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MAXIMES ET SENTENCES D'EPICURE (texte)

Publié le 05/07/2011

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epicure

La Fortune et les dieux

La nécessité est un mal, mais vivre avec la nécessité n'est d'aucune nécessité. (S. 9) Qui affirme le règne total de la nécessité ne saurait réfuter celui qui affirme qu'il n'en est rien, puisqu'à ses yeux même cette affirmation est nécessaire. (S. 40) Fortune, je t'ai dépassée, et barré tes portes. Nous ne battrons en retraite ni devant toi ni devant d'autres circonstances. Lorsque la fatalité nous expulsera, nous cracherons sur l'existence et sur ceux qui y sont englués, puis nous chanterons magnifiquement la beauté de notre vie passée. (S. 47) Il est futile d'implorer des dieux ce qui dépend de nos propres forces. (S. 65) ( « La nature nous enseigne qu'on peut estimer ce qui naît de la Fortune. Il nous faut apprendre à savoir le malheur quand nous sommes dans le bonheur et à ne pas surestimer le bonheur quand nous sommes dans le malheur. Il faut admettre sereine- ment les biens de la Fortune et rester ferme devant les maux apparents qui viennent d'elle. En effet, combien éphémère est tout ce que la multitude regarde comme un bien ou un mal. Car de fait la sagesse n'a rien en commun avec la Fortune « — Porphyre .)

L'étendue du plaisir

L'abolition de ce qui fait souffrir marque la limite à partir d'où les plaisirs s'étendent. En effet, là où se trouve le plaisir et aussi longtemps qu'il persiste, douleur et tristesse sont absentes. (M. III) parce qu'elles éclairent l'épicurisme, nous avons gardé quelques sentences d'épicuriens, tel Porphyre. La douleur dans notre chair ne s'étend pas dans une durée continue. La douleur la plus aiguë ne dure guère et celle qui ne l'emporte qu'à peine sur les plaisirs dans notre chair ne continue pas au-delà de quelques jours. Quant aux maladies qui se prolongent, elles comportent plus de plaisir que de douleur . (M. IV) On ne peut vivre dans le plaisir si l'on n'est pas, indépendamment du plaisir, sensé, bon et juste. Celui qui ne vivrait pas ainsi vivrait sans le plaisir. (M. V) Aucun plaisir n'est en soi un mal. Mais ce qui produit certains plaisirs apporte plus de tracas que de plaisir. ( M. VI11 ) Si tout plaisir gardait l'intensité et la durée dans tout l'agrégat atomique ou bien dans les parties principales de la nature, alors les plaisirs ne se différencieraient plus les uns des autres . (M. IX) Si ce qui fait le plaisir des débauchés dissipait vraiment l'angoisse de leur esprit, surtout pour ce qui touche les phénomènes célestes, la mort et la souffrance, si de plus cela nous apprenait quelles sont les limites du désir, nous ne trouverions rien à y redire, puisqu'ils seraient tout comblés de plaisir, exempts de douleur et d'affliction, en quoi tout le mal consiste. (M. X) Le plaisir dans la chair ne peut grandir après que la douleur venue du besoin est partie : il ne fait que se diversifier. Mais la limite du plaisir de la pensée provient de l'investigation de toutes ces choses précisément et aussi de cela même qui avait tant angoissé . (M. XVIII) pourrait encore parler de plaisir). 5. Il n'y a pas d'accroissement de plaisir au-delà de l'absence de douleur (de sorte que le goût du « luxe « comme supplément dans lequel on trouverait des plaisirs plus grands relève d'une vaine opinion). Mais la pensée est capable de concevoir au-delà des limites du corps ; il en résulte que les limites du plaisir de la pensée sont plus vastes et que, curieusement, la pensée trouve même du plaisir en considérant les objets terrifiants. Parmi les désirs, certains sont naturels et non nécessaires, d'autres ne sont ni naturels ni nécessaires mais résultent d'une vaine opinion. (M. XXIX) Les désirs naturels qui, non assouvis, ne produisent pas de douleur et qui impliquent une poursuite effrénée résultent d'une vaine opinion. S'ils ne disparaissent pas, cela n'est pas dû à leur nature propre mais à la vanité humaine . (M. XXX) Le plaisir qui dure éternellement est le même que le plaisir limité, pour autant que ses bornes sont mesurées par le raisonnement . (M. XIX) La chair reçoit les plaisirs comme s'ils étaient sans limites et il faut un temps sans limite pour atteindre ce plaisir. Mais la pensée, déterminant le but et les limites du plaisir, dissipe l'angoisse relative à l'éternité, prépare une vie parfaite, si bien que nous ne recherchons plus le plaisir éternel. Cependant la pensée n'a pas fui le plaisir. Ainsi, lorsque les circonstances font que nous quittons la vie, nous partons sans avoir rien manqué de la vie bienheureuse . (M. XX) Qui considère la vie dans ses limites sait que la douleur venue du manque se supprime aisément. On peut ainsi parachever sa vie, si bien que l'on n'a pas besoin de ce qui fait objet de conflit. (M. XXI) Si tu entres en guerre contre toutes les sensations, tu n'auras même plus de quoi servir de référence pour dire qu'elles sont trompeuses. (M. XXII) Si tu rejettes brusquement une sensation, sans distinguer ce qui aurait besoin d'être confirmé et ce qui existe réellement dans la sensation — les affections et les représentations intuitives de la pensée —, alors tu confondras aussi, à cause de cette fausse opinion, les autres sensations. Dès lors tu auras banni plaisir. C'est-à-dire aussi que le plaisir bref est aussi beau qu'un plaisir infini. 8. Quand nous sommes dans l'erreur, nous croyons que les plaisirs du corps peuvent s'augmenter infiniment. Sotte idée qui implique aussi qu'il faudra un temps infini pour avoir l'infinité du plaisir. Telle est l'erreur du libertin. jusqu'au critère à partir d'où juger. Mais si tu t'assures dans la pensée de tout ce qui existe et de ce qu'il fallait confirmer, tu ne laisseras plus l'illusion se développer. Ainsi tu sauras toujours examiner et discriminer le juste et l'injuste. (M. XXIII) On ne doit pas violenter la nature mais la persuader. Cela se fait en assouvissant les désirs nécessaires, également les désirs naturels s'ils ne sont point nuisibles. Il faut soumettre à rude épreuve ceux qui sont nuisibles. (S. 21 ) A chaque désir demande : qu'arrivera-t-il s'il s'accomplit ? Qu'arrivera-t-il s'il reste inaccompli ? (S. 71 )

