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Les Méditations Métaphysiques I et II.

Publié le 27/02/2008

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Les Méditations Métaphysiques I et II.

 

I) Que Sais-je ?

Le savoir est-il possible ?

 

Introduction : Pourquoi et comment méditer ? (Méditation I, §1 et 2.)

a) Le projet de réformer la connaissance humaine.

b) Les conditions pour le réaliser.

c) La méthode, le doute.

 

a) Le projet de réformer la connaissance humaine.

 Comme le Discours de la méthode, Les méditations commencent par un rappel autobiographique. Les méditations naissent de la conscience de l’erreur. Cette prise de conscience amène Descartes à mettre en question les idées reçues, les préjugés qui lui ont été inculqués pendant l’enfance, l’âge des préjugés.

 

Le terme préjugé vient du latin praejudicare qui signifie juger préalablement. Le préjugé est une opinion, un jugement non fondé, qui passe pour une connaissance, un savoir authentique. Les préjugés sont des opinions préconçues propres à une société. Ils nous sont transmis pendant l’enfance. Car pendant l’enfant bien que pourvu de raison n’en a pas la maîtrise ; il a l’instrument intellectuelle sans en avoir par nature la méthode, c’est pourquoi il est incapable de penser par lui-même et est influençable. L’état d’enfance est un état de dépendance biologique, affective et intellectuelle. Il nous contrant à recevoir sans examen des opinions, des idées reçues. Parce que notre raison est alors passive, elle est aveuglée par l’erreur et l’illusion. Et lorsque nous parvenons à l’âge adulte, les idées reçues sont des habitudes intellectuelles très profondément enracinée en nous.

 

Afin de réformer la connaissance qui repose sur des préjugés, Descartes veut les détruire et donner à la science un fondement solide comme le roc , il recherche le principe du savoir, la première connaissance, la plus certaine et la mieux connues, afin de faire reposer sur elle toutes les autres connaissances et construire le système ordonné de la connaissance.

 

Pour construire cette science parfaite, l’entreprise de Descartes exige quatre conditions. Qui garantisse la liberté de l’esprit.

 

b) Les conditions : La maturité, un esprit libre de tous soins, la solitude, le sérieux et la liberté.

 La maturité

Pour méditer il faut être sorti de l’enfance, être capable de juger, de penser par soi-même, car dans le cas contraire on échangerait des préjugés contre d’autres.

 

Un esprit libre de tous soins, c’est-à-dire libéré de tous soucis liés à la conservation ou l’entretien de la vie, toutes les indispositions du corps, comme la faim, la soif, ou le froid qui peuvent troubler l’esprit.

 

La solitude, car pour penser il faut fuir le bavardage, refuser tout héritage et se tourner vers soi.

 

Le sérieux et la liberté

Il faut que l’esprit se prenne enfin en charge, rester sous la domination d’autrui est indigne de la liberté qui caractérise l’esprit. Méditer n’est pas une partie de plaisir, c’est une affaire sérieuse qui implique la liberté. C’est une liberté par rapport à tout ce qu’autrui nous a inculqués. Être libre d’esprit c’est substituer aux anciennes opinions des jugements construit par son propre esprit.

L’esprit doit cesser d’être passif et il doit se libérer des idées reçues à l’aide d’une méthode, le doute

 

c) Le doute

Douter vient du latin dubitare qui signifie « hésiter entre deux choses » .Le doute c’est l’incertitude de l’esprit, le refus d’affirmer ou de nier, la suspension d’un jugement. Il s’agit d’un instrument de recherche, il permet d’atteindre la première vérité et le fondement de toutes les autres afin de construire le système ordonné de la connaissance.

Ce doute est volontaire, méthodique, radical, hyperbolique et provisoire.

 

                •             Volontaire : Il est le fruit d’une décision réfléchie et libre, pour se libérer des préjugés (les idées reçues pendant l’enfance) il faut décider volontairement de douter. Le doute est volontaire parce que la raison doit tout recommencer, parce que de fausses opinions sont nées des préjugés, mais aussi parce que nous jugeons trop vite (le préjugé c’est aussi le jugement précipité).Pour douter il faut être résolu car le doute est une épreuve, il engendre l’angoisse.

 

                •             Méthodique : Du grec méthodos qui signifie poursuite, recherche. Le doute est un chemin (hodos = chemin) vers (méta = vers) la vérité qui suit une progression réglée. Descartes doute des choses les plus faciles et s’élève ensuite vers le plus profond et le plus difficile. Il doute des sens, de l’existence du monde, puis des vérités rationnelles et enfin de l’existence de Dieu.

 

                •             Radical : Le doute s’attaque aux racines des opinions. La méthode ne consiste pas à éliminer les opinions une par une, mais à détruire les fondements de l’opinion, “les principes” sur lesquels elle repose.

 

                •             Hyperbolique : Descartes écrit dans Le discours de la méthode : “ Je pensais qu’il fallait que je rejetasse comme absolument faux tout ce en quoi je pourrais imaginer le moindre doute”. Le doute est hyperbolique, c’est-à-dire exagéré, poussé à l’extrême. Descartes nie, assimile au faux tout ce qui est douteux. Alors que le préjugé assimile le vraisemblable au vrai, le doute inverse cette tendance en assimilant le douteux au faux. Entre le vrai et le faux il n’y a plus d’intermédiaire.

