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Les mots disent-ils les choses ?

Publié le 12/03/2004

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Bien sûr il reste le fait que c'est ce mot qui désigne cette chose, mais ce lien est purement utilitaire et n'est préservé que pour que la langue reste un moyen de communication pour tous les membres d'une même communauté linguistique.Pourtant ce n'est pas parce que le lien mot-chose est purement arbitraire que tout rapport du mot et de la chose disparaît.En effet si le mot ne copie pas la chose et ne fait que la représenter par convention, il reste tout de même une certaine interaction de l'un à l'autre. En fait le rapport mot-chose se trouve totalement inversé. C'est-à-dire qu'avec la conception naturaliste du langage, c'était le mot qui dérivait de la chose, alors qu'avec la conception saussurienne du langage comme système, c'est le mot qui interfère dans ma perception de la chose. En effet les mots, pour arbitraires qu'ils soient, restent mon moyen d'accès au monde. mais parce qu'ils sont arbitraires, et ne désignent pas la nature des choses. Ils risquent de superposer leur interprétation des choses à ce qu'est la chose dans sa réalité.

II- Les mots font obstacle à mon appréhension du monde        

A- L'imperfection des mots

*En effet, si les mots représentent le monde, et donc ne nous livrent pas un accès direct, ils sont un intermédiaire qui risque de faire obstacle à notre connaissance du monde : les mots sont un outil, mais un outil imparfait. Car, si comme Saussure l'affirme, le mot ne désigne la chose que par pure convention, sans qu'il existe le moindre lien entre le mot et ce qu'est la chose dans sa nature, alors le mot ne dit rien sur la chose : il la représente mais ne nous livre aucune information sur elle.

Le langage reflète la réalité. Cratyle prétend même que les noms ressemblent à ce qu'ils disent. a chaque chose correspond un nom. Le langage est une nomenclature.

MAIS...

La langue n'est pas une nomenclature, mais une perception originale de la réalité, grâce à un système de signes arbitraires. Il n'y a donc pas de lien intrinsèque entre les mots et les choses.

« nomenclature puisque chaque chose pourrait en fait être désignée par un tout autre signifiant que celui que celui quila représente par convention.

Par conséquent, avec Saussure, il ne peut plus être question du lien entre le mot et lachose, puisqu'en fait ce mot n'existe plus.

Bien sûr il reste le fait que c'est ce mot qui désigne cette chose, mais celien est purement utilitaire et n'est préservé que pour que la langue reste un moyen de communication pour tous lesmembres d'une même communauté linguistique.Pourtant ce n'est pas parce que le lien mot-chose est purement arbitraire que tout rapport du mot et de la chosedisparaît.En effet si le mot ne copie pas la chose et ne fait que la représenter par convention, il reste tout de même unecertaine interaction de l'un à l'autre.

En fait le rapport mot-chose se trouve totalement inversé.

C'est-à-direqu'avec la conception naturaliste du langage, c'était le mot qui dérivait de la chose, alors qu'avec la conceptionsaussurienne du langage comme système, c'est le mot qui interfère dans ma perception de la chose.

En effet lesmots, pour arbitraires qu'ils soient, restent mon moyen d'accès au monde.

mais parce qu'ils sont arbitraires, et nedésignent pas la nature des choses.

Ils risquent de superposer leur interprétation des choses à ce qu'est la chosedans sa réalité. II- Les mots font obstacle à mon appréhension du monde A- L'imperfection des mots *En effet, si les mots représentent le monde, et donc ne nous livrent pas un accès direct, ils sont un intermédiairequi risque de faire obstacle à notre connaissance du monde : les mots sont un outil, mais un outil imparfait.Car, si comme Saussure l'affirme, le mot ne désigne la chose que par pure convention, sans qu'il existe le moindrelien entre le mot et ce qu'est la chose dans sa nature, alors le mot ne dit rien sur la chose : il la représente mais nenous livre aucune information sur elle.

Il y aurait finalement une énorme imperfection descriptive des mots.Il est d'ailleurs clair que le mot est davantage capable de dire le général que le particulier : c'est donc ques sescapacités de description sont limitées.*C'est ce que montre Bergson en soulignant l'incommensurabilité du langage avec nos états intérieurs.

Pour Bergsonen effet, la pensée est un état continu qui se déroule dans la durée, alors que le langage est calqué sur l'espace.C'est-à-dire que les mots sont bien distincts et séparés les uns des autres, tout comme le sont les objets dansl'espace.

Les mots seraient donc des objets utiles et fidèles pour traduire le monde extérieur et répondre auxexigences de l'intelligence technicienne qui sans cesse divise, abstrait, mesure, etc...

Le langage trahit ma vieintérieure lorsqu'il prétend la traduire en mots.

En effet ma vie intérieure est faite d'états successifs, qui sedéroulent dans la durée et se fondent les uns dans les autres, sans qu'on puisse toujours bien les distinguer entreeux.

Cette incapacité du mot à dire ce que nous ressentons est dû au caractère abstrait et général du mot.

AinsiBergson affirme: "Le mot brutal qui emmagasine ce qu'il y a de commun et pas conséquent d'impersonnel dans lesimpressions de l'humanité écrase [...] les impressions délicates [...] de notre conscience individuelle.

Celles-là seulesde nos idées qui nous appartiennet le moins sont adéquatement exprimables par des mots."*On peut même aller plus loin que Bergson et soutenir que même pour dire la réalité des objets extérieurs le langageest trop pauvre.

Ainsi, si je dis "maison", tout le monde conçoit une idée générale de la maison ; mais si je veuxdécrire ma maison, je vais être obligé de multiplier les mots pour approcher de la réalité de ma maison en tant qu'elle est particulière par rapport au concept de maison.

Mais cette tâche est infinie, et jamais satisfaisante absolument.De la même façon, mon langage est capable de signifier le concept d'homme, mais mes mots sont trop limités pourdire toute la particularité de cet homme-ci par rapport à cet autre homme.

Finalement le langage est pauvre encomparaison de la richesse du réel. B- Le langage dicte ma vision des choses *Cette pauvreté du langage fait bien obstacle à mon appréhension de la réalité, et donc à ma connaissance deschoses.

Mais plus grave encore, le langage détermine en partie ma vision des choses.Car c'est dans le cadre des catégories grammaticales, sémantiques, de ma langue que je perçois le monde.

Parexemple les esquimaux qui disposent de centaines de mots pour désigner la neige voient forcément cette réalité d'unautre oeil que moi, qui n'ai à ma disposition qu'un seul mot.

Bien sûr, si je fais un effort, je pourrai sans doutedistinguer tous les états de neige que les esquimaux eux-mêmes distinguent.

Mais justement, il faudra mecontraindre là où les esquimaux voient les choses spontanément, parce que grâce à la richesse de leur langue ilsdisposent déjà d'une sorte de pré-découpage de la réalité "neige".*Est-ce à dire qu'il y a des langues plus riches que d'autres, moins imparfaites ? Sans doute, mais il est à peu prèscertain que les plus grandes capacités descriptives d'une langue sur un point donné sont compensées par deslacunes concernat d'autres aspects du réel.

Il n'y a pas de langue parfaite.Comment alors compenser ces imperfections du langage afin d'avoir tout de même accès à la réalité des choses, àleur essence, à ce qu'elles sont ? Peut-être en inventant un langage adapté à la nature de ce qu'on veut exprimer. III- Travailler les mots A- Les imperfections du langage n'empêchent pas de dire les choses. »

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