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Le moi devient-il plus énigmatique en raison de notre dependance à l'égard d'autrui ?

Publié le 05/04/2009

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Le moi devient-il plus énigmatique en raison de notre dependance à l'égard d'autrui ?

Le Moi désigne ce qui demeure stable dans mon être à travers le changement du temps; au sens général, il est formé par la manière dont les êtres conscients se perçoivent eux-mêmes. La dépendance désigne la relation de subordination hiérarchique qu’une chose entretient avec une autre en raison de son incapacité à être seule ce qu’elle est . Or si les hommes sont des êtres qui se perçoivent eux-mêmes, ils n’en sont pas moins dépendants à l’égard d’autrui. De quelle sorte est cette dépendance ? Au-delà des relations de dépendance économique réciproque que nous entretenons avec autrui dans la cité, nous sommes d’abord et avant tout dépendants de son regard. En effet autrui produit une image de nous-mêmes dans laquelle nous nous reconnaissons et nous nous estimons : nous sommes alors dépendants du regard d’autrui. Pourtant autrui n’a pas accès  mon intériorité. Aussi si la connaissance que j’aie de mon moi dépend d’autrui, il est nécessaire que plus je sois dépendant à l’égard d’autrui, plus mon moi devient énigmatique. Cependant il faut remettre en cause ce présupposé : il existerait une intériorité que je serais le seul à connaître. En effet si nous posons que le moi se manifeste à travers ses actes, autrui peut me connaître autant sinon mieux que moi-même. La dépendance à l’égard d’autrui serait une dépendance féconde sans laquelle je ne peux jamais savoir qui je suis. Ainsi, loin de devenir plus énigmatique, le moi s’éclaire sous le regard d’autrui.  Est -ce à dire pourtant que je dois me reconnaître dans toutes les images de moi qu’autrui me renvoient ? Sur quoi se fonde la légitimité de ces regards ?  Nous sommes dès lors confrontés à ce problème : se reconnaître dans l’image de nous-mêmes que le regard d’autrui nous renvoie, cela nous éloigne t-il de la connaissance de notre moi au au contraire cela nous en rapproche t-il ?

  • I Plus nous sommes dépendants du regard d’autrui, plus notre moi nous devient énigmatique
  • II Loin de devenir plus énigmatique, le moi s’éclaire sous le regard d’autrui. 
  • III Nous sommes responsables des regards qui nous renverront une image de nous-mêmes

« par nous-mêmes.

C'est seulement si ces actes tombent sous le regard d'autrui que nous les connaissons.

Ainsi si lemoi est constitué par les actes et que je ne peux prendre conscience de ces actes, c'est la dépendance à l'égardd'autrui qu me permet de dissiper l'énigme de mon moi, et de prendre conscience des actes que je suis parl'intermédiaire d'autrui c'est ce que l'on peut soutenir avec Sartre en reprenant son analyse de la honte : la honteest la reconnaissance que je suis l'image qu'autrui a de moi.

Par exemple, je me crois seul et fais un acte vulgaireque je néglige.

Or je prend suçotement conscience de la présence d'autrui, alors le regard d'autrui me met àdistance de moi-même et me renvoie une image de moi où je reconnais que j'ai fait un acte vulgaire.

C'est par autruique je me connais comme vulgaire Loin de devenir plus énigmatique, le moi s'éclaire sous le regard d'autrui.

La dépendance à l'égard d'autrui serait unedépendance féconde sans laquelle je ne peux jamais savoir qui je suis.

Ainsi, loin de devenir plus énigmatique, le mois'éclaire sous le regard d'autrui.

Est -ce à dire pourtant que je dois me reconnaître dans toutes les images de moiqu'autrui me renvoient ? Sur quoi se fonde la légitimité de ces regards ? III Nous sommes responsables des regards qui nous renverront une image de nous-mêmes _ Le moi ne peut s'éclairer de lui-même, il ne se connaît que par l'intermédiaire du regard d'autrui.

Cependant tousles regards ne me renvoient pas nécessairement une image fidèle de ce que je suis.

En effet rien ne me garantitqu'autrui ne déforme pas sciemment son regard pour me nuire.

Si autrui a l'intention de me nuire, et qu'il sait que jesuis dépendant de lui dans la connaissance et l'estime que j'aie de moi-même, il peut déformer mon image afin que jene m'estime pas à ma juste valeur et que j'ignore ce que je suis.

Ainsi dans la pièce éponyme de Molière, Tartuffe l'hypocrite renvoie au mari bigot une image d'homme pieux qui le flatte et le rend aveugle aux tentative deséduction de sa femme.

Inversement on peut facilement imaginer une personne qui, lorsque nous la consultonsavant de commencer un grand projet, s'emploie à nous faire douter de nos forces afin que nous n'osions pas nouslancer dans ce projet que nous aurions pourtant réussi.

Bref nous ne pouvons considérer que tous les regards ontdroit de nous dire ce que nous sommes._ Les seuls regards qui peuvent nous apprendre ce que nous sommes sont les regards de nos amis qui nousapprennent qui nous sommes.

Aussi si c'est par autrui que je ne suis plus une énigme à moi-même, j'ai ma part deresponsabilité dans ce projet d'éclaircissement qui peut au contraire obscurcir ou déformer l'image que j'aie de moi-même.

En effet nous choisissons nos miroirs, et c'est nous-mêmes qui décidons de nous reconnaître dans ls imagesque l'on nous donne.

C'est la raison pour laquelle il faut bien choisir ses amis.

C'est ce que nous pouvons souteniravec Machiavel au chapitre XXIII du Prince : le prince pour se faire respecter ne peut permettre à chacun de dire ce qu'il pense de ses actes car il doit se faire respecter, mais il ne peut pasplus à se fier aux flatteurs dont les cours sont pleines et qui cherchent àservir leur intérêts plutôt que ceux du prince.

Selon Machiavel il faut alors quele Prince permette à quelques uns de ses conseillers de lui dire toute la véritésur ses actes afin de se prémunir des erreurs Ainsi un ami est une personnequi nous laisse être tel que nous sommes et nous avertit quand nous nesommes plus à la hauteur de ce que nous sommes.

Il n'empêche que tout cedispositif se fonde en dernière instance sur la confiance que nous accordonsà leur regard.

Cela dépend donc de nous-mêmes.

Conclusion : nous sommes une énigme à nous-mêmes que seul le regard d'autrui peut contribuer à dissiper ou du moins à éclaircir.

Car nous n'avonspas accès à nous-mêmes, c'est par l'intermédiaire d'autrui que nous pouvonssavoir quel moi nous sommes.

Mais comme rien ne garantir la vérité de cesimages, il incombe à notre responsabilité de choisir les regards en qui nousaccordons notre confiance.

En définitive, la connaissance du moi par ladépendance à l'égard d'autrui résulte paradoxalement d'une décision du moi.. »

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