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Le milieu industriel

Publié le 12/06/2011

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« Nous appelons milieu naturel, le milieu des civilisations ou communautés prémachinistes dans lequel l'homme réagit à des stimulations venues pour la plupart d'éléments naturels, la terre, l'eau, les plantes, les saisons, ou venues d'êtres vivants, animaux ou hommes. Dans ce milieu, les divers outils sont des prolongements directs du corps, adaptés au corps, façonnés par le corps selon des processus où les conditionnements biologiques, psychologiques et sociaux sont étroitement mêlés comme l'a en particulier admirablement montré Marcel Mauss dans son mémoire classique sur les techniques du corps. Par ailleurs, les outils, dans ce milieu naturel, sont dans le prolongement direct de l'habileté professionnelle comme on le voit par exemple en analysant psychotechniquement le travail du forgeron traditionnel. Enfin, ces outils sont associés à l'expérience et à la connaissance du matériau sur lequel travaille l'artisan, cette expérience et cette connaissance du matériau formant la part essentielle de l'apprentissage des métiers globaux et unitaires qui sont artisanaux par définition et cela, dans toutes les communautés et civilisations prémachinistes. « D'autre part, nous appelons milieu technique, celui qui se développe dans les sociétés et communautés industrialisées depuis le début de l'ère des révolutions industrielles, c'est-à-dire depuis la fin du XVIIIe siècle pour l'Angleterre et le début du XIXe pour le continent. Dans ce milieu technique, la part des stimulations que nous avons précédemment définies décroît et par contre, en même temps, se resserre autour de l'homme, et cela de plus en plus, un réseau de techniques complexes tendant vers l'automatisme. «

Georges FRIEDMANN, Villes et campagnes, A. Colin.

« On parvenait à une vitesse de gestes étonnante. Ouvrir un tiroir, l'explorer, en retirer un outil, repousser un tiroir, ne prenait qu'un instant. On était déjà occupé à une perceuse. On agissait comme dans les films fous où les images se suivent à une vitesse choquante. On gagnait du temps. On le perdait à attendre la meule, la perceuse, le pont roulant. Il fallait trop souvent faire face au manque de petit outillage. Ces trous dans l'organisation d'une usine qui passait pour fonctionner à l'américaine, c'était de la fatigue pour nous. « Plus encore que l'insistance des chefs, c'est l'énorme tam-tam des machines qui accélérait nos gestes, tendait notre volonté d'être rapides. Le coeur essayait de s'accorder à la vitesse des claquements de courroies. Dehors l'usine me suivait. Elle m'était rentrée dedans. Dans mes rêves, j'étais machine. Toute la terre n'était qu'une immense usine. Je tournais avec un engrenage. «

Georges NAVEL, écrivain français contemporain, Travaux, Stock.

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