                •             Provisoire (image du panier de pommes) : Le doute cartésien ne saurait s’arrêter dans le doute, c’est une certitude positive ou négative qui y met fin, c’est-à-dire soit il n’y a rien de certain, mais cela sera certain, soit il existe une vérité qui résiste à l’épreuve du doute, une vérité indubitable. Descartes doute car il sait qu’il y a une vérité indubitable sur laquelle il pourra fonder le savoir, il n’est pas sceptique, pour lui le doute n’est pas une fin mais un moyen.

Le doute porte donc sur toutes les opinions, certaines pourrons être conservées et prendre leur place dans le système que Descartes veut construire, mais pour le moment tout ce qui est douteux doit être nié, afin de rechercher une vérité indubitable, la première des vérités et le fondement de toutes les autres.

Le doute cartésien va s’attaquer aux principes des opinions. L’un de ces principes est que toute connaissance dérive de l’expérience, il s’agit de la thèse empiriste. Descartes va donc se demander s’il peut douter de l’expérience, c’est-à-dire de l’apparence et de l’existence des choses sensibles.

 

 

A) « Des choses que l'on peut révoquer en doute.» De quoi peut-on douter ?

 

1) Le doute existentiel (Méditation I, §3 à 5.)

Peut-on douter de l'apparence et de l'existence su monde ?

a) Peut-on douter des sens ?

b) L'argument de la folie.

c) L'argument du rêve.

 

a)Peut-on douter des sens, c’est-à-dire de l’expérience ?

Le terme expérience vient du latin experire qui signifie éprouver et est à l’origine d’éprouvette, un instrument d’expérimentation, l’expérience scientifique et d’épreuve, l’expérience de la maladie est une épreuve.

 L’expérience est une donnée fournie à la conscience par les sens, elle est liée à la perception, à l’action du monde sur le sujet : cette connaissance sensible peut varier selon les circonstances et elle a une valeur scientifique faible (voir la thèse relativiste de Protagoras). Une connaissance scientifique est une connaissance objective et universellement reconnue. Or le type de connaissance obtenu par les sens est plutôt subjectif et relatif. Par exemple si l’une de mes mains est plus chaude que l’autre et que je les plonge en même temps dans un même liquide, ce dernier me semblera à la fois chaud et froid.

 

 Si nos sens nous trompent quelquefois nous ne pouvons plus nous y fier, car ils nous trompent peut-être toujours. La première étape du doute consiste à douter de l’expérience du monde extérieur, dans ce domaine notre certitude est tellement enracinée en nous qu’en douter paraît relever du paradoxe (est contraire à l’opinion commune).

 

Mais la connaissance sensible n’est pas aussi évidente qu’on le croit ordinairement. Nous pouvons faire l’expérience de la contradiction qui touche certaines opinions sur le même sujet (cf. l’argument du bâton brisé). L’objet n’est pas tel que les sens le représentent.

 

Par conséquent la physique d’Aristote qui repose sur la connaissance sensible n’est pas une science certaine. Dans sa physique par exemple les principes étaient de nature sensible: le léger le grave, le froid, le chaud. Il s’agit des qualités sensibles des objets, qui varient d’un individu à un autre et pour un même individu. Par exemple, un même liquide peut être jugé à la fois chaud et froid par un même individu qui a réchauffé une de ses mains et refroidi l’autre avant de les plonger dans le liquide.

Descartes soutient que ce qui est proche des sens et tiré de ce qu’ils enseignent est incertain. Il nous engage à nous libérer du sensible, ce qui est le commencement de toute réflexion rationnelle. Il nous prouve rationnellement qu’il ne faut plus faire de l’expérience le fondement de la connaissance. Par conséquent nous pouvons douter des sens, mais la conscience de la chair, résiste à l’épreuve du doute. C’est pourquoi Descartes utilise d’abord l’argument de la folie puis celui du rêve, afin de savoir si nous pouvons étendre le doute à tous les éléments sensibles dont nous pouvons avoir conscience.

 

b) L'argument de la folie

La conscience de la chair est fondée, d’une part sur la conscience des sensations qui proviennent des organes internes (cœnesthésie) : la circulation, la respiration, la digestion etc. Et d’autre part sur la conscience des mouvements (kinesthésie)

 

Dans le cas particulier de la folie la conscience de la chair est trompeuse, certains fous affirment qu’ils sont « des courges » ou qu’ils ont « un corps de verre », ce qui est délirant, « extravaguant ».

Mais si les fous peuvent facilement douter de la chair, nous qui sommes sensés ne le pouvons pas. Nous ne pouvons donc pas en vertu de l’argument de la folie douter de l’existence de la chair. Ce genre d’argument se retournerait contre le doute qu’on jugerait alors extravaguant.

 

Le but de Descartes n’est pas de s’identifier aux fous, mais de dégager une rationalité supérieure. Le doute cartésien n’est pas un comportement délirant, il n’a rien à voir avec la perte pathologique de la réalité.

