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La morale n'a-t-elle aucune valeur ?

Publié le 21/02/2004

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morale
.. On ne peut se rassasier de diriger son regard dans cette direction et d'admirer en soi-même une puissance qui ne recule devant aucune puissance de la nature. » (« Sur un ton supérieur pris en philosophie »). Pas de société sans moraleA côté de la «morale ouverte», qui est celle du saint et du héros, Bergson identifie une «morale close» qui trouve son origine dans l'exigence sociale. Par un système rigoureux de prescriptions et d'interdits, la morale close se borne à dresser les comportements en vue de l'adaptation du sujet à la vie sociale. Cette morale statique est inculquée aux enfants dès leur plus jeune âge, de façon à ce qu'elle se transforme rapidement en habitudes. Ce sont des réflexions de cet ordre, mais très approfondies que nous retrouvons dans le célèbre ouvrage de Bergson : Les deux sources de la morale et de la religion.Sans doute Bergson ne conteste-t-il pas que sous un certain aspect la morale nous apparaisse comme un système de règles et d'obligations. Il est en effet une morale commune et quotidienne qui se réduit à un ensemble d'habitudes collectives : faire son travail professionnel, ne pas dérober le bien d'autrui, etc. Plutôt que d'obligations transcendantes, il s'agit ici de nécessités sociales. Les règles communes n'expriment rien d'autre que la tendance du groupe à se conserver lui-même.
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« commande à l'inférieur et ait plus que lui.

En vertu de quelle sorte de justice, dis-moi, Xerxès a-t-il fait uneexpédition contre la Grèce, ou son père contre les Scythes? sans parler de mille autres exemples analogues que l'onpourrait alléguer.

Eh bien! cette conduite de la part de ces gens-là est conforme à une nature, à la nature du juste,et, par Zeus! conforme en vérité à une loi qui est celle de la nature; non point toutefois, sans doute, à celle quenous, nous avons instituée.

Modelés à façon, les meilleurs et les plus forts d'entre nous, pris en main dès l'enfance,sont, tels des lions, réduits en servitude par nos incantations et nos sortilèges, apprenant de nous que le devoir estl'égalité, que c'est cela qui est beau et qui est juste! Mais, que vienne à paraître, j'imagine, un homme ayant lenaturel qu'il faut, voilà par lui tout cela secoué, mis en pièces: il s'échappe, il foule aux pieds nos formules, nossorcelleries, nos incantations et ces lois qui, toutes sans exception, sont contraires à la nature; notre esclave s'estinsurgé et s'est révélé maître.

C'est à cet instant que resplendit la justice selon la nature." Les lois sont au service des faibles.

C'est l'explication proposée par Calliclès.

Nous savons que Calliclès oppose cequ'il présente comme une notion naturelle du juste (il est juste d'établir sa domination sur les plus faibles sans selaisser soi-même dominer), à une notion conventionnelle du juste (il est juste de s'abstenir d'établir sa dominationsur les plus faibles).

Calliclès a aussi des idées sur l'origine de telles conventions : à ses yeux, elles répondent audésir des plus faibles de ne pas être dominés, malgré l'absence de force qui les prédispose à l'être.

Ce qui permetaux plus faibles de traduire leurs conceptions sous forme de lois réelles, c'est qu'ils trouvent une force decompensation dans leur nombre, qui les porte au pouvoir en dépit de leur absence de valeur personnelle : « lemalheur est que ce sont, je crois, les faibles et le grand nombre auxquels est due l'institution des lois.

Aussiinstituent-ils ces lois par rapport à eux-mêmes et à leur avantage ».En produisant une explication de ce type, Calliclès entend rendre compte tout particulièrement du régimedémocratique, dans lequel s'impose la loi du nombre, mais on peut penser que plus généralement, les plus démunissont davantage demandeurs de législation, car là où rien n'est interdit, la force peut se donner libre cours, et lespuissants règnent sans entraves : la demande même de loi serait nécessairement le fait des faibles, que leprocessus d'établissement des lois soit ou non démocratique.Une explication de même nature se retrouve au XIX ième chez Nietzsche, non pas exactement à propos del'établissement des législations, mais plus largement à propos de l'émergence des valeurs juridiques et morales.Reprenant dans la « Généalogie de la morale », l'opposition entre forts et faibles.

Nietzsche estime que l'évaluationappartient tout d'abord aux forts (la « superbe brute blonde »), satisfaits de leur force et de la vie, mais quel'histoire humaine connaît une « révolte des esclaves », dont les grands représentants sont le Christ, Socrate, et lessocialistes.

Incapable d'une véritable action, le « troupeau » des faibles compense son incapacité à dominer par unecondamnation, et, poussé par le « ressentiment », s'arrange pour trouver mauvais le fait naturel de la dominationpar les forts, renversant ainsi imaginairement la relation hiérarchique. Toute morale est symptômeEn procédant à la «généalogie» de la morale judéo-chrétienne, Nietzschedécouvre que c'est un instinct de vie faible, malade et déclinant qui est àl'origine de la suprématie des valeurs ascétiques (valeurs du renoncement etde la privation) prônées en Europe depuis l'Antiquité.

Il n'y a donc pas devaleur morale absolue: chaque peuple appelle «bien» ce qui s'accorde avecson «état de santé».Deleuze a commenté remarquablement Nietzsche en faisant valoir que si lamorale aristocratique (dont Nietzsche se réclame) s'énonce « je suis bon donctu es méchant », la morale des esclaves et des décadents se délivre par « tues méchant donc je suis bon ».La première formule débute par une pleine affirmation de soi, une auto-exaltation, dont le « tu es méchant » n'est que la conséquence.

Lesesclaves, les faibles se reconnaissent à ce qu'ils ré-agissent, sont deshommes du ressentiment et de la vengeance. Le désir de vengeance et le ressentimentCette tension de la vie pour se surmonter elle-même sous la forme de lavolonté de puissance peut-elle aller à l'infini ? Une ascension infinie n'est paspossible parce que la volonté vient se heurter au temps : la volonté depuissance vient achopper sur l'essence du temps comme sur sa limite.

Ellepeut bien vouloir l'avenir mais non pas le passé.

Si l'avenir est le domaine quilui est ouvert, le passé semble lui échapper pour toujours : « En arrière ne peut vouloir la volonté.

»La volonté ne peut vouloir en arrière que sous les formes morbides du désir de vengeance et du ressentiment.

Cettevolonté réactive ne veut pas simplement abolir ou annuler ceci ou cela, c'est contre le devenir lui-même dans cequ'il a d'irréversible et d'inexorable qu'elle s'exerce, parce que c'est à sa propre impuissance à vouloir pour le passéqu'elle se trouve confrontée. Pour parvenir à se supporter eux-mêmes, ils ont besoin de s'opposer à d'autres.Ainsi, ils commencent par poser l'autre comme « méchant », et c'est parce qu'ils ne supporter pas l'autre qu'ils senomment « bons ».

Le caractère de « bon » n'est pas ici une affirmation de soi, mais une réaction, la marque duressentiment, de la vengeance, devant autrui.On comprend le mot de Nietzsche, la religion « a fait de toute valeur une non valeur », en elle il n'y a « que des finsmauvaises : la contamination, le dénigrement, la négation de la vie, le mépris du corps et l'auto-avilissement del'homme par l'idée de péché.

» Ce qui engendre une inversion des valeurs.

Les valeurs affirmatives d'actions, de. »

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