La mort

On peut s'abriter de bien des choses, mais face à la mort nous habitons une cité sans défense. (S. 31 ) La mort n'est rien pour nous, car ce qui est dissous n'a pas de sensation, or ce qui est privé de sensation n'est rien pour nous. (M. II) Qui trouve de bonnes raisons pour sortir de la vie est très dépourvu de grandeur. (S. 38) Soignons le malheur en ayant de la reconnaissance pour les disparus et en voyant qu'on ne peut faire que ce qui a été n'ait pas été. (S. 55)

Le temps

Nous ne naquîmes qu'une fois, nous ne pourrons naître de nouveau, nous ne sommes pas pour l'éternité. Or, toi, qui demain ne seras plus, tu diffères la joie. La vie périt de ce retard et nous mourons dans la prison de nos affairements. (S. 14) Certains passent leur vie à s'occuper de ce qu'il y a après la vie ; ils ne comprennent pas que pour nous tous le breuvage de la naissance est potion de mort. (S. 30) N'abîmons pas le présent en désirant ce qui est absent. Considérons que ce présent aussi, nous l'avions désiré. (S. 35) Ingrate parole devant les biens en allés : « vois la fin d'une longue vie ! «. (S. 75) Dans toutes les autres occupations le fruit ne se recueille qu'ultérieurement et avec peine. En philosophie le plaisir est contemporain du savoir. De fait la jouissance n'y vient pas après la recherche mais plaisir et recherche se produisent de concert. (S. 27) Que sur notre chemin la joie à venir l'emporte sur celle d'avant. Mais arrivés à terme que cette joie soit égale. (S. 48)