 

(Remarque ; Descartes explique la folie par un dysfonctionnement du corps et non de l’âme, pour lui les insensés ont la même raison, la même lumière naturelle que les sensés, mais elle est obscurcie par la bile, par le corps.)

 

Par conséquent, si nous étions fous nous pourrions douter de la chair, mais comme nous ne le sommes pas cela est impossible, cependant le rêve est la folie quotidienne et universelle, et lorsqu’ils rêvent les sensés sont aussi voire plus insensés que les insensés. L’expérience du rêve permet donc de passer du particulier (la folie) à l’universel (l’humanité). C’est pourquoi Descartes à recours à l’argument du rêve.

 

c) L'argument du rêve.

Les insensés se représentent dans leurs rêves, « les mêmes choses ou quelquefois de moins vraisemblables que les insensés, lorsqu’ils veillent ». Le rêveur ne doute jamais de ce qu’il imagine lorsqu’il rêve pour lui tout ce qu’il se représente lui semble réel, existe. Mais le rêve est une illusion.

 

(Illusion : le terme illusion vient du latin illudere qui signifie « tromper », l’illusion est à la fois une erreur et une mystification. Dans l’illusion nous sommes victimes d’une puissance trompeuse que le savoir lui-même ne peut vaincre. Par exemple le soleil m’apparaît plus petit qu’il n’est, même si je le sais l’illusion persiste.)

 

Dans le rêve il y a une illusion qui nous trompe sur le monde mais aussi la chair. Descartes se demande s’il existe un moyen de distinguer la veille du rêve et il constate que rien ne le permet. Car la certitude que nous éprouvons quand nous rêvons et quand nous veillons est la même, subjectivement rien ne permet de distinguer la veille du sommeil. Par conséquent si nous rêvons toujours, le monde extérieur n’est qu’une illusion, un produit de notre imagination.

 

L’argument du rêve permet d’étendre le doute à tous les éléments sensibles dont nous pouvons avoir conscience. Avec cet argument c’est l’existence de la chair et du monde qui devient douteuse.

 

Conclusion

Nous sommes donc certains que le sensible est douteux, car nous l’avons prouvé rationnellement. L’expérience n’est pas le principe de la connaissance, Descartes a réfuté la thèse empiriste. Le sensible est moins certain que l’intelligible, nous devons par conséquent nous interroger sur ce qui nous semble encore certain, c’est-à-dire les connaissances rationnelles.

 

2) Peut-on douter de l'intelligible ? (Méditation I, §6 à 8)

a) Rappel des acquis de la méditation

b) L'exemple de la peinture

c) Les natures simples

Conclusion : Les sciences empiriques et les sciences rationnelles

 

a) Rappel des acquis de la méditation

L'argument du rêve permet de considérer comme faux tout ce que nous avons acquis par l'intermédiaire des sens. Nous considère le monde comme une illusion, une représentation issue de notre imagination. Descartes se demande si dans cette représentation il y a quelque chose d'indubitable. Mais avant de répondre à cette question il présente l'exemple de la peinture.

 

b) L'exemple de la peinture

Descartes compare le rêve à un tableau où le peintre est contraint de représenter des éléments empruntés à la nature. Il distingue trois sortes de peinture : la peinture naturaliste, la peinture fantastique et la peinture imaginative.

 

Dans les tableaux naturalistes il existe des éléments qui ressemblent à des choses réelles. Par exemple un personnage représenté par un peintre a toujours « des yeux, une tête, des mains, et tout le reste du corps.

 

La penture fantastique n'est pas entièrement coupée du réel, car si les êtres qu'elle représente n’existent pas, les parties qui les composent sont empruntées à la nature. Par exemple un centaure est composé d'un corps de cheval et d'un corps d'homme.

 

La peinture la plus imaginative elle-même n'est pas coupée du réel. Car si le peintre représente quelque chose de « nouveau », il demeure dans cette représentation quelque chose de réel, la couleur.

 

Il existe des choses qui sont à la conscience ce que les couleurs sont à la peinture, il s'agit des natures simples.

 

c)Les natures simples

Le contenu des représentations dont nous avons conscience ne peut être entièrement fictif, on ne peut feindre tous les éléments qui les composent. Les natures simples, les choses simples et universelles, vraies et existantes, sont les éléments de toutes nos pensées. Les natures simples sont l'étendue (l'espace) et ses propriétés (la figure, la grandeur, le nombre, etc.). Il s'agit des notions qui sont les fondements des objets sensibles.

 

L'argument du rêve met en question la thèse selon laquelle ce qu'on perçoit est réel, existe. Le doute existentiel englobe tout jusqu'à l'existence de la chair. La réalité est réduite à la conscience, rien n'existe en dehors de la conscience que j'en ai. Le monde est composé de choses simples et si nous parvenons à des éléments réels qui sont des natures simples, alors nous aurons trouvé des vérités indubitables, nous aurons atteint le terme du doute.

 

Descartes dissocie l'objet, de la représentation de l'objet. Si on se demande si quelque chose existe hors de soi, on ne peut pas dire qu'il n'y a rien, mais on ne peut pas dire non plus qu'il y a quelque chose. Comme on ne peut pas à partir de rien faire quelque chose, il faut admettre qu'il existe des choses simples et universelles, les choses étudiées par la physique comme l'étendue, la quantité ou le mouvement. Cela pose le problème de la représentation qui l'on découvre liée à des éléments à des éléments dont on ne peut nier la réalité, dont on ne peut douter.

