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La mémoire est-elle une forme de l'habitude ?

Publié le 22/03/2004

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Forme de l'énoncé. C'est une question avec réponse proposée; on attend en principe un oui ou un non. Dire que la mémoire est une forme de l'habitude, c'est supposer que l'habitude en un sens général se définit par certains caractères, que la mémoire possède ces mêmes caractères, plus des caractères distinctifs; c'est supposer peut-être aussi qu'il existe d'autres formes d'habitudes qui ne sont pas la mémoire. Comparaison.La méthode que nous suivrons est la suivante 1 :- nous allons comparer point par point mémoire et habitude en notant, sur deux colonnes, les caractères de l'une et de l'autre,- nous établirons ensuite si possible des correspondances entre les caractères de la mémoire et ceux de l'habitude,- et nous relèverons ceux qui n'ont pas de correspondant.Supposons ce travail fait, au prix de tâtonnements et de corrections; voici quel en est le résultat.1. - Dans tous les cas que nous avons considérés, sans exception, pour la mémoire comme pour l'habitude, il s'agit à'acquisitions : quelque chose est apparu, qui n'existait pas auparavant : une leçon apprise par coeur, un réflexe conditionné, un souvenir conservé ou la possession d'un savoir-faire.Comment s'est faite cette acquisition? Dans un cas et un seul, celui du souvenir, il a suffi d'une unique expérience, d'une perception fugitive, pour qu'il soit possible de s'en souvenir.

« 4.

— Le dernier cas est celui du savoir et du savoir-faire; savoir le latin, et savoir jouer du violon.

Dans les deux cason a réussi, par des exercices méthodiques et soigneusement gradués, à acquérir un certain pouvoir,pouvoir de traduire un texte latin, pouvoir de déchiffrer une partition de violon.

Notons bien d'ailleurs quel'expression savoir-faire a deux sens; cela peut désigner la connaissance des procédés à employer pour arriver à uncertain résultat, des recettes à appliquer; ce n'est là au fond qu'une leçon apprise par coeur; mais cela désigneaussi, et proprement, le pouvoir d'exécuter librement des actions complexes et difficiles, c'est-à-dire l'habileté, letour de main, l'adresse, etc.Nous pouvons maintenant répondre à la question que nous pose l'énoncé.Nous appellerons proprement habitude la modification non seulement de l'organisme, mais de l'être tout entier qui ledispose à réagir autrement à tel excitant donné.

C'est en ce sens qu'on dit que l'habitude du monde peut vaincre latimidité.

Mais il n'y a pas lieu de parler de mémoire à ce propos.Nous avons suggéré que ce fait général expliquerait peut-être la réalisation en nous de ces enchaînements oumécanismes montés qui se déroulent d'eux-mêmes stéréotypés.

Or ces faits sont unanimement portés au compte dela mémoire, et nous sommes en train de les expliquer par le fait général de l'habitude.Quant au savoir et au savoir-faire, c'est trop peu de les appeler habitude, trop peu aussi de les appeler mémoire.

Ilsconstituent une sorte de présence permanente à l'être de tous ses pouvoirs; ils sont le fond de l'identitépersonnelle.Restent le souvenir et la reconnaissance, faits qui constituent authentiquement la mémoire.

La mémoire est unepuissance d'évocation de ce qui est reconnu comme passé.

Le souvenir est en somme l'émergence consciente d'unesorte de fonds commun, permanent lui aussi comme ce que nous appelons savoir et savoir-faire.Nous n'avons donc répondu ni oui, ni non, en bloc; mais nous avons analysé les faits et nous nous sommes efforcésde distinguer au lieu de confondre et de juger globalement.. »

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