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Le mot "fantaisie" dans l'oeuvre de DESCARTES

Publié le 18/07/2010

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descartes

 

DISCOURS DE LA METHODE, Seconde Partie.

 Ainsi ces anciennes cités qui, n’ayant été au commencement que des bourgades, sont devenues par succession de temps de grandes villes, sont ordinairement si mal compassées, au prix de ces places régulières qu’un ingénieur trace à sa fantaisie dans une plaine, qu’encore que, considérant leurs édifices chacun à part, on y trouve souvent autant ou plus d’art qu’en ceux des autres, toutefois, à voir comme ils sont arrangés, ici un grand, là un petit, et comme ils rendent les rues courbées et inégales, on dirait que c’est plutôt la fortune que la volonté de quelques hommes usant de raison, qui les a ainsi disposés.

  DISCOURS DE LA METHODE, Cinquième partie.

 ce qui doit y être pris pour le sens commun où ces idées sont reçues, pour la mémoire qui les conserve, et pour la fantaisie qui les peut diversement changer et en composer de nouvelles, et, par même moyen, distribuant les esprits animaux dans les muscles, faire mouvoir les membres de ce corps en autant de diverses façons, et autant à propos des objets qui se présentent à ses sens et des passions intérieures qui sont en lui, que les nôtres se puissent mouvoir sans que la volonté les conduise :

  LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SIXIEME, DE LA VISION.

 comme si, le tenant tourné vers X, nous le mettons premièrement au point S et incontinent après au point s, cela suffira pour faire que la grandeur de la ligne Ss et des deux angles XSs et XsS se trouvent ensemble en notre fantaisie, et nous fassent apercevoir la distance du point X :

  LES METEORES, DISCOURS SEPTIEME, DES TEMPETES, DE LA FOUDRE ET DE TOUS LES AUTRES FEUX QUI S’ALLUMENT EN L’AIR.

Et parce que j’ai tâché d’expliquer curieusement leur production et leur nature dans un autre traité, et que je ne crois point qu’elles appartiennent aux météores, non plus que les tremblements de terre et les minéraux que plusieurs écrivains y entassent, je ne parlerai plus ici que de certaines lumières qui, paraissant la nuit pendant un temps calme et serein, donnent sujet aux peuples oisifs d’imaginer des escadrons de fantômes qui combattent en l’air, et auxquels ils font présager la perte ou la victoire du parti qu’ils affectionnent, selon que la crainte ou l’espérance prédomine en leur fantaisie.

  L’HOMME.

 Et c’est ainsi que se composent les chimères, et les hippogriffes, en l’imagination de ceux qui rêvent étant éveillés, c’est-à-dire qui laissent errer nonchalamment çà et là leur fantaisie, sans que les objets extérieurs la divertissent, ni qu’elle soit conduite par leur raison.

  LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE VI, Description d’un nouveau monde ; et des qualités de la matière dont il est composé.

Or, puisque nous prenons la liberté de feindre cette matière à notre fantaisie, attribuons lui, s’il vous plaît, une nature en laquelle il n’y ait rien du tout que chacun ne puisse connaître aussi parfaitement qu’il est possible ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS.

 Car certainement je ne pense pas que cette idée soit de même nature que les images des choses matérielles dépeintes en la fantaisie ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS, RAISONS QUI PROUVENT L’EXISTENCE DE DIEU, ET LA DISTINCTION QUI EST ENTRE L’ESPRIT ET LE CORPS DE L’HOMME, DISPOSÉES D’UNE FAÇON GÉOMÉTRIQUE, Définitions.

 Et ainsi je n’appelle pas du nom d’idée les seules images qui sont dépeintes en la fantaisie ;

 au contraire, je ne les appelle point ici de ce nom, en tant qu’elles sont en la fantaisie corporelle, c’est-à-dire en tant qu’elles sont dépeintes en quelques parties du cerveau, mais seulement en tant qu’elles informent l’esprit même, qui s’applique à cette partie du cerveau.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L’AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS, Axiomes ou Notions communes.

 une idée, dis-je, inhérente en l’esprit même, et non pas une image dépeinte en la fantaisie ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION IVème.