 

Nous devons donc distinguer deux sortes de science : les sciences empiriques et les sciences rationnelles.

 

Conclusion : Les sciences empiriques et les sciences rationnelles

Descartes compte au nombre des premières, la physique, l'astronomie, la médecine, etc. Ces sciences sont déterminées par la réalité de leurs objets, comme on ne peut en prouver l'existence ces sciences sont « douteuse et incertaines » (Si le monde n'existe pas les objets des sciences empiriques sont des illusions, et les connaissances empiriques sont des préjugés.).

 

Il en va tout autrement des autres sciences, car elles ne font appel qu'à la raison et jamais à l'expérience. En mathématique, par exemple, il n'existe aucune chose correspondant à la pensée. Le cercle par exemple n'existe pas dans la nature, mais on peut en étudier les propriétés. Les mathématiques échappent au doute car cette science ne se soucie pas de l'existence de ses objets.

 

Les sciences empiriques sont donc douteuse, mais les sciences rationnelles sont encore certaines, notre certitude dans ce domaine ne peut être ébranlée par le doute existentiel. Même si le monde n’est qu'un rêve, nous ne pouvons pas encore douter des mathématiques, de la raison, des idées claires et distinctes.

 

Les vérités rationnelles sont « indubitées », Descartes ne peut pas douter spontanément des mathématiques, afin y parvenir il va douter de l'existence de Dieu, car pour lui il est le fondement de la vérité. Et c'est Parce que la métaphysique est la science des fondements que le doute va devenir métaphysique.

 

3) Le doute métaphysique. ( Méditation I, §9 à 12)

Comment douter des idées et des raisonnements ?

Il faut douter de l'existence de Dieu.

a) Le Dieu trompeur.

b) L'athéisme.

c) Revue des procédés pour apprendre à douter.

d) Le malin génie.

 

Afin d’expliquer les §9  à 12, il faut connaître la thèse de Descartes sur l’origine des idées. Ce qui est « indubité » c’est l’ensemble des idées des choses naturelles que chacun trouve dans son esprit. Il s’agit de la structure mathématique du monde. Cette structure est l’objet de l’arithmétique, de la géométrie et de la cinématique (partie de la mécanique qui étudie le mouvement). Les théorèmes des mathématiques sont les lois qui gouvernent cette structure.

 

Ces lois sont connues indépendamment de toute expérience sensible (quand je nie l’existence du monde, elles demeurent vraies, certaines). Elles sont indépendantes de mon caprice, bien que je les trouve dans mon esprit. Par exemple : je peux prouver démonstrativement que la somme des angles d’un triangle est égale à 180°, mais je ne suis pas libre de le nier. Les objets des mathématiques ne sont pas des idées factices (les idées que nous forgeons et constituons, par exemple un astronome peut forger l’idée du système solaire dans lequel le soleil est plus grand et plus éloigné que ce que nous voyons quand nous l’observons). Ce sont des idées innées, c’est-à-dire introduites dans mon esprit dès sa création par Dieu. La présence en moi de ces idées est indissociable de mon existence en tant qu’être pensant. 

 

(Remarque : l’innéité des idées n’a rien à voir avec celle de l’instinct qui suppose non seulement l’existence de l’âme, mais aussi celle du corps dont nous doutons.)

 

Au fondement même de la vérité, il y a donc un fait totalement arbitraire, les idées innées dépendent de la volonté de Dieu qui les a crées. Selon Descartes la métaphysique seule peut répondre à la question du fondement, la valeur des sciences dépend de la métaphysique.

(Origine et fondement

                •             Origine vient du latin originis qui signifie apparition, naissance et orior qui signifie naître. L’origine désigne l’apparition initiale d’un phénomène ou d’un évènement. Par exemple : le big bang est l’origine de l’univers. L’origine est le point de départ de quelque chose, la naissance, le commencement, le début de quelque chose. Ce terme à un sens chronologique. Il désigne aussi l’ensemble des circonstances permettant de rendre compte de la formation ou du développement historique d’un phénomène. L’origine est le commencement ou ce qui permet l’apparition de quelque chose.

                •             Le fondement est le principe sur lequel repose en droit un système de jugements ou de règles, c’est-à-dire ce qui les rend légitimes d’un point de vue logique ou juridique ou moral. Par exemple le fondement de la connaissance est le cogito dans la philosophie de Descartes. La notion de fondement renvoie à la raison, elle est rationnelle, c’est ce sur quoi repose rationnellement quelque chose.)

Puisque la vérité est une chose crée, Dieu est donc le fondement de la vérité. L’existence des idées est liée à celle de Dieu, c’est parce qu’il existe (c’est le préjugé que Descartes a dans son esprit) que les mathématiques sont « indubitées ». Si nous parvenons à douter de l’existence de Dieu, alors nous pourrons douter des idées et le doute sera hyperbolique

 

 

a)Le Dieu trompeur.

