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La matière suffit-elle à tout expliquer ?

Publié le 17/11/2004

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L'opération critique effectuée ici par Marx consiste à redéfinir la réalité humaine. Il s'agit de rejeter la thèse de l'existence d'une nature humaine et de lui substituer l'analyse d'une réalité sociale complexe et structurée, où les hommes édifient historiquement leur individualité en « produisant leurs conditions d'existence «.Il s'agit donc de récuser une vue abstraite et éloignée du réel pour s'attacher à ce que sont les hommes concrets et leur évolution historique.La sixième thèse énonce que « L'essence humaine n'est pas une abstraction inhérente à l'individu pris à part, dans sa réalité, c'est l'ensemble des rapports sociaux. « Il ne s'agit aucunement, contrairement à ce que maintes lectures hâtives ou prévenues affirment, de réduire l'individu aux rapports sociaux, mais d'affirmer que l'essence humaine n'a pas la forme du sujet pensé par la psychologie.Autrement dit, que la clé de la compréhension de la personnalité concrète ne se trouve pas dans la conscience individuelle. Mais, à l'inverse, celle-ci ne se détermine singulièrement que dans le cadre de rapports sociaux qui lui préexistent et qui constituent de ce fait ses « présuppositions réelles «, base de sa formation effective et point de départ de son intelligence véritable.On ne peut donc pas comprendre l'individu en l'isolant de la société dans laquelle il s'insère, travaille, etc. Il faut au contraire, pour saisir l'individu dans sa singularité, ne pas prendre pour base les illusions qu'il peut se faire sur lui-même, en ce sens qu'il est victime des préjugés de son temps et que « les idées dominantes sont les idées de la classe dominante «.Par suite, l'activité individuelle est essentiellement, constitutivement, sociale et ne peut en aucun cas être réduite à l'ensemble des perceptions sensibles de l'individu isolé et des représentations qui en dérivent : « La véritable richesse des individus réside dans la richesse de leurs rapports réels.

« qui en dépend.

[…] Entrons dans quelque détail de ces ressorts de la Machine humaine.

Tous les mouvemens vitaux,animaux, naturels, & automatiques se font par leur action.

N'est-ce pas machinalement que le corps se retire,frappé de terreur à l'aspece d'un précipice inattendu? que les paupières se baissent à la menace d'un coup, commeon l'a dit? que la Pupille s'érrécit au grand jour pour conserver la Rétine, & s'élargit pour voir les objets dansl'obscurité? N'est-ce pas machinalement que les pores de la peau se ferment en Hyver, pour que le froid ne pénètrepas l'intérieur des vaisseaux? que l'estomac se soulève, irrité par le poison, par une certaine quantité d'Opium, partous les Emétiques &c.? que le Cœur, les Artères, les Muscles se contractent pendant le sommeil, comme pendant laveille? que le Poumon fait l'office d'un souflet continuellement exercé? N'est-ce pas machinalement qu'agissent tousles Sphincters de la Vessie, du Rectum &c.? que le Cœur a une contraction plus forte que tout autre muscle? queles muscles érecteurs font dresser La Verge dans l'Homme, comme dans les Animaux qui s'en battent le ventre; &même dans l'enfant, capable d'érection, pour peu que cette partie soit irritée ? Ce qui prouve, pour le dire enpassant, qu'il est un ressort singulier dans ce membre, encore peu connu, & qui produit des effets qu'on n'a pointencore bien expliqués, malgré toutes les lumières de l'Anatomie ». Transition : Ainsi la matière permet de saisir l'ensemble des comportements et des actions de l'hommes et de l'ensemble desautres vivants.

La matière à elle peut donc tout expliquer.

Pourtant, n'est-ce pas manquer l'essentiel de la vie del'esprit ou réduire l'homme à une machine justement ? II – L'échec du « tout matière » a) Or comme le dit Aristote en Métaphysique A, 3 : La matière est un principe insuffisant.

Elle ne suffit pas à expliquer la nature des choses.

Le caractère d'individu se trouve bien plutôt au travers du Sujet substrat(hupokeimenôn) qui signifie au sens étymologique ce qui est placé dessous.

C'est le sujet auquel des attributs sontassignés, c'est aussi la forme sous jacente, la substance (matière + forme) sous jacente.

