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La morale est-elle l'ennemie de la vie ?

Publié le 27/02/2004

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morale
Si la moralité des moeurs est un principe de civilisation qui dompte la volonté vitale en ses tendances barbares ou violentes, la vie reprend nécessairement le dessus, motivée par une volonté de puissance par laquelle les forts dominent les faibles, et par laquelle le destin de toute force est d'aller jusqu'au bout d'elle-même. L'impératif de la vie contre l'obligation morale Nietzsche, dans Aurore, décèle sous l'obligation kantienne du devoir l'expression d'une cruauté ascétique. Le devoir va à l'encontre de nos habitudes, il s'oppose à notre nature sensible, il se définit par la pureté de l'intention. Pour conserver toute sa valeur, il doit se montrer importun, pénible, voire douloureux. Ne peut-on observer, sous le commandement du devoir, un goût coupable et douteux pour la souffrance physique, une soumission servile et craintive à l'impératif de la loi ? L'obéissance au devoir s'oppose à la vie et à ses forces puissantes, qui commandent l'égoïsme, la préservation de nous-mêmes et plus encore l'affirmation et la réalisation de nos buts. L'obéissance au devoir est une mortification. Il n'apporte d'autre satisfaction que celle de l'obéissance à une loi qui n'est pas nôtre. L'individu se sacrifie sur l'autel de l'idée et de la raison, sans trouver d'intérêt pour lui ni pour les autres : "Une vertu est nuisible quand elle ne tient qu'à un sentiment de respect pour l'idée de "vertu" comme le voulait Kant." Contre les impératifs exsangues de la raison, Nietzsche proclame les droits de l'instinct et des puissances vitales : l'être humain vise l'affirmation de sa subjectivité et non la soumission à une loi universelle.
morale

« Une longue tradition philosophico-religieuse, mélangeant platonisme et christianisme, a défendu une éthiquede la renonciation.

Les choses matérielles nous détournent de la connaissance de Dieu.

Il faut se détacherdes biens terrestres pour savoir ce qu'est l'essence divine du bien. [La morale a pour seule finalité de permettre aux hommes de vivre en bonne harmonie.

J'ai tout intérêt àrespecter autrui.

Je ne suis jamais aussi fort qu'en pouvant compter sur mes semblables.] Le bien n'est pas une notion abstraiteOn a souvent reproché à Kant le caractère rigoriste de sa morale.

Son mérite, toutefois, est de se fonder surla seule raison, et non sur la connaissance d'un hypothétique «souverain Bien».

Si le principe de toute actionmorale ne peut pas être, pense Kant, le plaisir, le bonheur, il ne s'oppose cependant pas à la vie.

Son but estde renforcer les liens unissant les hommes. Toute morale est respectRespecter autrui en tant que personne est l'essence même de la morale.

En tant qu'être social, l'homme nepeut pas se passer de ses semblables.

Utiliser autrui comme un moyen en vue de parvenir à ses propres finsest chose à quoi me pousse mon égoïsme.

Mais c'est précisément un tel égoïsme qui, une fois généralisé,affaiblit le corps social et, partant, finit par desservir les intérêts collectifs aussi bien qu 'individuels. «Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans tapersonne que dans la personne de tout autre toujours en même tempscomme une fin et jamais simplement comme un moyen.» Kant,Fondements de la métaphysique des moeurs (1785). • L'impératif catégorique de Kant est distinct du commandementchristique quant à son fondement.

En effet le commandement d'amourdu Christ vient de l'extérieur et est fondé sur un commandementantérieur qui prescrit l'obéissance inconditionnelle au Christ.

L'impératifkantien vient, lui, de la raison.

C'est en nous-mêmes que nous letrouvons, comme une structure de notre propre esprit, qui fonde notremoralité.• Que ce soit un «impératif» ne signifie pas que nous soyons contraintsà nous y plier, mais il est en nous comme une règle selon laquelle nouspouvons mesurer si nos actions sont morales ou non (d'où la «mauvaiseconscience»).• Il se distingue aussi par sa portée.

En effet, traiter les autres «commeune fin» ne signifie pas nécessairement les «aimer».

C'est à la foismoins exigeant, car il s'agit «seulement» de les respecter, enreconnaissant en eux la dignité humaine.

Mais c'est aussi plus exigeant,car il faut maintenir le respect même quand on n'aime pas! C'est là quele «devoir» est ressenti comme tel. LA MORALE DE KANT Kant, comme tous les grands penseurs du «siècle des lumières », est un humaniste.

Il ne saurait admettre quela morale se réduise à l'obéissance à un principe extérieur à la personne humaine, que ce principe soit un Dieutranscendant qui nous donnerait des ordres sans les justifier ou qu'il soit un État autoritaire qui opprimeraitses sujets sous prétexte de les diriger.

La morale kantienne exclut l'idée que nous puissions être régis par unautre que nous-même.

Elle exclut l'hétéronomie.

C'est la personne humaine elle-même qui est la mesure et lasource du devoir.

L'homme est le créateur des valeurs morales, il dirige lui-même sa conduite sans quoi l'agentmoral n'agirait pas mais serait agi.

Telle est l'exigence kantienne d'autonomie. Mais Kant n'est pas seulement un philosophe humaniste du XVIIIe siècle.

Il est aussi le fils d'une mère piétiste(le piétisme est un luthéranisme fervent et très austère).

Élevé dans l'idée que la nature humaine estcorrompue par le péché, Kant se méfie des passions, de la sensibilité, des tendances spontanées.

La moraledu sentiment telle qu'il l'a découverte chez les moralistes anglais de son époque et chez Rousseau l'inquiète.La morale de l'intérêt lui eût fait horreur.

D'un mot, s'il se refuse à fonder les valeurs sur un principe extérieurà la personne humaine, il ne veut pas davantage les subordonner à la nature, aux tendances, à la sensibilité.Le principe du devoir sera pour Kant la pure raison.

Comme chez Rousseau (qu'il a lu attentivement), c'est laconscience qui sera pour Kant la source des valeurs.

Mais il ne s'agit plus d'une conscience instinctive et. »

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