Descartes trouve en lui-même l’idée qu’un dieu tout puissant l’a crée, il s’agit de l’idée commune de Dieu, une « opinion », une idée reçue pendant l’enfance. Si Dieu est trompeur, je ne peux me fier ni à mes sens ni à ma raison. Car d’une part les apparences sont trompeuses et le monde lui-même n’est qu’une illusion dont Dieu est l’auteur. Et d’autre part, tous mes raisonnements sont des paralogismes (des jugements faux), car Dieu peut faire « que je me trompe toutes les fois que je fais l’addition de 2 et de 3 ou que je nombre les côtés d’un carré». Nous retrouvons le problème de la vérité liée à Dieu. Si Dieu est trompeur, sa puissance infinie est irrésistible, nous ne pouvons plus nous fier à la raison et nous sommes incapables de trouver le vrai.

 

Mais Descartes refuse d’utiliser l’idée de Dieu trompeur pour annihiler la raison humaine, car elle est contraire à l’idée commune de Dieu. Selon Descartes, « dieu n’a pas voulu que je fusse déçu (décevoir signifie tromper au 17éme siècle) de la sorte, car il est dit souverainement bon. ». Dieu n’est pas trompeur car la tromperie est contraire à l’idée commune (« il est dit ») de Dieu.

 

Cependant s’il faut admettre que Dieu ne menace pas notre raison, il faut aussi reconnaître que nous commettons des erreurs « quelquefois ».  Dieu n’est pas la cause de l’erreur qui a trois causes : l’inattention, l’oubli et l’union de la volonté infinie et de l’entendement fini. L’erreur se fonde sur la nature même de l’homme, si nous sommes attentif lorsque nous raisonnons, si nous vérifions après un raisonnement si nous n’avons oublié aucune des étapes du raisonnement, et enfin si nous limitons nos jugements à ce que nous connaissons ou à ce que nous pouvons connaître, alors l’erreur est impossible, elle est contingente, elle dépend de nous et non de Dieu qui nous a fait faillibles mais qui ne nous trompe pas

(Contingent, nécessaire, possible

                •             Contingent : ce qui pourrait être autrement ou ne pas être.

Socrate est musicien. Socrate peut être sans être musicien. Etre musicien est contingent.

                •             Nécessaire : ce qui ne pourrait être autrement.

Socrate est un homme. Socrate ne pourrait être sans être un homme.

                •             Possible : ce qui n’est pas, mais qui pourrait être. L’existence du possible, sans être avéré ni nécessaire, ne fait pas contradiction.

La liberté de l’homme est possible.)

Enfin puisque chacun fait l’expérience de l’erreur, nous pouvons nous demander si nous nous trompons toujours. Mais si cet argument permet de douter des raisonnements, il ne suffit pas pour douter des idées claires et distinctes, des évidences. Pour en douter il faut aller plus loin, il faut douter de l’existence de celui qui les a créées, Dieu. Il faut admettre la thèse des Athées.

b)L’athéisme

Parce que l'affirmation de la toute puissance de Dieu conduit à douter de la raison, certains rationalistes préfèrent nier l'existence de Dieu afin de sauver la raison. Pour discuter la thèse des rationalistes athées Descartes utilise un raisonnement par l'absurde.

(Le raisonnement par l'absurde est une forme de raisonnement consistant soit à démontrer la vérité d'une proposition en prouvant l'absurdité de la proposition complémentaire ou contraire, soit à montrer la fausseté d'une autre proposition en en déduisant logiquement des conséquences absurdes.)

Admettons provisoirement l'hypothèse des rationalistes athées, «supposons en leur faveur que tout ce qui est dit ici d'un dieu soit une fable». Si Dieu, l'être parfait (l'être dont toutes les facultés sont infinies) n'existe pas, notre raison est le produit du « destin », de la « fatalité » du « hasard », la causalité c'est-à-dire de causes imparfaites. Sil n'existe pas un être parfait pour créer les idées et garantir la raison et les vérités, alors notre raison est plus imparfaite que dans l'hypothèse où Dieu existerait. Elle ne peut que se tromper toujours. Car ce qu'engendre des causes imparfaites est plus imparfait que ce que crée un être parfait.

(Fatalité du latin fatum qui signifie destin, force occulte qui déterminerait les événements. Hasard : puissance considérée comme la cause d'événements apparemment fortuits ou inexplicables. La causalité, c'est le rapport de cause à effet : par exemple, il y a causalité entre le ruissellement des eaux et la constitution des cours d'eau. C'est aussi un principe, philosophique, d'après lequel tout phénomène a une cause, d'après lequel la cause précède le phénomène. \"Tout a une cause, et, dans les mêmes conditions, la même cause est suivie du même effet.)

Non seulement nous ne pouvons plus nous fier à la raison, mais nous devons admettre que la science sans fondement métaphysique des rationalistes athées est douteuse. Paradoxalement Dieu, selon Descartes, ne menace pas notre raison mais la garantie, c'est parce qu'il n'existe pas que nous pouvons douter des évidences.

Aucune de nos anciennes opinions n'a donc résisté à l'épreuve du doute, nous devons par conséquent suspendre notre jugement, refuser d'adhérer à tous les contenus de pensée. Le doute est hyperbolique, plus rien ne lui résiste, nous doutons du sensible et de l'intelligible.