Des erreurs

Personne ne choisit le mal en le voyant mais, séduit par le bien qu'il y voit, il va vers le mal qui s'y trouve et se prend au piège. (S. 16) Si tu ne rapportes pas à chaque fois tes actes au but de la nature et qu'au contraire tu règles ton choix sur autre chose, alors tes actes iront à rencontre de tes arguments. (S. 25) Dénuée de vigueur la nature rencontre le mal et non le bien. Car c'est par les plaisirs qu'elle se fait, par la souffrance elle se défait. (S. 37) Chassons une bonne fois les mauvaises habitudes, pareilles à ces importuns qui depuis longtemps nous nuisent. (S. 46) Le sage, lui, souffre sans avoir à faire souffrir l'ami. (S. 56) La grossièreté de l'âme rend le vivant sans cesse avide de variétés dans son existence. (S. 69) Premier moment du salut : garder la vigueur de la jeunesse et l'abriter des souillures du désir furieux. (S. 80) C'est notre personne même qu'il faut libérer de l'affairement privé ou public. (S. 58) Si donc nous croyons possible qu'un phénomène se produise de telle manière ou de telle autre, le fait de savoir qu'il pourrait se produire de plusieurs autres manières ne nous empêchera pas de jouir de la même sérénité d'âme que dans le premier cas. Après toutes ces considérations il faut songer que le trouble le plus grave se trouve dans l'âme humaine dès lors qu'on prend les corps célestes pour des bienheureux et des immortels et qu'on leur prête du même coup des actes et des motifs contraires à leur nature. Car on attend ou suspecte, en donnant foi aux légendes, une éternité terrifiante et l'on va jusqu'à craindre la mort insensible, comme si elle avait quelque rapport avec nous. Et enfin, comme toutes ces affections procèdent non pas d'une pensée philosophique mais d'un sentiment irrationnel, faute de cerner l'erreur, elles sont la proie d'un désordre aussi grand, voire plus grand, que si l'on avait une juste opinion. ( Lettre à Hérodote, § 80 et 81 )

Savoir

Si nous n'étions pas troublés par la crainte des phénomènes célestes, par une mort dont on s'imagine qu'elle entretient quelque rapport avec nous, ou par l'ignorance des limites où se tiennent plaisir et douleur, nous n'aurions pas besoin de connaître la nature. (M. XI) On ne saurait dissiper le trouble devant les choses les plus importantes si Ton ne connaît pas la nature en son entier et que Ton en reste à des conjectures de l'ordre du mythe. Ainsi, sans la connaissance de la nature on ne pourra jouir de plaisirs sans mélange. (M. XII) Songe que, de nature mortelle et de durée limitée, tu t'es élevé en réfléchissant sur la nature jusqu'à l'immortalité et l'éternité, tu as contemplé à tes pieds : « ce qui est, ce qui sera, ce qui fut«. (S. 10) Il faut avoir bien compris que l'ampleur verbale tend à la même chose que la concision. (S. 26) Connaissant la nature je préférerais encore être obscur quand j'explique ce qui leur est utile plutôt que de me compromettre avec de vaines opinions qui me couvriraient d'éloges. (S. 29) Celui qui est adoré par l'homme sage agit bien grâce à ceux qui adorent l'homme sage. (S. 32) La justice L'homme juste est tout exempt de désordre, l'injuste tout agité de désordres. (M. XVII) La justice naturelle est ce qui montre ce qu'il y a d'utile à ne pas se faire de mal et à ne pas le subir. (M. XXXI) Le juste et l'injuste n'existent pas pour les êtres qui n'ont point fait d'accord les engageant à ne pas léser et à ne pas être lésés. De même ils n'existent pas pour les groupes d'hommes qui ne pouvaient ou ne voulaient pas s'engager de la sorte. (M. XXXII) La justice n'existe pas en elle-même, elle se produit entre les uns et les autres, quelle que soit l'étendue du territoire, à propos des dommages à ne pas commettre et à ne pas subir9. (M. XXXIII) L'injustice n'est pas en elle-même un mal. Le mal consiste en la peur terrifiante de ne pas échapper à ceux dont la fonction est de châtier les coupables. (M. XXXIV) Qui commet secrètement un acte tombant sous le coup des accords relatifs aux dommages à ne pas commettre ou à ne pas subir n'aura jamais la certitude de n'être pas découvert, quand même il y a échappé tant de fois : jusqu'à la mort il ne sera pas sûr de ne pas être pris. (M. XXXV) En général, la justice est la même pour tous, puisqu'elle est utile à la vie en commun. Mais pour tel pays, ou autre circonstance déterminante, la même chose ne s'impose pas de la même façon comme juste. (M. XXXVI) Qui aime l'argent sans rester juste est criminel. La justice avec l'amour de l'argent est laide, car il est malséant d'épargner sordidement, même si la justice le permet. (S. 43) Si la lutte et la richesse donnent jusqu'à un certain point la sécurité parmi les hommes, la meilleure sécurité, celle de tous, se trouve dans la tranquillité et la stabilité. (M. XIV) Puisses-tu ne rien faire dont tu aies lieu de craindre qu'autrui ne vienne à l'apprendre. (S. 70) (« Rien n'est juste par nature et il faut éviter le crime par la raison qu'on ne peut alors éviter la peur « — Sénèque.)