Hupokeimenon, dans lesécrits logiques, c'est le sujet & dans les écrits physiques, c'est le substrat et cela correspond en effet à lasubstance première : « l'essence première qui dans les termes mêmes d'Aristote ‘faits substrat de tout le reste' està la fois selon la liaison qu'opère la prédication, substrat de ses déterminations physiques et sujet de sesprédicats ». En effet, la matière par elle-même ne peut pas tout expliquer dans la mesure où elle est un principe informe.

De l'âme : 412a10 : « la matière est puissance, alors que la forme est réalisation » 412a20 : « Il faut donc nécessairement que l'âme soit substance comme forme d'un corps naturel qui a potentiellement la vie.

Or cettesubstance est réalisation.

Donc, elle est réalisation d'un tel corps.

» Elle a besoin d'une forme qui lui serve de cadreet celle-ci n'est rien de moins que la substance qui est donc l'âme : un principe immatériel relevant de ce que l'onappelle l'esprit.

C'est bien par ailleurs ce que mettait déjà en exergue Platon dans le Phédon dans sa critique de matérialisme d'Anaxagore.

La réalité n'est pas un simple agencement mécanique d'éléments matériels.

Le corps nepeut pas tout expliquer ni tous les enchaînements de la nature.

En effet, il y a une place nécessaire à rendre à lavolonté et la liberté.

En ce sens, il serait réducteur de faire de l'ensemble de la nature un ensemble de rouages. b) Même l'ensemble de nos comportements bien que soumis en partie à des déterminismes d'ordre psychologique nepeuvent être réduits à une explication matérielle.

C'est ce que montre Merleau-Ponty dans la Structure du comportement .

Le fonctionnement du corps n'est pas un mécanisme aveugle, une mosaïque de séquences causales indépendantes ; il forme un tout qui reçoit des excitations et y répond de façon coordonnée.

Tous les réflexes sontsolidaires les uns avec les autres, ils ne sont point séparés les uns des autres et n'agissant qu'à cause d'une seuleet même et identique excitation.

En somme notre corps ou plutôt notre organisme, s'il peut être considéré commeune machine ; cette dernière n'est pas stupide et n'est pas un fait complexe d'automatismes mais plutôt unemachine intelligente qui répond de façon la plus appropriée à la situation (l'excitation) donnée.

Il y a une adaptationde mon corps à chaque nouvelle excitation.

Et en lisant les citations suivantes : nous en apprenons un peu plus surle fonctionnement de notre corps au niveau de nos réaction comme le fait que l'excitation est déjà une premièreréponse de notre corps face à une certaine chose.

De plus, certaines parties nerveuses peuvent être inhibée parnotre propre organisme par exemple ne plus ressentir de douleur.

Ainsi il apparaît que le système peut faire des choixentre les différents trajets possibles qu'à une excitation de propager.

Le corps (l'organisme) s'adapte, même à lamaladie et va même jusqu'à se réorganiser comme le montre l'exemple du mal voyant.

Le corps n'est pas unmécanisme fermé sur soi, sur lequel l'âme pourrait agir du dehors.

Le corps en général est un ensemble de pouvoirs. c) Néanmoins, il faut bien reconnaître aussi que ce dualisme cartésien n'est pas non plus apte à rendre compte del'ensemble des phénomènes et c'est bien en ce sens que l'on peut comprendre cette citation de Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra : « il y a plus de raison dans ton corps que dans ta meilleure sagesse ».

Le corps ici est le symbole de la matière tandis que la sagesse est celui de l'esprit.

Le problème repose donc sur la remise enperspective du dualisme.

I l faut voir la double signification du terme de raison qui est à la fois cette faculté mais aussi la cause : la raison des chose.

Si l'on s'en tient directement à la dernière signification, on peut dire que lecorps renferme plus de moyens de décision ou plus exactement qu'il nous détermine plus largement que les maximesde notre sagesse.

Autrement dit, nos agissements sont largement plus déterminés par notre corps que par notresagesse.

En d'autres termes, on peut dire que la matière serait l'un des principaux facteurs d'explication del'organisation du monde extérieur.

Il est l'expression de la vitalité de l'homme. Transition :. »

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