Mais il ne suffit pas comprendre cela, il faut aussi acquérir de nouvelles habitudes, c'est pourquoi il est nécessaire de se remémorer les procédés pour apprendre à douter.

c)Revue des procédés pour apprendre à douter

Nos anciennes opinions sont toujours en nous, malgré leur familiarité et leur vraisemblance, nous devons les considérer comme fausses. Il faut prendre le contre-pied des anciennes opinions. Il faut acquérir de nouvelle habitudes (l'habitude est une seconde nature, une

Manière d'agir ou de juger acquise par la répétition.), pour faire disparaître les anciennes, les chaînes (les préjugés) dont le doute nous a délivré.

Il ne faut pas se laisser fasciner par la vraisemblance de nos anciennes opinions. Le doute cartésien ne permet pas de les réfuter, mais seulement de les considérer provisoirement comme fausses. Nous devons être résolus, nous nous sommes engagés sur le chemin du doute et nous ne devons ni nous arrêter (sombrer dans le désespoir, dans l'abîme du néant) ni revenir en arrière (préférer les anciennes illusions qui rassurent à l'angoisse du désespoir), afin d'attendre notre but nous devons persévérer. « Il ne peut y avoir de péril ni d'erreur en cette voie ». Le péril c'est le scepticisme et l'angoisse qu'il produit chez celui qui n'a plus aucune certitude. L'erreur c'est l'errance, mais elle est impossible car nous avons une méthode, nous suivons un chemin (en grec méta signifie vers et hodos chemin). L'erreur c’est aussi le jugement faux, mais ce dernier dépend de nous, si nous suspendons notre jugement, l'erreur est impossible.

Si nous demeurons résolus et si nous combattons nos anciennes habitudes, nous trouverons nécessairement un point d'appui, la première vérité indubitable. Car si dans le domaine de l'action le doute paralyse, dans celui de la pensée il libère. C'est pourquoi nous devons prendre la ferme résolution de douter.

Nous avons des raisons de douter de tout, nous sommes parfaitement convaincus et pourtant Descartes expose un nouvel argument, la fiction du malin génie.

d)Le malin génie

Cette fiction a un rôle psychologique, nous persuader que tout est faux afin de maintenir l’esprit dans sa résolution de douter.

(Convaincre c’est amener quelqu’un par le raisonnement ou par des preuves, à reconnaître la vérité d’une proposition. Persuader c’est amener quelqu’un à accepter une opinion en faisant appel à des mobiles d’ordre affectif.)

Descartes vient de formuler l'hypothèse d'un dieu trompeur afin de douter des idées évidentes. Mais il ne peut se satisfaire de cet argument, car Dieu est dit bon et cette ancienne opinion l'empêche de douter de ce qu'il crée et garantit, les idées claires et distinctes.

C'est pourquoi il imagine « un certain mauvais génie », « non moins rusé et trompeur que puissant qui a employé toute son industrie (savoir-faire) » à le tromper. Cette fiction méthodologique permet de donner au doute une portée universelle. Descartes oppose à notre volonté infinie, à notre puissance illimitée de douter, une autre puissance infinie et capable de nous tromper dans tous les domaines. Les qualité premières et les qualités secondes des choses sensibles sont des illusions dont le malin génie est l'auteur. Toutes nos croyances ainsi que l'existence de la chair sont des erreurs et de mystifications que le malin génie a mises dans nos esprits. Mais si nous cessons de juger il ne peut nous tromper. Pour déjouer sa ruse (illudere en latin signifie « se jouer de », «  tromper »), il nous suffit de suspendre notre jugement, le malin génie ne peut rien contre un esprit libre, contre notre liberté de jugement.

La portée du doute est universelle, plus rien ne lui résiste et pourtant la pensée a découvert une certitude, la liberté infinie de l'esprit. La première journée s'achève et il ne reste rien de nos anciennes opinions. Il nous reste encore du chemin à parcourir, « mais ce dessein est pénible et laborieux. »

 

Le retour aux anciennes illusions. ( Méditation I, §13)

Pour Descartes le doute est difficile, il s'oppose en cela aux sceptiques. En effet, Les sceptiques ne doutent pas dans un but intellectuel mais moral. La suspension du jugement permet d’atteindre L’ataraxie, c’est-à-dire l’absence de troubles, le repos de l’âme, la quiétude, le bonheur (Montaigne pendant sa période sceptique se repose “sur le mol oreiller du doute“.). Ce qui motive les sceptiques c’est l’inquiétude et le doute est une méthode qui permet d’en sortir. Les sceptiques doutent de tout sauf de l’intérêt de douter, ils doutent pour douter, le doute pour eux est une fin.

Par contre pour Descartes, le doute est un moyen et c'est la plus dure des épreuves, car on ne peut s'arrêter nulle part, c'est-à-dire s'appuyer sur une opinion. Et il est difficile de vivre ainsi, car la vie continue, l'attitude du doute ne peut exclure l'adhésion à ce qui est nécessaire pour vivre (à moins d'être protégé de tout par des esclaves, comme les sceptiques de l'antiquité).