 D’où il s’ensuivrait que, par la raison, nous ne concluons rien du tout touchant la nature des choses, mais seulement touchant leurs appellations, c’est-à-dire que, par elle, nous voyons simplement si nous assemblons bien ou mal les noms des choses, selon les conventions que nous avons faites à notre fantaisie touchant leurs significations.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION IVème, REPONSE.

 Et ce philosophe ne se condamne-t-il pas lui-même, lorsqu’il parle des conventions que nous avons faites à notre fantaisie touchant la signification des mots ?

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION Vème, REPONSE.

Par le nom d’idée, il veut seulement qu’on entende ici les images des choses matérielles dépeintes en la fantaisie corporelle ;

 et je me suis servi de ce nom, parce qu’il était déjà communément reçu par les philosophes, pour signifier les formes des conceptions de l’entendement divin, encore que nous ne reconnaissions en Dieu aucune fantaisie ou imagination corporelle ;

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION VIIe, REPONSE.

 et lorsqu’on ajoute que nous n’avons point l’idée de l’âme, mais qu’elle se conçoit par la raison, c’est de même que si on disait qu’on n’en a point d’image dépeinte en la fantaisie, mais qu’on en a néanmoins cette notion que jusques ici j’ai appelé du nom d’idée.

  MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA TROISIEME MÉDITATION.

 et lorsque vous niez que l’on doive appeler du nom d’idée celle que nous inférons des raisons de l’astronomie, vous restreignez le nom d’idée aux seules images dépeintes en la fantaisie, contre ce que j’ai expressément établi.

 Mais puisque vous demandez seulement “   s’il est donc vrai que je sois incertain qu’il y ait quelqu’autre chose que moi qui existe dans le monde “  , et que vous feignez qu’il n’est pas besoin de chercher des raisons d’une chose si évidente, et ainsi que vous vous en rapportez seulement à vos anciens préjugés, vous faites voir bien plus clairement que vous n’avez aucune raison pour prouver ce que vous assurez que si vous n’en aviez rien dit du tout, Quant à ce que vous dites touchant les idées, cela n’a pas besoin de réponse, parce que vous restreignez le nom d’idée aux seules images dépeintes en la fantaisie ;

  LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art. 38.

 Et ainsi, par leur hypothèse, la raison pour laquelle on doit attribuer le mouvement au ciel et le repos à la terre est imaginaire et ne dépend que de leur fantaisie ;

  LES PASSIONS DE L’AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 211.

 Car l’impression de la joie et de la sur prise, qui les a fait rire autrefois pour le même sujet, étant réveillée en leur fantaisie, fait que leur poumon est subitement enflé malgré eux par le sang que le coeur lui envoie.

 Ainsi ceux qui sont fort portés de leur naturel aux émotions de la joie ou de la pitié, ou de la peur, ou de la colère, ne peuvent s’empêcher de pâmer, ou de pleurer, ou de trembler, ou d’avoir le sang tout ému, en même façon que s’ils avaient la fièvre, lorsque leur fantaisie est fortement touchée par l’objet de quelqu’une de ces passions.

  Correspondance, année 1630, AU R. P. MERSENNE, 25 février 1630.

 mais, selon la fantaisie des uns, celui de trois sortes de figures sera le plus beau, selon celle des autres, celui de quatre, ou de cinq, etc.

  Correspondance, année 1630, A Monsieur *** (ISAAC BEECKMAN), 17 octobre 163O.

 Car vous ayant pris fantaisie naguère (après un silence d’un an) de m’écrire, dans une lettre, que si je voulais veiller au bien de mes études, je retournasse auprès de vous, et que je ne pouvais nulle part profiter davantage que sous votre discipline, et plusieurs autres discours de cette nature, lesquels vous sembliez m’écrire familièrement et en ami, comme à quelqu’un de vos disciples ;

  Correspondance, année 1641, Au R. P. MERSENNE, 1er juillet 1641.