Des mœurs

Nous nous faisons honneur en suivant honnêtement les coutumes qui sont les nôtres. Il faut agir de même à l'égard de nos semblables, pour peu qu'ils aient aussi de l'honnêteté. (S. 15) Oté la vue et le commerce de la vie en commun, le désir amoureux est tari. (S. 18) J'apprends que chez toi la chair est plus exigeante. Fais et choisis selon ton vœu, si du moins tu respectes les lois, n'enfreins pas ce que la coutume tient pour honnête, ne peine pas tes proches, n'abîme pas ta chair et ne dissipe le nécessaire. Or on n'arrive pas à ce choix si un de ces obstacles nous retient : c'est que jamais les plaisirs de l'amour ne font de bien. Il faut être heureux s'ils ne font pas de mal . (S. 51 ) Personne ne doit être sujet d'envie : les gens de bien ne sauraient nous rendre envieux; quant aux méchants, plus ils prospèrent, plus ils se nuisent à eux-mêmes. (S. 53) la difficulté indiquée par ce passage est que la jeunesse, la plus avide de ce désir, est la moins à même de le maîtriser pour en bien jouir. Si les parents s'irritent contre les enfants suivant la règle, il n'y a pas à résister et il ne faut pas quémander le pardon. S'ils le font de manière déraisonnable, il serait ridicule de nourrir la folie par la passion : il faut chercher autrement à les ramener à la bienveillance. (S. 62) (« Nous sommes arrivés à Lampsaque, sains et saufs, moi, Pythoclès, Hermaque et Ctésippe, et nous y avons trouvé Thémista et les autres amis bien portants. Tant mieux pour toi si tu es en bonne santé ainsi que ta maman, et si tu obéis en tout à grand-père et à Matron, comme par le passé. Sache bien que si moi et les autres t'aimons bien, c'est parce que tu leur obéis parfaitement. « Fragment dans Usener - 176.)

Le contentement

La pauvreté mesurée à l'aune de la nature est grande richesse. La richesse ignorante de la mesure est grande pauvreté. ( S. 25 ) La chair parle : ne pas avoir faim, soif, froid. Cela acquis et assuré pour l'avenir, on peut rechercher la félicité. (S. 33) Le sage, se conformant à la nécessité, préfère donner à recevoir : car le contentement est son trésor. (S. 44) Le ventre n'est pas insatiable, comme on le croit souvent. Insatiable est précisément la fausse idée de celui qui croit en l'inassouvissement du ventre. (S. 59) L'approbation d'autrui doit suivre tout naturellement. Occupons-nous nous-mêmes d'abord de notre santé. (S. 64) Rien ne suffira jamais pour qui le suffisant est peu. (S. 68) La manifestation de certaines douleurs est bénéfique pour qu'on sache s'en protéger. (S. 73) La liberté, fruit suprême de l'autarcie. (S. 77) (« Celui qui n'est pas tout à fait content de ce qu'il possède sera malheureux, quand même il serait maître du monde « — Sénèque.)