C'est pourquoi nous risquons de retomber dans le quotidien, de préférer le songe, les illusions agréables que sont les préjugés, au réveil, c'est-à-dire la méditation, la pensée. En d'autres termes, nous risquons de préférer « les ténèbres qui viennent d'être agitées », à la « lumière » de la vérité. Car le doute est une épreuve intellectuelle, douter c'est prendre le risque de tomber dans l'abîme du néant, ce qui peut être plus dangereux que les fausses opinions.

 B) La découverte de la première certitude. ( Méditation II, §1 à 4)

Y a-t-il une vérité indubitable ?

1) Au terme du doute il en existe certainement une.( Méditation II, §1)

Le doute est hyperbolique, nous n'avons plus aucune certitude et nous n'avons pas encore trouvé la première certitude sur laquelle reposeront toutes les autre, le fondement de la science parfaite que Descartes veut construire.

L'image de l'homme « tombé dans une eau très profonde » traduit le désespoir de Descartes. Il n'a plus aucun point d'appui, il sombre dans le doute et ne peut plus renouer avec ses anciennes illusions, les habitudes intellectuelles dont le doute l'a délivré. Nous n'avons plus le choix, nous ne pouvons ni revenir en arrière ni nous arrêter, il nous faut continuer à douter afin de découvrir une certitude absolue sur laquelle reprendre pieds.

La résolution méthodique de douter permet à Descartes de sortir du désespoir. Descartes n'est pas sceptique, il sait que terme du doute ne peut être le doute mais une certitude positive ou négative, une vérité indubitable.

Le doute conduit donc à un terme assuré, la construction du système ordonné de la connaissance est possible, à partir de la première certitude indubitable nous pourrons construire un savoir absolument certain.

                1)            2)Quelle est cette première certitude ?( Méditation II, §2 à 4)

                2)            a)Le problème (Méditation II, §2)

Descartes compare la première vérité au point fixe d'Archimède (« Donnez-moi un point fixe et je soulèverai la terre. » Archimède de Syracuse 287 à  212 avant JC.), car elle est le point d'appui de la science systématique et ordonnée qu'il veut construire. C'est en allant au paroxysme du doute que nous découvrirons la première certitude. Mais quelle est cette première certitude ?

b)Rappel des acquis de la méditation (Méditation II, §3)

La première méditation nous a permis de douter de l'apparence et de l'existence des choses sensibles    ainsi que des vérités empiriques et rationnelles. Nous supposons à présent que tout est faux ; ce qui est senti car nos sens sont trompeurs, l'existence de la chair et du monde parce qu'ils ne sont que des rêves, les vérités empiriques parce que le monde n'existe pas et les évidences car non seulement Dieu n'existe pas mais aussi parce qu'il existe un malins génie qui rempli nos esprits de mensonges, et nous savons que le terme du doute est une certitude positive ou négative.

(Remarque : à l'oral il faut expliquer les arguments de Descartes, par exemple l'argument du rêve ou celui du malin génie pour prouver ce qui est affirmé plus haut.)

c)La découverte du cogito, la première certitude. (Méditation II, §4)

La portée du doute est illimitée, mais n'avons nous rien négligé ? Même si le monde est le produit de mon imagination, même s'il n'y a aucune extériorité, n'y a-t-il pas « quelque chose » que nous n'avons pas examiné.

Ce « quelque chose » c'est le moi, nous devons nous tourner vers l'intériorité. Le moi est-il un être ( le verbe être à deux significations : essence et existence S'interroger sur l'essence de quelque chose c'est se poser la question : Qu'est-ce que c'est ? S'interroger sur son existence c'est se poser la question :  Est-ce que cela est ?) qui n'a pas disparu avec le monde ? Comment peut-il être encore « quelque chose », c'est-à-dire exister ?

En confondant mon être avec celui de ma chair, « ne me suis-je donc pas aussi persuadé que je n'étais point ? » Non, car en supprimant tout, je n'ai pas supprimé l'être qui pense avoir tout supprimé. « J'étais sans doute, si je me suis persuadé ou seulement si j'ai pensé quelque chose. » Cette certitude est indubitable car pour penser il faut exister. Et même s'il existe un malin génie « il n'y a point de doute que je suis s'il me trompe », le malin génie lui-même ne peut rien contre la première certitude, car pour être tromper il faut être.

Ainsi le doute poussé jusqu'au paroxysme se découvre comme l'affirmation d'une vérité inébranlable. Ce qu'il y a de plus certain dans la connaissance ce ne sont pas les objets de la connaissance mais le sujet connaissant. Nous avons découvert la certitude indubitable que nous cherchions, « cette proposition : je suis, j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit ». Le cogito est la première certitude.

Pour Descartes toute conscience est en fait conscience de soi. La conscience, la pensée est essentiellement réflexive ( Conscience : intuition qu’a l’esprit de ses états et ses actes. La conscience réfléchie est la capacité de faire retour sur ses actions ou ses pensées et de les analyser.).Même si tout ce que je pense est faux, j’existe, car rien ne peut sortir de rien; Quelle que soit la véracité de mes pensée, je suis la substance à laquelle il faut rattacher toutes mes pensées, y compris la pensée du doute, la pensée de la négation méthodique.

