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La misère dans les campagnes

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

« Il y eut trois années consécutives de famine. Toute la famille alla mendier de quoi manger. Dans la ville de Chin-chang, les conditions de vie étaient affreuses. Beaucoup de mères jetèrent leurs nouveau-nés dans le fleuve. Un grand nombre d'enfants erraient par les rues et ne pouvaient retrouver leurs parents. Nous dûmes vendre notre fille aînée. Elle avait déjà 14 ans. Nous nous dîmes qu'il valait mieux partir plutôt que de mourir sur place. Nous vendîmes les quelques objets que nous possédions. Nous attachâmes notre édredon rapiécé au bout d'une perche, plaçâmes notre petit garçon dans un panier fixé à l'autre bout, et partîmes pour Ch'ang-chih. Il pleura de faim tout le long du chemin. Nous nous arrêtâmes devant un portail pour nous reposer. L'enfant pleurait si fort qu'une femme sortit ? Nous restâmes là pendant trois jours. Le quatrième jour, la femme déclara qu'elle venait acheter l'enfant. Nous le mîmes sur le k'ang. Il s'endormit. Dans la pièce voisine, on nous remit cinq dollars d'argent, puis on nous jeta rapidement dehors ; car ils craignaient qu'en se réveillant, l'enfant ne pleure en demandant sa mère. J'avais le coeur déchiré. Vendre son propre enfant est cruel et abominable. Nous pleurâmes toute une journée sur la route. » « Je faillis mourir de faim. Un jour j'étais allongée dans la rue. Une voiture se dirigea vers moi. Le conducteur me cria de m'écarter, mais j'étais trop affaiblie. Peu m'importait qu'il passe ou non sur moi. Finalement, il dut me contourner. » « Pendant la famine, nous mangeâmes des feuilles et des restes de mères de vinaigre. Nous étions si faibles et affamés que nous ne pouvions marcher. J'errai sur les collines pour chercher des feuilles. Là, je rencontrai des gens qui se battaient pour s'emparer des feuilles des arbres. Ma petite soeur mourut de faim. La femme de mon frère ne put supporter la faim et s'enfuit pour ne plus jamais revenir. Ma cousine dut accepter de devenir la concubine d'un propriétaire foncier. » Cité d'après William H. Hinton, Fanshen. La révolution communiste dans un village chinois, coll. Terre humaine, Plon, 1981

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