La sérénité

L'être bienheureux et incorruptible n'a pas de soucis et n'en cause pas à autrui. Ainsi il ne manifeste ni colère ni bienveillance, car se mettre dans ces situations c'est être dans la faiblesse. (M. I) Nul intérêt à être en sécurité parmi les hommes si par ailleurs nous craignons ce qui est dans le ciel ou sous la terre, et plus généralement dans l'infini. (M. XIII) Chez la plupart le tranquille est engourdi, l'émotion est fureur. (S. 11) La félicité n'appartient point au jeune mais au vieillard qui sut vivre bien. Car le premier, débordant de vigueur, erre au gré de la fortune. Le vieil homme est comme en un port où il ancre solidement ces biens dont jadis il n'était point sûr. (S. 17) Ni la richesse, même immense, ni les honneurs et la considération accordée par la multitude, ni ce qui ne vient pas d'une cause précise, ne sauraient dissiper l'agitation de l'âme et produire la vraie joie. (S. 81 ) Certains veulent les honneurs et la considération, pensant ainsi être en sûreté contre les autres. Si leur vie est de la sorte protégée, ils ont agi conformément au bien de la nature ; s'ils n'ont point la tranquillité, ils n'ont pas eu ce en vue de quoi ils avaient agi conformément à la nature à l'origine. (M. VII) Qui n'est pas agité par lui-même n'est pas importuné par autrui. (S. 79) Comparée à celle des autres la vie d'Epicure est bien fabuleuse en effet, pour sa douceur et son contentement. (S. 36) Il faut rire, faire de la philosophie, gouverner sa maison, mettre à profit tout ce que l'on a et que jamais la colère ne nous entraîne lorsque nous philosophons ! (S. 41) Connaître la nature n'est pas le fait des vantards, des beaux parleurs et des esprits forts adulés par la foule, c'est le fait de penseurs intrépides et contents, fiers non pas de ce qui vient de la fortune mais d'eux-mêmes. (S. 45) Ne pas feindre de philosopher, mais faire vraiment de la philosophie : il ne nous faut pas des allures de santé, mais une vraie santé. (S. 54) Si l'on n'y prend garde, la précision elle-même peut avoir le même résultat que la pire confusion. (S. 63) Lors d'une dispute argumentative le vaincu trouve plus d'avantage, en ceci qu'il s'instruit. (S. 73) Tu as su vieillir en suivant ma parole. Tu as su philosopher et pour toi-même et pour la Grèce : je m'en réjouis avec toi. (S. 76)

Maximes de l'amitié

Parmi tout ce que la sagesse se procure en vue de la félicité d'une vie tout entière, ce qui de beaucoup l'emporte, c'est l'amitié. (M. XXVII) Savoir que rien ne doit angoisser, ni éternellement ni même longtemps, c'est aussi savoir qu'en notre condition précaire l'amitié est la sécurité la plus accomplie. (M. XXVIII) L'homme généreux s'accomplit dans la sagesse et l'amitié qui sont d'une part un bien de la pensée et d'autre part un bien immortel. (S. 78) Toute amitié est en soi une perfection, toutefois elle débute par des bienfaits. (S. 23) Le lien amical n'est pas dans la communion endeuillée mais dans l'attention prévenante. (S. 66) Avec nos amis nous recourons moins à l'amitié qu'à la certitude de ce recours. (S. 34) Ceux qui sont précipités ou trop lents à tisser des liens amicaux sont peu doués d'amitié, car en faveur de l'amitié il faut même oser provoquer les faveurs. (S. 28) Il n'est pas vraiment un ami, celui qui veut sans cesse jouir de l'amitié, ni celui qui ne le veut jamais. Le premier fait trafic de ses bienfaits, le second empêche qu'on espère en l'avenir. (S. 39) L'amitié encercle le monde par sa danse, conviant chacun à la vie bienheureuse. (S. 52) Très belle, la vue de nos proches quand règne l'affinité : c'est vers cela que l'attention prévenante doit tendre. (S. 61 ) Ils vécurent ensemble une vie très sûre, la plus douce du monde grâce à la confiance, ceux qui, surtout par leurs voisins, gagnèrent la force de la tranquillité. Après l'amitié la plus parfaite, ils n'eurent pas à se lamenter lorsque l'un d'eux terminait ses jours. (M. XL) («Ceci n'est pas pour la foule, mais pour toi; car nous sommes l'un à l'autre un théâtre assez grand « — Sénèque.)   

epicure

« l'injuste.

(M.

XXIII) On ne doit pas violenter la nature mais la persuader.

Cela se fait en assouvissant les désirsnécessaires, également les désirs naturels s'ils ne sont point nuisibles.

Il faut soumettre à rude épreuve ceux quisont nuisibles.

(S.

21 )A chaque désir demande : qu'arrivera-t-il s'il s'accomplit ? Qu'arrivera-t-il s'il reste inaccompli ? (S.

71 ) La mort On peut s'abriter de bien des choses, mais face à la mort nous habitons une cité sans défense.

(S.

31 )La mort n'est rien pour nous, car ce qui est dissous n'a pas de sensation, or ce qui est privé de sensation n'est rienpour nous.

(M.

II)Qui trouve de bonnes raisons pour sortir de la vie est très dépourvu de grandeur.

(S.

38)Soignons le malheur en ayant de la reconnaissance pour les disparus et en voyant qu'on ne peut faire que ce qui aété n'ait pas été.

(S.

55) Le temps Nous ne naquîmes qu'une fois, nous ne pourrons naître de nouveau, nous ne sommes pas pour l'éternité.

Or, toi, quidemain ne seras plus, tu diffères la joie.

La vie périt de ce retard et nous mourons dans la prison de nosaffairements.

(S.

14) Certains passent leur vie à s'occuper de ce qu'il y a après la vie ; ils ne comprennent pas quepour nous tous le breuvage de la naissance est potion de mort.

(S.

30)N'abîmons pas le présent en désirant ce qui est absent.

Considérons que ce présent aussi, nous l'avions désiré.

(S.35) Ingrate parole devant les biens en allés : « vois la fin d'une longue vie ! ».

(S.

75)Dans toutes les autres occupations le fruit ne se recueille qu'ultérieurement et avec peine.

En philosophie le plaisirest contemporain du savoir.

De fait la jouissance n'y vient pas après la recherche mais plaisir et recherche seproduisent de concert.

(S.

27)Que sur notre chemin la joie à venir l'emporte sur celle d'avant.

Mais arrivés à terme que cette joie soit égale.

(S.48) Des erreurs Personne ne choisit le mal en le voyant mais, séduit par le bien qu'il y voit, il va vers le mal qui s'y trouve et seprend au piège.

(S.

16)Si tu ne rapportes pas à chaque fois tes actes au but de la nature et qu'au contraire tu règles ton choix sur autrechose, alors tes actes iront à rencontre de tes arguments.

(S.

25)Dénuée de vigueur la nature rencontre le mal et non le bien.

Car c'est par les plaisirs qu'elle se fait, par lasouffrance elle se défait.

(S.

37)Chassons une bonne fois les mauvaises habitudes, pareilles à ces importuns qui depuis longtemps nous nuisent.

(S.46) Le sage, lui, souffre sans avoir à faire souffrir l'ami.

(S.

56) La grossièreté de l'âme rend le vivant sans cesseavide de variétés dans son existence.

(S.

69)Premier moment du salut : garder la vigueur de la jeunesse et l'abriter des souillures du désir furieux.

(S.

80)C'est notre personne même qu'il faut libérer de l'affairement privé ou public.

(S.

58)Si donc nous croyons possible qu'un phénomène se produise de telle manière ou de telle autre, le fait de savoir qu'ilpourrait se produire de plusieurs autres manières ne nous empêchera pas de jouir de la même sérénité d'âme quedans le premier cas.Après toutes ces considérations il faut songer que le trouble le plus grave se trouve dans l'âme humaine dès lorsqu'on prend les corps célestes pour des bienheureux et des immortels et qu'on leur prête du même coup des acteset des motifs contraires à leur nature.

Car on attend ou suspecte, en donnant foi aux légendes, une éternitéterrifiante et l'on va jusqu'à craindre la mort insensible, comme si elle avait quelque rapport avec nous.

Et enfin,comme toutes ces affections procèdent non pas d'une pensée philosophique mais d'un sentiment irrationnel, fautede cerner l'erreur, elles sont la proie d'un désordre aussi grand, voire plus grand, que si l'on avait une juste opinion.

(Lettre à Hérodote, § 80 et 81 ) Savoir Si nous n'étions pas troublés par la crainte des phénomènes célestes, par une mort dont on s'imagine qu'elleentretient quelque rapport avec nous, ou par l'ignorance des limites où se tiennent plaisir et douleur, nous n'aurionspas besoin de connaître la nature.

(M.

XI)On ne saurait dissiper le trouble devant les choses les plus importantes si Ton ne connaît pas la nature en son entieret que Ton en reste à des conjectures de l'ordre du mythe.

Ainsi, sans la connaissance de la nature on ne pourrajouir de plaisirs sans mélange.

(M.

XII)Songe que, de nature mortelle et de durée limitée, tu t'es élevé en réfléchissant sur la nature jusqu'à l'immortalité etl'éternité, tu as contemplé à tes pieds : « ce qui est, ce qui sera, ce qui fut».

(S.

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