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LA MÉTAPHYSIQUE ET LES ARTS

Publié le 06/04/2011

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   Dans l'un et l'autre domaine, celui de la métaphysique comme celui des arts (ici la littérature), il s'agit, selon Jean Hytier, d'inventer des univers à notre mesure, en employant des moyens variés.    La métaphysique comme œuvre d'art:    Qu'est-ce que la métaphysique au sens habituel du mot? Un effort pour interpréter le monde, pour le dépasser en découvrant sa structure profonde et sa signification cachée sous les apparences qu'il présente, pour lui substituer une figure à la mesure de la pensée humaine. Aussi la métaphysique des philosophes est-elle, à mon sens, une œuvre d'art1. Leurs systèmes relèvent de l'esthétique, au même titre que les autres arts de l'imagination comme la poésie, le théâtre ou le roman. La poésie, le théâtre, le roman sont, en effet, des tentatives pour inventer des univers à notre mesure à côté du monde réel, très différents de lui, mais fatalement apparentés à lui, et qui essaient d'être plus satisfaisants.    Organisation de l'esprit autour d'une faculté maîtresse :    L'élaboration d'une œuvre littéraire exige de l'esprit la collaboration de tous ses pouvoirs. Dans une tragédie, une nouvelle, un poème, il n'est pas douteux que la volonté, le sentiment et l'intelligence de l'auteur ont eu leur part. Mais on peut se demander si chaque genre de littérature, tout en utilisant nécessairement à des degrés divers et avec des fonctions spéciales, toutes les facultés, n'a pas sa racine propre dans l'une d'entre elles. Il semble bien, en effet, qu'aux différences si évidentes que présentent des arts comme le roman, le drame, la poésie, dont les effets sur la sensibilité sont si peu comparables, doivent correspondre des inspirations radicalement spécifiques. On peut même penser, a priori, que la disposition fondamentale qui fait qu'on est poète, dramaturge ou romancier expliquera pour une bonne part les particularités de structure, de technique et d'expression du genre adopté. Comme nous avons cependant admis ce fait d'expérience que l'esprit tout entier était au travail dans l'œuvre d'imagination, il reste, pour expliquer la diversité des genres littéraires, que toutes les puissances de l'âme se mettent, pour chaque genre, au service de l'une d'entre elles.  La critique doit reconnaître d'abord cette faculté maîtresse d'oeuvre    Privilégiée, conductrice, maîtresse d'œuvre, c'est elle qui organisera la fiction selon sa nature; c'est elle que nous devrons déceler chaque fois que nous ferons la critique d'une œuvre, ou dont nous devrons signaler dans les œuvres manquées l'absence, la faiblesse, les défaillances ou la servilité à l'égard de puissances usurpatrices. Les véritables muses, ce sont ces énergies intérieures de la Psyché; mais il ne faut pas qu'elles s'agitent en désordre, il faut qu'elles dansent avec ensemble et que l'une d'entre elles soit le musa-gète. On a bien l'impression que dans la poésie tout est subordonné au sentiment et que rien n'y a de sens que par lui; c'est pourquoi nous dirons que la poésie est une métaphysique du cœur. Dans le drame, nous sentons se déployer un dynamisme qui révèle une énergie dominante : le drame est une métaphysique de la volonté.    (Jean Hytier, Les arts de littérature, Ed. Chariot)    Il semble d'ailleurs que ce qui, en fin de compte, rapproche l'art et la métaphysique ce soit, avant tout, le souci d'exprimer l'état des sentiments humains, lequel domine dans toute création (hors la science).    Ce qu'ont de commun les grands artistes contemporains, dit Lionello Venturi,    c'est leur effort pour s'affranchir de la nature extérieure. De quoi fait-on abstraction? Evidemment de la nature extérieure. Mais le mot nature a plusieurs sens, il veut dire quelquefois : nature de l'homme. Or, le peintre peut créer de l'art en faisant abstraction de la nature extérieure — hommes nu arbres, maisons ou montagnes — mais non pas de la nature de l'homme, non pas du sentiment de l'artiste.    (L. Venturi, La peinture contemporaine)

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