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Le Ministère du cardinal Fleury.

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

« Le cardinal de Fleury,  qui ne l'était pas encore, mais qui le devint six semaines ou deux mois après, prit donc le jour même les rênes du gouvernement, et ne les a quittées qu'avec la vie, à la fin de janvier 1743. Jamais roi de France, pas même Louis XIV, n'a régné d'une manière si absolue, si sûre, si éloignée de toute contradiction, et n'a embrassé si pleinement et si despotiquement toutes les différentes parties du gouvernement ou de la cour jusqu'aux plus grandes bagatelles. Le feu roi Louis XIV éprouva souvent des embarras par la guerre et ses ministres et quelquefois par la représentation de ses généraux d'armée et de quelques grands distingués de sa cour ; Fleury les faisait venir pour recevoir et exécuter ses ordres sans la plus légère réplique et sans que pas un d'eux, ni des princes, ni des seigneurs de la cour, ni des dames, ni des valets qui approchaient le plus du roi, osassent proférer aucune parole à ce prince, de quoi que ce soit qui ne fût une bagatelle entièrement indifférente.

Il trouva le gouvernement entièrement monté au ton de l'Angleterre, et un ambassadeur de cette couronne bien plus mesuré mais aussi bien plus subtil que n'avait été Stairs, auquel il avait succédé. C'était Horace Walpole, frère de Robert, qui gouvernait alors principalement en Angleterre. La partie n'était pas égale entre eux : Horace, nourri dans les affaires comme le sont tous les Anglais, mais, de plus, frère et ami de celui qui les conduisait toutes, qui les consultait avec lui de longue main et qui les dirigeait de Londres, étaient l'un et l'autre des génies très distingués. «

(Saint-Simon.)

 

Vues politiques du cardinal Fleury (1725).

Il n'était encore qu'évêque de Fréjus, membre du conseil des ministres, où ses idées ne prévalaient pas. Toutefois son influence considérable sur l'esprit du jeune roi dont il avait été le précepteur, et son austère sagesse lui donnaient déjà une grande autorité. Il était, dès lors, un partisan passionné de l'alliance anglaise, persuadé comme il l'était que cette alliance assurait la paix de l'Europe et croyant la paix nécessaire à la France. Mais ni cette conviction, ni son amitié pour Walpole, l'ambassadeur d'Angleterre, ne l'aveuglaient complètement alors. On avait décidé le mariage de Louis XV avec une infante d'Espagne. Elle avait sept ans. Elle vint en France. On la renvoya en Espagne avant les fiançailles. On agita la question d'un mariage avec une princesse d'Angleterre. Fleury s'y opposa. «Pour ce qui regarde la France où l'unité de religion est essentielle, disait-il, je crains que l'aînée des princesses, élevée dans le protestantisme jusqu'à l'âge de seize ans sous les yeux de sa mère, qui par attachement pour sa religion a refusé la main de l'Empereur, n'en garde au fond du cœur les sentiments et le zèle, malgré l'abjuration extérieure que pourraient lui imposer les nécessités de la politique. Cet attachement secret pourrait encourager les jansénistes à s'unir avec les protestants qui restent en France, pour fomenter des troubles religieux.

Si le roi mourait le premier et qu'elle devînt régente en conservant l'éducation de ses enfants, nul ne peut prévoir les divisions et les troubles que devrait amener un pareil état de choses. «

(Walpole. Corr. diplomatique.)

 

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