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Michelet commençait ainsi l'une de ses leçons au Collège de France : Le grand Siècle, Messieurs, je veux dire le XVIIIe. Vous expliquez-vous son admiration ? La partagez-vous ?

Publié le 10/02/2012

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michelet

Le règne de Louis XIV se divise, paraît-il, en deux périodes : avant, et après la fistule. L'enseignement de Michelet au Collège de France - sorte de règne intellectuel - offre, à coup sûr, deux phases : avant, et après Quinet. Avant (1838-1842), ce sont, encore que parfois tendancieuses, de calmes «leçons« d'histoire. Après (1842-1852), ce sont des «conversations« lyriques, où le professeur épanche ses admirations et ses haines politiques et religieuses. La déclaration fameuse : « Le Grand Siècle, je veux dire le xviiie ... « ouvre l'un de ces cours orageux....

michelet

« neste éducation» qui « chloroformise les âmes» -celle des Jésuites - s'enrôle dans la société catholique et royaliste des Bonnes Etudes.

Eût-il, sans cela, été nommé, par M.

Frayssinous, professeur à l'Ecole Normàle (1827)? Agrégé en 1821, professeur à Sainte-Barbe en 1822, il épouse, en 1824, Pauline Rousseau.

Médiocre, superficielle, autoritaire, cette femme plus âgée que lui de sept ans, aigrie par l'abandon d'une mère légère- aristocrate passagèrement müe à un chanteur -avive les préjugés de son mari contre la noblesse et l'ancien régime.

En 1839, il perd cette femme; en 1842, meurt une amie, Mm• Dumesnil, dont l'avaient séparé les croyances religieuses.

Il ne le leur pardonne pas.

Et ici entre en scène Quinet, son mauvais génie ...

sa « fistule ».

C'est de son amitié avec ce germanisant, ce cosmopolite, ce prêcheur de révolution, ce fils d'une protestante qui « possédait l'esprit du XVIII" siècle dans sa fleur », que date la campagne antiroyaliste et an ti catho­ lique inaugurée par le pamphlet à deux sur les Jésuites.

En ce même temps, Michelet rêve, avec le géologue Elie de Beaumont, d'une foi nouvelle à base de science.

De 1839 à 1849, dit M.

Pierre Moreau, « ses médiocres amours de veuf » lui inspirent « ses théories d'historien » ; et des « troubles ren­ contres de sa pensée et de ses mœurs » émanent la plupart de ses jugements.

De 1849 à 1874, sa seconde femme, institutrice, conquise à 23 ans par la .lecture du Prêtre, exerce sur lui une « enveloppante domination ».

Ces rela­ tions diverses expliquent l'évolution de Michelet .

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Si, à partir de 1842, il déteste le xvii• siècle, c'est que celui-ci représente l' Antinature, le règne de la contrainte intellectuelle et morale, de la Fatalité, comme il dit.

C'est que le Sacerdoce, avec les Jésuites; la Royauté, avec Louis XIV, y atteignent leur apogée, y font de la France leur chose, leur proie.

S'il aime et admire le xvm• siècle, c'est que le Naturalisme s'y empare de tout : vie, lettres, arts, sciences.

C'est que l'influence du Clergé ne cesse de diminuer, les Jésuites sont supprimés, l'autorité royale avilie et sapée s'effondre dans le sang, le peuple triomphe, la Révolution substitue la Liberté à la Fatalité.

Le xvn• siècle croit au do~me de la déchéance originelle, base de la doctrine chrétienne.

Le Jansenisme aggrave les conséquences du péché d'Adam.

Michelet confond la vérité et l'hérésie.

« La liberté perdue dans la grâce» : voilà pour lui le christianisme.

La Nature opprimée par la grâce, l'homme éteint par cette sombre croyance, ou associant à la religion d'in­ nommables turpitudes ; voilà le siècle de François de Sales, de Vincent de Paul, de Bérulle, de Pascal, de Bossuet, de Bourdaloue : « L' Antinature, par devant, c'est la Trappe.

Et ailleurs? On n'ose dire quoi.» La morale de ce temps se résume dans.

la .compression des forces vives, dans l'abstention ...

dans l'hypocrisie.

L'esprit est emprisonné dans le dogme; la philosophie rivée à la scolastique (Descartes, si hardi :pourtant, est un ennemi); les sciences, enchaînées par les efforts combines de l'Eglise et de l'Etat, ne peuvent prendre leur essor.

La liberté se réfugie à l'étranger, ou se voile d'une prudence humiliante.

Vienne le XVIII" siècle, et la Nature, foncièrement et toujours bonne, retrouve ses droits, s'élance librement, envahit tout.

Si le xvm• siècle est - avec le xvi• - le « Grand Siècle», c'est d'abord pour avoir réhabilité la Nature, qui est la vie même, nous le savons, et combattu le concept de la Grâce, générateur de mort.

Michelet célèbre ce triomphe sur le mode lyrique, il est en proie au délire sacré en songeant à la France de Voltaire.

La déesse dit à l'homme, en une prosopopée à la manière de Rousseau : « Reviens à moi, pauvre homme, reviens, infortuné ...

Elle le dit par toutes les voix de la science.

Elle le dit par la médecine, et c'est le mot d'Hoffmann, dont les médecins de la Régence ont tous été les disciples.

Elle le dit par l'histoire naturelle, qui déjà semble ouvrir la voie de Geoffroy Saint-Hilaire.

Elle le dit plus haut encore, par le droit et l'histoire ...

» - De 1748 à 1757, la France «étonne le monde d'une fécondité inouï.e.

Jamais tant de grands livres ne parurent en même temps ».

Ce sont, « comme aux époques antiques, des soulèvements de la terre, des masses énormes et .colos­ sales, des Alpes et des Pyrénées» : l'Esprit des Lois ...

«coup de théâtre i~mense »; l'Histoire Naturelle .de Buffon, «théorie de la terre, qui le menera en trente ans, aux Epoques de la Nature»;, rEssui sur les Mœurs,. »

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