 

(La substance c’est ce qu’il y a de permanent dans les choses qui changent, en tant que ce permanent est considéré comme un sujet qui est modifié par le changement tout en demeurant le même, et en servant de support commun à ses qualités successives. Par exemple pour Aristote un homme est une substance première, il peut changer être un enfant, un adulte ou un vieillard, mais il s’agit toujours de la même substance qui elle ne change pas.

Substance selon Descartes: “Lorsque nous concevons la substance, nous concevons seulement une chose qui existe en telle façon qu’elle n’a besoin que de soi-même pour exister.” Les Principes de la philosophie. Le critère qui permet de définir la substance, selon Descartes, c’est la suffisance ontologique, une substance n’a pas besoin d’une autre substance pour exister. Par exemple même si le monde, le corps et Dieu n’existent pas la substance pensante existe.)

 

Le cogito échappe au doute parce qu’il est d’un autre ordre que ce dont je doute. Lorsque tous les objets sont niés, il reste le sujet qui nie. Le cogito c’est la découverte du sujet comme véritable commencement. A partir de Descartes la conscience de soi sera la condition fondamentale de la démarche philosophique (Il a découvert que la chose pensante est la condition interne de toute pensée.).Le cogito est une intuition, il apparaît clairement à l’esprit, il s’impose de lui-même. Rien ne peut être antérieur au cogito ni chronologiquement, ni ontologiquement et ni logiquement.

 

Ce dernier point pose problème. En effet, dans Les méditations Descartes écrit: “Je suis, j’existe” et non “Je pense donc je suis “ (Discours de la méthode IV, 1). Le “donc” du Discours de la méthode ne signifie pas que le cogito est la conclusion d’un raisonnement, car le cogito est connu par une intuition et non par une déduction. “Lorsque quelqu’un dit: je pense donc je suis ou j’existe, il ne conclut pas l’existence de sa pensée comme par la force d’un syllogisme, mais comme une chose connue de soi: il la voit par une simple inspection de l’esprit.”(Descartes, Réponses aux secondes objections.). Le cogito est la première vérité, il ne peut être connu par un syllogisme, sinon il serait la troisième vérité, c’est-à-dire une conclusion. (Syllogisme: raisonnement comprenant trois propositions, une majeure, une mineure et une conclusion, et tel que la conclusion se tire de la majeure par l’intermédiaire de la mineure. Par exemple:

Tout ce qui pense est ou existe. Majeure

Or je pense. Mineure

Donc je suis ou j’existe. Conclusion.)

 

Le cogito est une connaissance nouvelle, il est le premier terme de la philosophie. Chaque sujet doit faire l’expérience de son existence, c’est une expérience métaphysique. Chacun doit découvrir qu’il n’est pas d’abord une personne ou un homme, qu’il n’est pas un objet parmi les objets, mais qu’il existe comme sujet (Sujet : la conscience en première personne en tant qu’elle s’oppose à ses objets.). Cette découverte est fondamentale, nous savons maintenant qu’il existe au moins une vérité. Le problème posé par Montaigne est résolu (“Que sais-je?”), il est impossible d’être sceptique. Le savoir est donc possible parce qu’il peut être fondé sur le cogito.

 

II) La connaissance de soi. ( Méditation II, §5 à 9)

Quelle-est la nature de l'esprit humain ?

 

A) La méthode, le doute.(Méditation II,§5 Jusqu'à « ce qui est entièrement indubitable »)

Après avoir découvert le « je pense », la première certitude, la question se pose de savoir ce que je suis, car le moi n'est pas encore clairement connu. En d'autre terme je sais que je suis mais je ne sais pas encore ce que je suis. Poser cette question c'est passer du « je » au « moi », du sujet à la substance, c'est supposer l'identité et la permanence du « je », c'est-à-dire de la substance pensante.

Parce que le moi n'est pas encore clairement connu et qu'il demeure dans nos esprit des préjugés sur nous-mêmes. Descartes nous propose de faire subir l'épreuve du doute à toutes les représentations communes du moi, les préjugés que nous avons de nous-mêmes, afin de découvrir le moi authentique.

Pour répondre à la question  : que suis-je ? Il utilise la même méthode et les mêmes arguments qu'il a utilisés pour répondre à la question précédente : Que sais-je ? La méthode de Descartes n'est donc pas l'introspection, l'observation immédiate d'une conscience individuelle par elle-même, mais le doute. (Remarque : à l'oral il faut définir le doute cartésien.)

 

1)Les représentations communes du moi.

 

a)Un animal raisonnable.(Méditation II, §6 de « Qu'est-ce donc que j'ai cru être ci-devant ? » jusqu'à « subtilité ».)

 

Selon Aristote et la scolastique « l'homme est un animal raisonnable ». Cette définition ne nous éclaire pas pour deux raisons.

 

La première est que l'humanité est une notion générale qui ne correspond à rien de sensible. En effet, ce qui est sensible c'est l'individu et non l'espèce humaine qui est un concept, une idée. Dans le concept d'homme il n'y a que l'essence de l'homme, le genre animal plus la différence spécifique de l'humanité la raison. Quand je dis que Socrate est un homme je lui attribue l'appartenance à une espèce l'humanité, cela n'est pas sensible.

(Genre, espèce, individu

Le genre animal e

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