Marie Ire

Reine de Portugal. Fille de Joseph Ier et de Mariana Vitoria de Bourbon, née à Lisbonne le 17 décembre 1734, décédée à Rio de Janeiro le 20 mars 1816. Princesse de Beira, mariée le 6 juillet 1760 à son oncle paternel, l'infant Pedro, devenu prince du Brésil; à la mort de son père, le 24 février 1777, elle lui succéda sur le trône. Le premier acte de la nouvelle souveraine fut d'accepter la démission du marquis de Pombal, ministre et grand favori du roi, qui fut jugé et condamné. Suivant les instructions de son père, la reine ouvrit aussitôt les prisons d'Etat. Elle donna l'ordre de subventionner plus de mille ex-Jésuites portugais, expulsés par Pombal, qui vivaient très péniblement dans les Etats pontificaux. La situation du trésor public, laissé presque vide par Pombal, était déplorable. La nouvelle administration réussit à l'améliorer, de même que l'économie, l'armée, la marine et l'administration d'outre-mer. Des questions de frontières au Brésil se posèrent avec l'Espagne, mais les Traités de San Ildefonso (1er octobre 1777) et du Pardo (11 mars 1778) mirent fin au litige, par la cession par le Portugal des îles de Fernando Po et Ano Bom en Afrique, et de la Colonia do Sacramento en Amérique du Sud. Le Portugal obtint la partie méridionale du Brésil, revendiquée par l'Espagne. L'enseignement public primaire, et surtout secondaire, se reconstitua peu à peu. Pour la promotion des sciences et des lettres furent fondées l'Académie des sciences et la Bibliothèque Nationale de Lisbonne. Pour l'assistance sociale, on doit à Marie la fondation de la Casa Pia et d'autres institutions. En accomplissement d'un voeu, pour obtenir la succession royale, la reine fit bâtir à Lisbonne la magnifique basilique de Estrela, la première grande église dédiée dans le monde au Sacré-Coeur. Dame de grande noblesse et imposante figure, Marie Ire conciliait admirablement la distinction et la bonté avec les humbles. A la fin de 1791 apparurent de premiers indices d'une perturbation mentale qui, à bref délai, se révéla incurable. Elle fut mise à l'écart des affaires de l'Etat qui furent prises en main par son fils Jean, devenu officiellement régent en 1799. Les grands événements des guerres du Roussillon (1793-1795) et de l'Espagne (1801), ainsi que les invasions françaises au temps de Napoléon, concernent donc en fait le gouvernement de son fils, le roi Jean VI. Embarquée avec la famille royale pour Rio de Janeiro, avant l'arrivée des troupes de Junot à Lisbonne (27 novembre 1807), elle y décéda le 20 mars 1816. Son cercueil fut ramené, en 1821, pour être déposé à Lisbonne, dans son tombeau, près du maître-autel de la basilique du Sacré-Coeur.