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Maurice Scève: Le front

Publié le 22/02/2012

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Front large et haut, front patent et ouvert,  Plat et uni, des beaux cheveux couvert :  Front qui est clair et serein firmament  Du petit monde, et par son mouvement  Est gouverné le demeurant du corps :  Et à son vueil sont les membres concors :  Lequel je vois être troublé par nues,  Multipliant ses rides très-menues,  Et du côté qui se présente à l’oeil  Semble que là se lève le soleil.  Front élevé sur cette sphère ronde,  Où tout engin et tout savoir abonde.  Front révéré, Front qui le corps surmonte  Comme celui qui ne craint rien, fors honte.  Front apparent, afin qu'on pût mieux lire  Les lois qu'amour voulut en lui écrire,  Ô front, tu es une table d'attente  Où ma vie est, et ma mort très-patente!  Maurice Scève, 1536. 

Né à Lyon en 1500, Maurice Scève appartenait à une famille bourgeoise dont on ne connait que peu de choses tout comme le récit de sa propre vie qui nous est parvenu de manière fragmentaire. On sait cependant qu'il s'épanouissait dans les cercles cultivés de Lyon et que ce dernier débute sa carrière littéraire grâce à la traduction dans les années 1535-36 de Flamete de Juan de Flores, auteur espagnol qui devient une fois traduit La Déplorable Fin de Flamete. Mais son talent est véritablement reconnu lors d'un concours lancé par Marot où il compose cinq blasons (rappelons ce qu'est un blason : forme qui apparait au milieu de XVe et qui est un court poème célébrant une partie de l'anatomie féminine) : " la larme ", " le front ", " la gorge "," le soupir " ainsi que " le sourcil " qui lui vaudra la palme décernée par la duchesse de Ferare. A cette époque une autre occasion lui est offerte de montrer son génie avec le tombeau collectif du dauphin, fils de François Ier, en 1536 pour lequel Scève écris notamment deux très beaux poèmes en latin ainsi qu'une églogue s'intitulant Arion.

« poète veut par tous les moyens nous en dévoiler l'importance, car le reste du corps est comparé à "un petit monde "alors que, souvenons nous au vers 1, le front est désigné comme "large et haut, [...] patent ".

Par là, on peutcomprendre que tout ce qui ne concerne pas l'amour est petit car c'est un sentiment considéré comme noble.

Auvers 6, sa suprématie est même signaler avec "à son veuil " comme si le front représentant l'amour avait uneautorité incontestable et qu'il incarnait la loi.

C'est donc un front, un amour omniprésent et tout puissant que nousprésente le poète.

Sa description est simple et claire tout comme apparait la relation entre le front et les membresdu corps c'est-à dire entre l'être qui aime et l'être aimé puisque d'après les mots, "son mouvement " seul suffit àdiriger ses sujets, de construire un empire à partir de l'être aimé.

Le poète dans ces premiers vers nous proposedonc une définition de l'amour à travers un portrait du front ; une définition claire rendant le sentiment amoureuxcomme simple et facile.

Seulement dans ce premier mouvement, le poète opère un basculement car il transporte sonlecteur d'une description physique donc visuelle du front pour chercher ce qu'il cache, à savoir son réelfonctionnement, ce qu'est le sentiment amoureux derrière cette façade simpliste.Dans le second mouvement, la figure du poète apparait alors qu'elle était effacée dans les premiers vers : "je voisêtre troublé ".

Nous avons l'impression qu'il est en ce moment en train d'observer ce front désigné par le relatif"lequel " ici, et qu'il nous donne ses remarques en temps réel.

En effet, cette hypothèse se confirme à l'aide du verssuivant : le poète est-il peut être en train de décrire ce qu'il vit ou a vécu.

Nous remarquons que le verbe du vers 7est à la tournure passive : "je vois être troublé " et par conséquent cette fois-ci, c'est le front c'est-à-dire l'amourqui subit tandis que jusqu'à présent, il était en position de domination.

Ce dernier est "troublé ", il n'est plus maitrede lui, tout comme l'est le sentiment amoureux, souvent caractérisé comme instable.

Pourtant le phénomène estpeu décrit, et le résultat est moindre par rapport au trouble puisque cela à pour conséquence l'apparition de "ridestrès menues ".

Notons ici qu'il y a une formule hyperbolique avec l'adjectif "très " alors que le terme "menues "signifie déjà l'idée de petitesse.

Par cela, il nous montre que les premiers mouvements du c½ur sont imperceptibles,qu'il faut être attentif pour s'en apercevoir.

Malgré que ce sentiment apparaisse comme innocent, il faut savoir voirsa seconde facette.

On peut penser à un clin d'½il,ici , dans le sens où les poètes sont des personnes qui ont lesens de l'observation et que leur vocation est de montrer aux hommes ce qu'ils ne voient pas.

C'est exactement cequ'il fait en écrivant ce poème, il met en garde l'homme de l'amour et de ses conséquences que l'on imagine pastoujours.

Ensuite, il semble que dans les vers 7 et 8, le poète souhaite nous montrer que cette partie du corps estvivante et réactive, tout comme l'est un sentiment, qu'il soit amoureux ou non, celui ci peut évoluer, changer avecle temps.

Ensuite, dans les vers 9 et 10, il nous semble que Scève glisse vers la partie inférieure du front puisque lespetites rides dont il nous a parler se forme normalement sur la partie supérieure.

Avec ce mouvement de haut versle bas, on pourrait croire que le poète décrit une personne à part entière car nous constatons que la plupart desdescriptions faites dans les romans suivent ce mouvement.

On pourrait interpréter cela par le fait que ces "rides trèsmenues " aussi petites soient elles, sont présentes sur l'ensemble du corps, ce dernier ressent dans son entier cesentiment.

L'amour ne ménagerait pas l'homme qui s'en éprant.

Par la suite, au vers 11, une hypothèse est soulevéeavec le verbe "semble " montrant que le poète n'est pas si sûr de lui et qu'il n'a pas de preuves réelles de ce dont ilparle, nous soulignant le fait que nous connaissons mal ce sentiment.

Si nous continuons dans ce même vers, onnote l'adverbe de lieu "là " donnant l'impression d'être dans un lieu, que nous sommes avec le poète en train de ledécouvrir, d'explorer cet endroit qui représente l'amour qui nous est inconnu.

Puis, la fin du vers nous offre l'imagedu levé du soleil, comme s'il voulait nous amener à comprendre que là s'éveillait quelque chose de majeur car le leverdu soleil permet la survie de l'espèce humaine avec sa chaleur.

Il est possible que Scève ici insinue que ce quecache le front, l'endroit secret et mystérieux dont il veut nous parler est de même tout aussi essentiel pour notrevie.

Par ce passage, nous comprenons qu'il sait combien l'homme a besoin de cet amour, qu'il nous est vital.

Dans cesecond mouvement, le poète transporte son lecteur de la face visible du front a un lieu caché, secret et obscurentouré de mystères.

Il creuse le chemin qu'il a commencé dans le premier mouvement et ainsi autorise au lecteurde pénétrer avec lui dans un monde inconnu, de percer les énigmes avec lui.

Seulement, nous allons constater quele poète peine à continuer ce qu'il a entreprit.Le troisième et dernier mouvement s'ouvre sur une comparaison de la tête dans son entier avec une représentationde la Terre : "cette sphère ronde " (vers 11) donc ici la comparaison avec l'image d'un nouveau monde, d'un universcontinue.

De même que la personnification continue aussi puisqu'il est présenté comme étant "élevé ", c'est-à-direqu'il est difficilement atteignable.

Cela est en parfaite contradiction avec ce que le poète écrivait au vers 1 car lefront était alors "patent " c'est-à-dire accessible.

Cela voudrait dire qu'en aspect, il l'est surement, mais qu'au fur età mesure que l'on avance et que l'on découvre le lieu, il se révèle inabordable ou du moins abordable mais non sansdifficultés.

Le sentiment amoureux est peint comme étant facile à ressentir mais difficile d'accès, complexe àcomprendre.

Si nous poursuivons, le vers 12 débute avec un adverbe de lieu : "où ", nous rattachant toujours àl'hypothèse d'être en un lieu.

Il nous semble même que ce vers 11 se révèle important car il affirme et répond à unepartie de ses suppositions avec : "tout engin et tout savoir abonde ", néanmoins ce n'est pas pour autant qu'il nousen livre les secrets.

Nous pouvons comprendre dans ce vers, que le poète sait ce qu'est ce sentiment, seulement ilne parvient pas à l'expliquer.

En réalité, il connait cette sensation mais uniquement en parti, il cherche à lacomprendre plus encore.

Ce poète s'inspire donc de ses propres ressentis.

Le vers 13 commence également demanière anaphorique : "front révéré ", et l'adjectif qui s'y rattache montre une fois de plus le poids, l'importancepuisque le front et donc l'amour, est reconnu par le poète comme étant sacré étant donné qu'il est maintenantexposé comme une divinité.

Sa valeur est telle qu'un poète comme Maurice Scève s'y attarde et lui consacre unpoème.

Dans le reste du vers ainsi que dans le suivant, si nous glosons, le front est comparé à une personnecourageuse et intrépide qui est sans inquiétude.

Par ces périphrases exprimant l'audace et le courage, on remarquequ'elles se rapportent à l'image de la divinité car elles sont souvent représentées de manière héroïque n'ayantaucunes faiblesses.

De plus, notons qu'il y a une diérèse sur le mot "rien ", il insiste donc sur ce côté robuste qui n'ajamais peur.

Il émet tout de même un Bémol à la fin du vers avec : "fors honte " qui termine le vers c'est-à-dire quemalgré une apparence apriori sans défauts, en cherchant un peu, des défaillances apparaissent.

Mais surtout, ilnous dit qu'un sentiment est juste un sentiment, autrement ils agissent inconsciemment, alors que la personne qui. »

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