.

Cependant, sans même parler des inondations, ceci ne va pas sans inconvénients.

Pourquoi pleut-il— pour parler comme Homère — sur l'étendue stérile de la mer sans moissons ? Et pourquoi pleut-il dans les rues —ce qui risque de me donner une pneumonie ( à cause des lois physiologiques) et de vouer mes enfants à la tristecondition des orphelins ? C'est une conséquence des lois générales.

Ainsi, dit Malebranche (l'exemple est de lui) j'aide mon côté le droit de prendre un parapluie, de me couvrir chaudement, de faire en bon cartésien progressertoutes les techniques sans offenser le moins du monde la divine providence.Il reste à se demander comment un théologien aussi hardiment rationaliste s'accommode du contenu de la foi.

Lesvérités de la foi ne s'enchaînent pas comme des théorèmes mathématiques.

Dans ce domaine la contingence etl'histoire — (notions exclues de la rationalité mathématique) reprennent la place première.Dans l'ordre des vérités révélées chaque « proposition » ne dépend pas logiquement de la précédente.

La création —puis la chute — puis la rédemption sont des actes libres qui se succèdent dans le temps.

Qu'en pense le R.

P.Malebranche ?Influencé par Descartes on pourrait croire que Malebranche se contente de distinguer radicalement les deuxdomaines: dans le domaine de la foi c'est l'autorité de la révélation qui triomphe, dans le domaine de la philosophiec'est la puissance de la raison.Toutefois Malebranche a une trop grande confiance dans la Raison pour s'en tenir là « c'est, dit-il la même sagessequi parle immédiatement par elle-même à ceux qui découvrent la vérité dans l'évidence des raisonnements et quiparle par les Saintes Écritures à ceux qui en prennent bien le sens ».Ainsi Malebranche se servira-t-il de la Révélation pour rendre compte de certains faits d'expérience en eux-mêmespeu intelligibles.

Par exemple comment se peut-il que l'esprit en soi plus estimable que le corps puisse être assujettiau corps au point d'en avoir toutes ses pensées troublées ? En fait ce monstrueux asservissement de l'esprit à lachair s'explique théologiquement très clairement par les conséquences du péché originel.De plus Malebranche n'hésite pas à dire que la foi est une forme inférieure et provisoire de la connaissance.

Quandnous serons au Ciel nous comprendrons ce qu'aujourd'hui nous pouvons seulement croire « La foi passera,l'intelligence demeurera éternellement ».

C'est pour se faire comprendre des hommes aveuglés par le péché, asservisau sensible que Dieu leur parle le langage peu rationnel de la Révélation : « Le fils de Dieu qui est la sagesse duPère, ou la vérité éternelle, s'est fait homme et s'est rendu sensible pour se faire connaître aux hommes charnels etgrossiers.

Il les a voulu instruire par ce qui les aveuglait.

Il les a voulu porter à son amour et les détacher des bienssensibles par les mêmes choses qui les captivaient.

Agissant avec des fous il s'est servi d'une espèce de folie pourles rendre sages.

Ainsi les gens de bien et ceux qui ont le plus de foi n'ont pas toujours le plus d'intelligence.

Ilspeuvent connaître Dieu par la foi et l'aimer par le secours de la grâce sans savoir qu'il est leur tout de la manièredont le philosophe peut l'entendre et sans penser que l'intelligence abstraite de la Vérité soit une espèce d'Unionavec lui » (Recherche livre V, Chap.

V).

De telles déclarations sont grosses d'un avenir redoutable.

Malebranche qui,notons-le, a été à l'Oratoire le disciple et le camarade de Richard Simon — le premier exégète scientifique dansl'histoire du catholicisme — en a mieux retenu les leçons qu'il ne le pense lui-même.. »

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