 Car je n’appelle pas simplement du nom d’idée les images qui sont dépeintes en la fantaisie ;

 au contraire, je ne les appelle point de ce nom, en tant qu’elles sont dans la fantaisie corporelle ;

Après cela, je suis obligé de vous dire que votre ami n’a nullement pris mon sens, lorsque, pour marquer la distinction qui est entre les idées qui sont dans la fantaisie, et celles qui sont dans l’esprit, il dit que celles-là s’expriment par des noms, et celles-ci par des propositions.

 

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« au contraire, je ne les appelle point ici de ce nom, en tant qu'elles sont en la fantaisie corporelle, c'est-à-dire en tant qu'elles sontdépeintes en quelques parties du cerveau, mais seulement en tant qu'elles informent l'esprit même, qui s'applique à cette partie ducerveau. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, REPONSES DE L'AUTEUR AUX SECONDES OBJECTIONS, Axiomes ou Notions communes. une idée, dis-je, inhérente en l'esprit même, et non pas une image dépeinte en la fantaisie ; MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION IVème. D'où il s'ensuivrait que, par la raison, nous ne concluons rien du tout touchant la nature des choses, mais seulement touchant leursappellations, c'est-à-dire que, par elle, nous voyons simplement si nous assemblons bien ou mal les noms des choses, selon lesconventions que nous avons faites à notre fantaisie touchant leurs significations. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION IVème, REPONSE. Et ce philosophe ne se condamne-t-il pas lui-même, lorsqu'il parle des conventions que nous avons faites à notre fantaisietouchant la signification des mots ? MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION Vème, REPONSE. Par le nom d'idée, il veut seulement qu'on entende ici les images des choses matérielles dépeintes en la fantaisie corporelle ; et je me suis servi de ce nom, parce qu'il était déjà communément reçu par les philosophes, pour signifier les formes desconceptions de l'entendement divin, encore que nous ne reconnaissions en Dieu aucune fantaisie ou imagination corporelle ; MEDITATIONS METAPHYSIQUES, TROISIÈMES OBJECTIONS, OBJECTION VIIe, REPONSE. et lorsqu'on ajoute que nous n'avons point l'idée de l'âme, mais qu'elle se conçoit par la raison, c'est de même que si on disaitqu'on n'en a point d'image dépeinte en la fantaisie, mais qu'on en a néanmoins cette notion que jusques ici j'ai appelé du nomd'idée. MEDITATIONS METAPHYSIQUES, RÉPONSES AUX CINQUIEMES OBJECTIONS, DES CHOSES QUI ONT ÉTÉ OBJECTÉES CONTRE LA TROISIEME MÉDITATION. et lorsque vous niez que l'on doive appeler du nom d'idée celle que nous inférons des raisons de l'astronomie, vous restreignez lenom d'idée aux seules images dépeintes en la fantaisie, contre ce que j'ai expressément établi. Mais puisque vous demandez seulement “ s'il est donc vrai que je sois incertain qu'il y ait quelqu'autre chose que moi qui existedans le monde “ , et que vous feignez qu'il n'est pas besoin de chercher des raisons d'une chose si évidente, et ainsi que vousvous en rapportez seulement à vos anciens préjugés, vous faites voir bien plus clairement que vous n'avez aucune raison pourprouver ce que vous assurez que si vous n'en aviez rien dit du tout, Quant à ce que vous dites touchant les idées, cela n'a pasbesoin de réponse, parce que vous restreignez le nom d'idée aux seules images dépeintes en la fantaisie ; LES PRINCIPES DE LA PHILOSOPHIE, TROISIEME PARTIE, Art.

38. Et ainsi, par leur hypothèse, la raison pour laquelle on doit attribuer le mouvement au ciel et le repos à la terre est imaginaire et nedépend que de leur fantaisie ; LES PASSIONS DE L'AME, TROISIEME PARTIE, ARTICLE 211.. »

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