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La moralité dans l'art

Publié le 15/02/2012

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Pour être moral, l'art doit-il avoir d'abord en vue le bien? L'auteur est-il tenu, avant tout, de viser à se rendre utile, ou lui est-il permis de chercher d'abord la création d'une oeuvre artistique? En un mot, que faut-il penser des systèmes opposés de l'art pour l'art, et de l'art moralisateur? Si cette question a donné lieu à des appréciations fort différentes, cela vient peut-être de ce que trop souvent on a confondu l'art avec l'oeuvre d'art. L'art consiste essentiellement dans l'ensemble des moyens employés pour représenter le beau idéal par le beau matériel; .....

« Que dire de certaines comedies de Moliere, comme le Tartufe, Georges Dandin, etc.? L'auteur sera-t-il moins coupable parce que son oeuvre est belle? Autant voudrait demander si l'assassin est excusable puree qu'il s'est servi, pour perpetrer son crime, d'une arme enrichie de pierreries.

Non, la beaute d'une oeuvre n'excuse pas son immoralite.

La morale est une condition essentielle de la vie superieure dans l'homme; elle est par consequent d'une necessite premiere.

L'art n'est qu'un accident dans la vie, et l'accessoire ne peut se substituer au principal.

Done la theorie de Part pour l'art est fausse.

Une opinion opposee a ete emise : quelques theoriciens n'ont voulu voir, dans l'art, qu'un moyen de perfectionnement moral.

Nous ne nous arrete- rons pas a chercher si telle est bien la pensee des grands auteurs du xvir siècle, qui tous ont voulu servir la morale par leurs oeuvres; mais que vaut cette assertion chez un Voltaire, qui pretend faire de ses tragedies des ecoles de morale? Il reussit a faire defiler sur son theatre une collection de philosophes qui viennent &biter leurs maximes humanitaires, religieuses et surtout antireligieuses; de la un ton sentencieux et declamatoire, une froideur continue malgre des efforts pour atteindre au pathetique.

Un auteur se trompe, qui ne se laisse pas inspirer par la valeur expressive des objets, des caracteres, des situations, mais par le degre de moralite qu'il cherche a atteindre directement; it altere meme la realite, it substitue l'im- possible au vraisemblable afin d'offrir l'exemple ou le preeepte qu'il en veut tirer.

N'est-ce pas manquer le but? On ne peut, sans amoindrir une oeuvre, substituer la morale a la realite.

Mais, dira-t-on, le vice fait partie de la realite; est-il permis de le de- peindre, et la laideur morale est-elle un element de l'art? Certaines passions peuvent entrer dans une oeuvre d'art, parce que, par contraste, elles rendent le beau plus parfait; parce qu'elles sont un element de vraisemblance et qu'une oeuvre d'art qui ne rend systematiquement que le bien absolu risque d'etre peu emouvante.

La peinture de certaines passions peut entrer dans une oeuvre d'art, mais jamais comme un element essentiel et encore faut-il a cet egard, faire des reserves expresses.

L'immoralite ne saurait etre toleree dans l'oeuvre d'art : un tel spectacle n'a jamais corrige personne, pas plus que celui des ilotes ivres donne aux jeunes Spartiates.

D'ailleurs, si le spec- tacle de la laideur morale nous charme, il fait (levier notre jugement; s'il nous repugne, i1 empeche l'impression esthetique de se manifester comple- tement : it n'est done pas une matiere d'art.

Toutefois on peut l'employer habilement, pourvu qu'il suggere, par contraste, des emotions qui elevent l'ame.

Done exclusion absolue des obscenites qui, en aucun cas et dans aucune ame, ne peuvent avoir d'utilite; peinture prudente des passions, unie a celle des tourments qui torturent l'ame qui s'en laisse asservir. Parce que les formes les plus belles sont celles qui expriment la vie la plus pleine, plus l'art exprime de vie, plus il a d'elements de beaute.

Or la vie pleine, entiere, c'est la vie morale; done l'oeuvre la plus belle sera celle en qui eclatera cette vie superieure.

S'il peut y avoir de l'art dans la seule plastique, i1 y a plus d'art dans une figure intelligente, puisque la vie intel- lectuelle est superieure a la vie physique; l'art s'eleve encore lorsqu'il peint la vie morale et il comprendrait les elements de la perfection si l'on pouvait peindre la vie divine.

