Devoir de Philosophie

La morale peut-elle être totalement désintéressée ?

Publié le 13/01/2005

Extrait du document

morale
Consiste à choisir, non selon des règles, mais d'après les conséquences connues de nos choix. Il s'agit de se donner un but : augmenter le degré de bien-être dans le monde (selon Jeremy Bentham), ou ne jamais nuire à autrui (selon John Stuart Mill), et de faire ses choix en sélectionnant l'option la plus adéquate à ce but. Cela permet de résoudre quelques conflits moraux que l'éthique des vertus, ou la déontologie, laissent de côté. Un exemple célèbre des philosophes utilitaristes est le suivant : Un conducteur de bus a un grave problème ; ses freins ne marchent plus, il peut tourner, mais pas s'arrêter. A un carrefour, il a le choix entre tourner à droite, où une petite fille traverse la rue, ou à gauche, alors qu'un marché regroupe plusieurs dizaines de personnes. Si le conducteur de bus ne va ni à droite ni à gauche, il fonce dans un mur et tue tous ses passagers. Que faire ? L'injonction : «Tu ne tueras point!» n'est d'aucune utilité. L'utilitariste dira : «Tue le moins de monde possible, de façon, soit à diminuer le moins possible le bien-être dans le monde, soit à nuire au moins de monde possible.» donc, le chauffeur de bus doit choisir d'écraser la petite fille.

Si un homme aide un inconnu, il y a au moins deux interprétations possibles : soit il obéit à une morale qui lui demande de faire passer autrui avant lui-même dans certaines circonstances, soit il flatte son ego en faisant en sorte de correspondre à une image positive qu’il a de lui-même. La motivation n’est pas quelque chose d’anodin car, si dans ce cas précis deux inclinations différentes (altruisme et égoïsme) ont le même résultat, ce ne sera pas le cas dans d’autres situations. La question se pose donc : la morale peut-elle être totalement désintéressée ? D’un côté, on pourrait dire que puisque la morale doit valoir pour chacun, elle doit faire abstraction des intérêts personnels. Cependant, comment faire un choix, moral ou non, sans y introduire de motivations personnelles : Un acte non égoïste est-il possible ? Si l’abstraction que demande la morale est une des conditions de son universalisation de droit, il se pourrait que seuls nos intérêts soient capables de nous incliner vers la morale, même s’il n’est pas forcément impossible de tenir ensemble les deux bouts de cette apparente contradiction.

morale

« «Le bien pratique est différent de l'agréable, conçu comme ce qui exerce une influence sur la volonté uniquement par l'intermédiaire de la sensation, en vertu de causes simplementsubjectives ne valant que pour la sensibilité de tel ou tel, et non pas en tantque principe de la raison valant pour tout homme.

Une volonté parfaitement bonne serait donc, tout autant, soumise àdes lois objectives (celles du bien), mais elle ne pourrait être représentée dece fait comme contrainte à des actions conformes à la loi, parce que d'elle-même, en raison des ses propriétés subjectives, elle ne peut être déterminéeque par la représentation du bien.» Kant, Fondation de la Métaphysique des Moeurs , Deuxième section.

· Nous devons dissocier deux choses : le bien et l' agréable .

Le bien est ce vers quoi tend la morale.

L'agréable est désiré par chacun, mais necoïncide pas forcément avec le bien.

Ainsi, je peux trouver agréable detorturer un employé des postes, est-ce pour autant moralement bon ? · Ainsi, ce qui m'est agréable est ce qui incline mes choix par de moyens entièrement subjectifs : cela me plaît, parce que mes goûts sont tels ettels, et je laisse de côté le fait de savoir si cela conviendrait à un autre.Le bien, au contraire, est valable pour chacun, il peut m'influencer defaçon objective.

En cela, la morale est forcément impersonnelle, ellesuppose donc le désintéressement. · Pour vouloir le bien, je dois donc éduquer ma volonté à tendre vers le bien plutôt que vers l'agréable.

C'est le concept de volonté bonne présent dans la morale kantienne, et une telle volonté suppose que mes choix nesoient pas influencés par des tendances trop subjectives. Transition : La morale, pour être simplement une morale, c'est-à-dire valable pour tous, doit forcément être impersonnelle, ce qui suppose le désintéressement de l'agent moral.

Mais remarquons que la volonté bonne de Kantne demande pas directement au sujet d'être tout à fait désintéressé.

S'il l'était, comment pourrait-il même êtreintéressé par le bien ? II – La raison ne peut motiver, seules les passions sont motivantes «Le but de toutes les spéculations morales est de nous enseigner notre devoir, et, par des représentations appropriées de la laideur du vice etde la beauté de la vertu, d'engendrer des habitudes correspondantes et denous engager à éviter l'un et à rechercher l'autre.

Mais est-il possible de s'enremettre, pour cela, aux inférences et aux conclusions de l'entendement, qui,par elles-mêmes, n'ont pas de prise sur les inclinations, et sont incapables demettre en mouvement les forces actives de l'homme ? Elles dévoilent desvérités, mais si les vérités qu'elles dévoilent sont indifférentes et ne fontnaître ni désir, ni aversion, elles ne peuvent avoir aucune influence sur laconduite et le comportement.

Ce qui est honorable, ce qui est équitable, cequi est convenable, ce qui est noble, ce qui est généreux, prend possessiondu coeur et donne la force de l'embrasser et de le défendre.

Ce qui estintelligible, ce qui est évident, ce qui est probable, ce qui est vrai, procureseulement l'assentiment froid de l'entendement, et, en donnant satisfaction àune curiosité spéculative, met fin à nos recherches.

Si l'on supprime entièrement les impressions et préjugés chaleureuxen faveur de la vertu, ainsi que tout dégoût et toute aversion envers le vice,rendant ainsi les hommes totalement indifférents à ces distinctions, la moralecesse d'être un objet d'étude pratique, et perd toute tendance à régler nosvies et nos actions.» Hume, Enquête sur les principes de la morale , Section I · On se demande ce que peut signifier une expression telle que «suivre la voie de la raison» si l'on accepte l'idée que nos actes ne peuvent être motivés que par des affects tels que le dégoût ou le désir.

Car la raisontrouve des vérités, mais il faut encore que cette vérité nous motive pour que nous allions dans son sens. · C'est le Principe des passions motivantes exprimé par David Hume.

A savoir que seuls les affects guident nos choix, la raison ne faisant que mettre à jour des possibilités et tirer des conclusions. · En vertu de ce principe, le désintéressement moral est tout simplement inexistant, car il ne peut y avoir de désir amené par la raison.

C'est une transformation de l'opposition entre passions et raison.

Il faut donc avoirdes modèles, admirer des héros ou leurs vertus pour être un bon agent moral. Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles