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Les motivations de l'attention.

Publié le 19/02/2011

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Le vocabulaire, en distinguant « voir « et « regarder «,  « entendre « et « écouter «, « toucher « et « palper «, nous invite à ajouter l'attention à l'acte qu'exprime le premier verbe, si l'on veut comprendre le sens du second. Ce n'est pas une intentionnalité, c'est-à-dire une orientation vers le monde, qui est ainsi ajoutée, puisque le premier verbe implique déjà une intentionnalité, c'est toute l'attitude qui change. A — « J'entends les autos qui passent «. Cette phrase a un sens non ambigu : elle implique que je ne fais rien de spécial pour entendre ; je suis à mon bureau, occupé à rédiger ce chapitre, tout à mon travail et les bruits de la rue m'atteignent sans que je cesse de travailler ; d'autres bruits m'arrivent de la rue que je ne cherche même pas à reconnaître. Si les bruits des moteurs, des pneus ou des avertisseurs sont reconnus comme a autos qui passent «, c'est absolument involontaire. Ces bruits, ces voix, comme le froissement du papier, le crissement de la plume, ou tout ce qui parvient à mes sens, se trouve être le « décor «, le a fond perceptif « vague, « l'horizon indéterminé « sur lequel se détache en premier plan mon souci d'écrire. B — « J'écoute les autos qui passent« a un tout autre sens. J'évoque à cette phrase, le soir proche où j'attendais le docteur dans l'inquiétude que me donnait l'aggravation subite de l'état de mon fils. Tout ralentissement de l'auto qui passait, me faisait dire : « le voilà « ; et je percevais plus de ralentissements qu'il n'y en avait. Le reste du champ perceptif, les actions automatiques comme marcher, vérifier l'heure, répondre à une question banale, étaient à leur tour le fond sur lequel se situait mon attention à ce qui pouvait a signifier « l'arrivée du docteur...

« Dans le 1er cas il s'intéresse à la cerise pour lui-même, dans le 2e cas on lui demande de s'intéresser A lasuccession abstraite pour elle-même.

Il lui faut « sortir de soi » dans le 2e cas, faire abstraction de toute sensationou de toute image de plaisir ou de peine, et faire l'effort nécessaire pour considérer l'objet nouveau « en lui-même ».C'est d'ailleurs pourquoi une telle épreuve d'attention est présentée à l'intérieur d'une échelle métrique del'intelligence.

Ce qu'on veut savoir c'est si l'enfant a, à cet âge, une intelligence suffisante pour susciter et soutenirl'attention dans cet exercice.On pourrait formuler ces expériences ainsi : l'« intérêt » qui éveille l'attention peut être un intérêt affectif personnelou un intérêt intellectuel.

La force qui meut l'attention change de sens lorsqu'on passe de l'un à l'autre : il semblequ'elle vienne des profondeurs du « moi » dans le 1er cas, et de l'objet lui-même dans le 2e cas.Nous pouvons faire l'expérience du « passage » de l'une des deux formes À l'autre : je dois par exemple faire lecompte rendu d'un livre dont le titre et le nom d'auteur me promettent un ennui terrible.

Je m'y mets avec l'intentionde comprendre l'idée de l'auteur, l'intention du livre : donc motifs intellectuels de l'attention, inhibition des mobilesaffectifs contraires.

Mais voilà que le suret me « prend », que l'art de l'auteur et la nature des problèmes évoquésme « captivent ».

Je crois retrouver mes propres expériences et mes propres conclusions.

Des motifs affectifspersonnels se sont substitués à mes dispositions primitives à l'a objectivité ».Inversement je dis à un ami : Vous qui êtes compétent, voulez-vous m'aider à résoudre ce problème ? Son attentionse prépare, poussée par des mobiles affectifs : prouver sa supériorité, se faire féliciter, me faire plaisir aussi...

Il sepenche sur le problème et la lecture met en jeu l'attention Intellectuelle, c'est-à-dire que non seulement il ne pensepas à son plaisir du triomphe futur, mais il fait effort pour éliminer tout ce qui peut troubler sa réflexion car l'imagede la gloire ou de la honte de l'issue troublerait son mode d'attention actuel.Il y a donc 2 modes de l'attention. A — L'attention spontanée qui vient de la rencontre occasionnelle entre une tendance personnelle latente du sujet(tendance, dont l'origine peut être variable : désir, besoin, trait de caractère, habitude, sentiment, etc...) et unobjet du champ perceptif. Cette rencontre fait en même temps apparaître plus nettement la tendance, sur le a fond » du caractère, etapparaître plus nettement l'objet sur le » fond » perceptif.A citer l'exemple classique du couple qui circule dans un grand magasin.

Monsieur et Madame ne sont pas a attirés »par les mêmes choses.

Il est évident que, sous cette forme-là, les objets ou les détails auxquels un sujet faitspontanément attention u expriment' pour l'observateur les lignes de force de son affectivité ; le compte rendu dumême voyage ne sera pas le même selon la personnalité des voyageurs parce qu'ils n'auront pas fait attentionspontanément aux mêmes choses et ceci parce qu'ils n'ont pas les mêmes goûts, les mêmes besoins, les mêmessoucis, les mêmes idées préconçues, bref les mêmes réactions affectives.C'est sur les déterminants de l'attention spontanée que se fondent les techniques de base de la publicité, puisqu'ils'agit avant tout de « capter l'attention du passant ».

Les procédés sont divers : on peut par exemple utiliser latendance très générale qui consiste à remarquer plus facilement : ce qui est mobile que ce qui est fixe (d'oùpanneaux à sujets mobiles, oscillations de formes ou de lumière, changements périodiques brusques...) ; ce quidonne une sensation dominante forte à ce qui produit une sensation faible (choix des couleurs vives ou lumineuses,taille des affiches, reliefs, contraste des tons), ou ce qui combine ces deux effets (par ex.

: contraste des tons oudes sons successifs, ou panneau lumineux immense à figure mobile avec couleurs vives oscillantes dans la nuit...,etc.) ; on peut utiliser des tendances latentes générales de l'affectivité des sujets (procédé des affichesreprésentant de jolies filles en déshabillé pour accompagner l'objet publicitaire, appel à la sexualité, à la volonté depuissance, au besoin de vacances ou de bien-être, etc...) ; on peut utiliser des noms connus pour faire lire desnoms inconnus (procédé des grandes vedettes présentant les objets publicitaires, choix des noms du produit, rappeld'une marque populaire..., etc...) ; on peut faire appel à des besoins personnalisés (esthétique, goût, séduire, brilleren société, vaincre la timidité, etc...) ; on peut obséder la conscience par des images simples et frappantes(slogans, thème publicitaire répété, insignes, multiplication des affiches, etc...) ou en l'intriguant (mystère, secret,bizarre, etc...). B — L'attention volontaire appelée aussi attention réfléchie, ou attention intellectuelle.Elle exige, comme on l'a vu expérimentalement, la suspension de la motivation affective pour a laisser paraître »l'objet dans son objectivité.

Elle s'intéresse à l'objet pour lui-même : pour le scruter, pour le comprendre, pour le «démontera mécaniquement, pour lui trouver un sens universel, ou une loi objective, ou une structure logique.

)ansce cas les effets de cette attention ne font plus saillir les traits individuels du sujet, mais les points sur lesquels il serencontre avec les autres hommes, c'est-à-dire les caractères objectifs ou la structure ontologique de ce à quoi ils'intéresse.

Le point de vue de l'Être a remplacé le point de vue du sujet.

Si vous voulez comprendre ce que dit lesujet, il vous faut alors penser à l'objet dont il parle.L'attention intellectuelle ou réfléchie exige un effort et c'est pour cela qu'on l'appelle volontaire.

Cet effort est dirigécontre les tendances individuelles c'est-à-dire que c'est un effort d'inhibition de l'attention spontanée.

Cette « miseentre parenthèses », cette « réduction au silence » de la subjectivité par le sujet lui-même a fait dire àMalebranche que cette attention était « une prière naturelle par laquelle nous obtenons que la Raison nous éclaire».Cet effort dirigé contre la subjectivité, inhibant la motivation affective, effort pour « se surmonter » n'est autre quela volonté.

Il permet à l'intelligence de s'appliquer, dans la mesure de ses moyens.

L'attention volontaire estvraiment « artificielle » au sens où ce mot signifie non-spontanée, non-naturelle.

Comme tout effort, l'attentionvolontaire est fatigable.

On peut « mesurer » c'est-à-dire comparer avec une moyenne statistique, la rapidité de. »

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