Devoir de Philosophie

LA MORT DES AMANTS DE BAUDELAIRE

Publié le 29/09/2010

Extrait du document

baudelaire
 
Intro : Baudelaire est un auteur inclassable du dix-neuvième siècle qui oscille entre son dégoût du quotidien et sa recherche d’absolu comme l’exprime l’oxymore du titre de son recueil Spleen et idéal extrait des fleurs du mal paru en 1857.
La mort des amants est le poème CXXI (121) de ce recueil, au cour duquel le poète évoque un instant d’éternité au moment de l’ultime séparation d’un couple.
Il convient alors de se demander comment l’auteur évoque la mort sans morbidité.
 
(lecture du texte)
 
1- La mort adoucie
a) Isotopie morbide
b) Evocation explicite
 
2- L’idéal amoureux
a) Dualité
b) Eternité
c) Sublimation
 
1) L’idée de la mort adoucie
Dans ce poème Baudelaire exprime l’idée d’une mort euphémisée, ainsi dans le premier quatrain « Comme des tombeaux « est une comparaison explicite entre les divans et les tombeaux qui manifeste l’omniprésence de la mort.
Les sens olfactifs sont évoqués avec « odeurs légères « ce qui peut faire penser à l’odeur caractéristique des cimetières due entre autre aux fleurs déposées sur les tombes.
La mort est aussi subtilement évoquée avec « d’étranges fleurs sur des étagères « ce qui est à mon sens une référence implicite à des fleurs mortuaires.
Dans le derniers vers du premier quatrain sont évoqués « Des cieux plus beaux « ce qui évoque un autre monde qui attend les deux amants, l’au-delà.
Dans le second quatrain les termes « Usant, dernières.. « évoquent l’usure et la fatalité d’une fin imminente. 
Nous pouvons aussi observer une isotopie du feu avec « chaleur, flambeaux « qui suggère la flamme de la vie se consumant.
Les termes « Chaleurs dernières « quand à eux préfigurent la froideur cadavérique.
Dans le premier tercet l’on peut constater la symbolique du crépuscule de la vie avec « Un soir «.
Le un et le ponctuel montre qu’ils sont encore soumis au temps mais c’est un Kairos : Le bref instant qui précède la mort.
« Un éclair unique « désigne la rapidité cependant c’est une ambiguïté, qui est paradoxale avec le « long « qui qualifie « sanglot «. Les amants ne sont plus dans le temps mais ne sont pas encore dans l’éternité.
« Sanglots « et « adieux « évoquent la tristesse liée au deuil proche.
Nous pouvons observer dans le dernier tercet « Les portes « qui évoque le Paradis, ainsi qu’une allégorie de « Ange « qui est un topoï religieux. Le terme « ranimer « présuppose une mort précédente
Cela montre que quelque chose les attends avec leur décès, une sorte de renaissance dans un autre espace rempli de bonheur.
Le dernier mot du sonnet est néanmoins « mortes «.
L’idée de la mort est euphémisée parce qu’elle est sublimée par une résurrection, l’espoir est représenté par le temps du futur qui lui donne un caractère certain.
La mort est évoquée comme un prétexte à la sublimation du sentiment amoureux.
 
2) L’idéal amoureux
L’euphémisme de la mort met en valeur la puissance de l’amour que rien ne semble pouvoir surpasser.
Nous pouvons observer une progression de la profondeur de l’amour tout au long du texte :
En effet, se trouve une isotopie du mobilier sensuel avec « lits, divans « qui évoquent l’amour charnel, comme une invitation sensuelle à l’amour. Par ailleurs ces termes aux pluriels ainsi que le terme « pleins de « permettent une amplification.
L’amour est d’abord présenté de manière légère en évoquant un aspect de la relation amoureuse tandis que par la suite l’auteur évoque le cœur et l’esprit « Nos deux cœurs « puis « nos deux esprits « ; ici l’amour est caractérisé de manière plus profonde, plus spirituelle. Les corps sont oubliés et seuls les esprits sont présents et mis en valeurs.
Le poème se désincarne ainsi pour devenir spirituel et s’inscrire dans l’éternité.
L’auteur caractérise aussi le lien très fort qui lie les deux amants. Seule la première personne du pluriel est utilisée, ainsi qu’avec le possessif « nos «. 
La complicité amoureuse est évoquée par le lexique de la dualité : « deux cœurs (siège de l’amour) «, « deux esprits«, « double «, « esprits jumeaux « 
Ils sont deux et ne peuvent exister l’un sans l’autre. 
« Fait de rose et de bleu « exprime une fusion entre l’entité féminine symbolisée par le rose et l’entité masculin symbolisée par le bleu.
« Nous échangeront un éclair unique « est une métaphore comparant les manifestations des sentiments des deux amants à un éclair. Ces manifestations sont simultanées jusqu’à former un éclair unique. Cela souligne la spontanéité et la puissance de leurs sentiments.
« Les flammes mortes « sont un topoï de la passion ardente de l’amour, le futur « ranimeront « assure la certitude de l’éternité pour cet amour détruit par la mort.
L’amour triomphe ainsi de la mort, et se donne une dimension spirituelle dépassant tout.
 
Conclusion :
Le sonnet de Baudelaire s’inscrit dans sa quête d’idéal et opère une pause romantique dans son receuil « La mort «. Le poème présente la nostalgie d’un amour absolu et indestructible malgré le temps qui passe grâce à ne transfiguration du réel par la magie de l’art poétique qui place la scène dans l’éternité.
 
 
CXXI - La Mort des Amants
 
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères,
Des divans profonds comme des tombeaux,
Et d'étranges fleurs sur des étagères,
Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières,
Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux,
Qui réfléchiront leurs doubles lumières
Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique,
Nous échangerons un éclair unique,
Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux;
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes,
Viendra ranimer, fidèle et joyeux,
Les miroirs ternis et les flammes mortes.

 

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles