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Marx et Engels: La conscience est-elle le produit de la société ?

Publié le 12/03/2005

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La production des idées, des représentations et de la conscience est d'abord directement et intimement mêlée à l'activité matérielle et au commerce matériel des hommes, elle est le langage de la vie réelle. Les représentations, la pensée, le commerce intellectuel des hommes apparaissent ici encore comme l'émanation directe de leur comportement matériel. Il en va de même de la production intellectuelle telle qu'elle se présente dans la langue de la politique, celle des lois, de la morale, de la religion, de la métaphysique, etc. de tout un peuple. Ce sont les hommes qui sont les producteurs de leurs représentations, de leurs idées, etc., mais les hommes réels, agissants, tels qu'ils sont conditionnés par un développement déterminé de leurs forces productives et du mode de relations qui y correspond, y compris les formes les plus larges que celles-ci peuvent prendre. La conscience ne peut jamais être autre chose que l'Être conscient et l'Être des hommes est leur processus de vie réel. Et si, dans toute l'idéologie, les hommes et leurs rapports nous apparaissent placés la tête en bas comme dans une camera oscura [chambre noire], ce phénomène découle de leur processus de vie historique, absolument comme le renversement des objets sur la rétine découle de son processus de vie directement physique. A l'encontre de la philosophie allemande qui descend du ciel sur la terre, c'est de la terre au ciel que l'on monte ici. Autrement dit, on ne part pas de ce que les hommes disent, s'imaginent, se représentent, ni non plus de ce qu'ils sont dans les paroles, la pensée, l'imagination et la représentation d'autrui, pour aboutir ensuite aux hommes en chair et en os ; non, on part des hommes dans leur activité réelle, c'est à partir de leur processus de vie réel que l'on représente aussi le développement des reflets et des échos idéologiques de ce processus vital. Et même les fantasmagories dans le cerveau humain sont des sublimations résultant nécessairement du processus de leur vie matérielle que l'on peut constater empiriquement et qui est lié à des présuppositions matérielles. De ce fait, la morale, la religion, la métaphysique et tout le reste de l'idéologie, ainsi que les formes de conscience qui leur correspondent, perdent aussitôt toute apparence d'autonomie. Elles n'ont pas d'histoire, elles n'ont pas de développement ; ce sont au contraire les hommes qui, en développant leur production matérielle et leurs rapports matériels, transforment, avec cette réalité qui leur est propre, et leur pensée et les produits de leur pensée. Ce n'est pas la conscience qui détermine la vie, mais la vie qui détermine la conscience.
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« cette inversion dans les rapports de cause à effet.

L'idéologie est le système d'interprétation sociale que l'individuhumain croit penser par sa propre conscience alors qu'il est déterminé par les forces de production matérielles.

Toutle problème réside dans le fait que la philosophie allemande méconnaît nécessairement ce déterminisme par laprimauté qu'elle accorde à la conscience.

Ainsi elle ne fait que conforter la conscience naïve dans sonassujettissement il s'agit alors pour Marx de renverser une conscience renversée afin de la remettre à l'endroit.

Sacritique s'opère en deux moments : tout d'abord, de « à l'encontre de » « processus vital », , Marx définit sapropre méthode d'explication en opposition à celle de la philosophie allemande, puis de « et même lesfantasmagories » à la fin, il déduit les conséquences de sa méthode en invalidant l'autonomie des domaines propresà la conscience intellectuelle. I le renversement de la méthode _ Marx commence à définir sa méthode d'explication du monde par opposition à celle de a philosophie allemande enemployant une métaphore à double mouvement : descendant et ascendant.

La philosophie allemande qu'on peutqualifier d'idéaliste, c'est-à-dire affirmant le primat de la conscience sur les phénomènes matériels, opère selon Marxun mouvement « qui descend du ciel sur la terre ».

Qu'est-ce à dire ? Les jeunes hégéliens qui sont visés icipensaient que la terre, c'est-à-dire les hommes et les rapports sociaux qu'entretiennent les hommes entre euxprocédaient des idées et des représentations abstraites de la conscience, et notamment des préjugés religieux « leciel« .

Aussi il suffisait selon eux de se livrer à la critique des produits de la conscience, pour libérer les hommes etexpliquer la société politique des individus.

Or Marx s‘oppose radicalement à cette méthode« on ne part pas de ceque les hommes disent, s'imaginent, se représentent, ni non plus ce qu'ils sont dans les paroles, la pensée,l'imagination et la représentation d'autrui, pour aboutir ensuite aux individus en chair et en os » .

Il y a en effet fortà parier que si l'on commencent par les généralité des idées, on ne parvienne à rendre compte des individus réels. _Les individus réels en chair et en os sont la réalité empirique première, celle dont on ne peut pas ne pas partir sil'on veut comprendre la politique.

Par conséquent Marx propose un mouvement exactement inverse à celui de laphilosophie allemande en prenant pour point de départ ce qui était pour elle un point d'aboutissement « non onpart des hommes dans leur activité réelle ».

Quelle est cette activité réelle ? L'activité réelle est le travail par lequelles hommes se mettent à produire leurs moyens d'existence : en produisant leurs moyens d'existence les hommesproduisent indirectement leur vie matérielle elle-même.

On comprend alors pourquoi Marx parle d'activité réelle paropposition à l'imagination idéaliste.

« c'est à partir de leur processus de vie réel que l'on représente aussi ledéveloppement des reflets et des échos idéologiques de ce processus vital ».

Par les conditions matérielles deproduction, on n'explique pas seulement ce que sont les individus mais aussi ce qu'ils pensent .

En effet laproduction des idées et des représentations de la conscience est un écho, un reflet de l‘activité matérielle deshommes qu‘est le travail. II Invalidation de l'autonomie pour tout le domaine de la conscience _ Marx radicalise sa méthode en expliquant non seulement ce que sont les hommes, mais ce qu'ils pensent.

Laconscience de l'individu en chair et en os peut être décrite comme manipulée de l'extérieur dans ses activités deconnaissance par des forces socio-économiques qu'elle ne contrôle pas et qui conditionnent ses productionsmentales.

En effet l'individu humain n'exerce pas son activité de connaître d'une façon absolue comme il le croit,mais se trouve déterminée par des rapports de production.

Ainsi la conscience faussée croit être l'auteur des idéeset des valeurs qu'elle imagine se donner à elle-même alors que ce n'est pas le cas puisque même ses rêves « lesfantasmagories dans le cerveau humain sont des sublimations résultat nécessairement du processus de leur viematérielle que l'on peut constater empiriquement et qui est lié à des présuppositions matérielles.

» Si même les rêvesrésultent des rapports de production, on peut alors affirmer que la méthode de max est un réductionnismematérialiste, c'est-à-dire qu'elle cherche à réduire les idées et tout ce qui émane du domaine de la conscience à deseffets émanant des rapports de productions.

La conscience faussé qui émane des rapports de production est alorsune conscience de classe.

Toute société se trouve en effet traversée par une lutte des classes, c'est à dire unconflit opposant la classe qui possède les moyens de production et celle qui dépend de la classe possédante,contrainte de se soumettre à cette première afin d'obtenir la subsistance sous la forme du salariat en économiecapitaliste.

Ainsi à la situation d'un individu dans une classe correspond une forme de conscience déterminée par lesintérêts de cette classe.

Or comme la classe dominante conquiert les consciences par le contrôle de grandesinstitutions étatiques comme l'école, la conscience de classe des prolétaires est alors doublement faussée : toutd'abord elle est faussée par sa propre perspective de classe, mais elle l'est également parce qu'elle reçoit l'idéologiede la classe dominante. _ A partir de sa méthode réductionniste et matérialiste, Marx peut alors invalider l'autonomie de la conscience et deses produits, thèse soutenue par les tenants de la philosophie allemande.

L'autonomie désigne le pouvoir de sedonner à soi-même sa loi.

Ainsi pour être autonome, une réalité doit au minimum ne pas dépendre d'autre chosequ'elle-même, et surtout ne pas pouvoir être réductible à autre chose qu'elle-même.

Or ce n'est pas le cas pour ledomaine de l'idéologie : « la morale, la religion, la métaphysique et tout le reste de l'idéologie, ainsi que les formesde conscience qui leur correspondent, perdent aussitôt toute apparence d'autonomie ».

En effet s'il est possible deréduire aux productions de vie matérielle ce qui se présentaient comme des réalités spirituelles par elles-mêmesémanant de la pensée, alors il faut renoncer à l'autonomie de toute conscience.

Une des preuves de cette absenced'autonomie est l'impossibilité d'expliquer la modification historique de ces entités par elles-mêmes :« elles n'ont pasd'histoire, elles n'ont pas de développement ».

Il ne faut pas comprendre que la morale ou la religion seraient desréalités anhistoriques, ce qui semble évidemment contradictoire avec la réalité, mais seulement que la morale comme. »

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