La moralite Rant une matiere superieure pour l'oeuvre litteraire, puisqu'elle est la plus haute forme de la vie, l'oeuvre superieure sera, a perfection egale de forme, celle qui est la plus morale.

C'est aussi celle qui a le plus d'influence.

s Tout ce qui est veritablement sublime, a dit Longin, a cela de propre que, quand on l'ecoute, it eleve Que dire de certaines comédies de Molière, comme le Tartufe, Georges Dandin, etc.

'1 L'auteur sera-t-il moins coupable parce que son œuvre est belle? Autant voudrait demander si l'assassin est excusable parce qu'il s'est servi, pour perpétrer son crime, d'une arme enrichie de pierreries.

Non, la beauté d'une œuvre n'excuse pas son immoralité.

La morale est une condition essentielle de la vie supérieure dans l'homme; elle est par conséquent d'une nécessité première.

L'art n'est qu'un accident dans la vie, et l'accessoire ne peut se substituer au principal.

Donc la théorie de l'art pour l'art est fausse.

Une opinion opposée a été émise : quelques théoriciens n'ont voulu voir, dans l'art, qu'un moyen de perfectionnement moral.

Nous ne nous arrête­ rons pas à chercher si telle est bien la pensée des grands auteurs du xvu• siècle, qui tous ont voulu servir la morale par leurs œuvres; mais que vaut cette assertion chez un Voltaire, qui prétend faire de ses tragédies des écoles de morale'/ Il réussit à faire défiler sur son théâtre une collection de philosophes qui viennent débiter leurs maximes humanitaires, religieuses et surtout antireligieuses; de là un ton sentencieux et déclamatoire, une froideur continue malgré des efforts pour atteindre au pathétique.

Un auteur se trompe, qui ne se laisse pas inspirer par la valeur expressive des objets, des caractères, des situations, mais par le degré de moralité qu'il cherche à atteindre directement; il altère même la réalité, il substitue l'im­ possible au vraisemblable afin d'offrir l'exemple ou le précepte qu'il en veut tirer.

N'est-ce pas manquer le but? On ne peut, sans amoindrir une œuvre, substituer la morale à la réalité.

Mais, dira-t-on, le vice fait partie de la réalité; est-il permis de le dé­ peindre, et la laideur morale est-elle un élément de l'art? Certaines passions peuvent entrer dans une œuvre d'art, parce que, par contraste, elles rendent le beau plus parfait; parce qu'elles sont un élément de vraisemblance et qu'une œuvre d'art qui ne rend systématiquement que le bien absolu risque d'être peu émouvante.

La peinture de certaines passions peut entrer dans une œuvre d'art, mais jamais comme un élément essentiel et encore faut-il à cet égard, faire des réserves expresses.

L'immoralité ne saurait être tolérée dans l'œuvre d'art : un tel spectacle n'a jamais corrigé personne, pas plus que celui des ilotes ivres donné aux jeunes Spartiates.

D'ailleurs, si le spec­ tacle de la laideur morale nous charme, il fait dévier notre jugement; s'il nous répugne, il empêche l'impression esthétique de se mani(ester complè­ tement : il n'est donc pas une matière d'art.

Toutefois on peut l'employer habilement, pourvu qu'il suggère, par contraste, des émotions qui élèvent l'âme.

Donc exclusion absolue des obscénités qui, en aucun cas et dans aucune âme, ne peuvent avoir d'utilité; peinture prudente des passions, unie à celle des tourments qui torturent l'âme qui s'en laisse asservir.

Parce que les formes les plus belles sont celles qui expriment la vie la plus pleine, plus l'art exprime de vie, plus il a d'éléments de beauté.

Or la vie pleine, entière, c'est la vie morale; donc l'œuvre la plus belle sera celle en qui éclatera cette vie supérieure.

S'il peut y avoir de l'art dans la seule plastique, il y a plus d'art dans une figure intelligente, puisque la vie intel­ lectuelle est supérieure à la vie physique; l'art s'élève encore lorsqu'il peint la vie morale et il comprendrait les éléments de la perfection si l'on pouvait peindre la vie divine.

La moralité étant une matière supérieure pour l'œuvre littéraire, puisqu'elle est la plus haute forme de la vie, l'œuvre supérieure sera, à perfection égale de forme, celle qui est la plus morale.

c•est aussi celle qui a le plus d'influence.

« Tout ce qui est véritablement sublime, a dit Longin, a cela de propre que, quand on l'écoute, il élève. »

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