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Les mots nous éloignent-ils des choses ?

Publié le 17/03/2004

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Les mots font entrer la réalité dans le moule des mots. Ceci rend certes les choses manipulables. Mais il s'ensuit un appauvrissement du réel .Le mot renvoie donc à la forme générique de la chose. Et la chose elle-même, dans ce qu'elle a d'unique, passe inaperçu. Toute la diversité de la chose tombe dans l'oubli. Les mots ne voilent pas seulement le monde extérieur ; ils voilent également notre vécu. N'y a-t-il pas un écart entre la réalité intime sentie et la réalité pensée ? La réalité pensée n'est-elle pas appauvrie par rapport à la réalité intime sentie ? Quand on procède par la pensée, on est toujours dans ou à la limite de la généralité.

« entre la réalité intime sentie et la réalité pensée ? La réalité pensée n'est-elle pas appauvrie par rapport à la réalitéintime sentie ? Quand on procède par la pensée, on est toujours dans ou à la limite de la généralité.

On ne retient lachose que dans sa formulation banale.

C'est sans doute là ce qui permet d'affirmer qu'il est impossible d'exprimercertains sentiments.

Ce qui rend la chose unique n'est pas saisi ; la singularité est manquée.

Nous vivons donc aucontact d'une réalité générique.

Le langage est donc source d'aveuglement : il nous présente les choses à traversleur forme générique ; et il nie ce qu'il y a de singulier.

Si les mots s'immiscent entre le monde et nous, laconnaissance ne risque-t-elle pas d'en être affectée ?Le mot se montre comme s'il était plus important que l'idée.

Comme si l'on se laissait absorber par les mots.

PourPlaton, le sophiste, produit grâce au langage des nuages de fumée.

Le langage peut ainsi devenir source d'illusion,mensonger.

En effet, cet usage consiste à produire des apparences à partir d'un jeu de mot, c'est-à-dire enmettant les mots en avant, en scène pour produire un artifice qui retiendra toute l'attention.

Le sophiste montreque le langage est un outil de manipulation, de domination qui nous éloigne des choses.Selon Platon, Bergson les mots nous éloignent des choses, cela ne veut pas dire que les mots ne renvoient pas auxchoses mais que d'une certaine façon les mots négligent les spécificités des choses.

Ainsi, les mots renvoient auxchoses mais à quelles choses au juste ?Lorsqu'on prononce ou entend le mot arbre par exemple, à quoi pensons-nous ? A un arbre ? A des arbres ? Non,nous ne nous représentons pas les arbres sous la forme d'une image, nous n'imaginons pas un arbre ou des arbres,nous avons une représentation totalement abstraite de l'arbre, c'est-à-dire une absence d'image, de souvenir deperceptions, une idée plus ou moins confuse, mais une conception et non une image.

La fleur, c'est l'absente detous les bouquets comme le dit Mallarmé.

Ce à quoi renvoient les mots pour nous, ce n'est ni aux choses, ni même àl'image de la chose, mais à une idée, une représentation abstraite en laquelle ne se trouve aucune imagequelconque.

Les mots ne renvoient pas aux choses, mais à l'idée générale plus ou moins nette que nous avons de lachose.

Les mots sont ainsi abstraits. Les mots expriment des idées, des représentations abstraites ou générales des choses.

Ce qui en nous renvoie auxchoses, mais dans leur singularité, ce sont les images, oeuvres de l'imagination.

Les mots eux renvoient auxreprésentations abstraites des choses.

Les mots ne désignent pas des groupes de choses ou des genres de choseshomogènes entre elles, mais des idées générales et abstraites qui sont les représentations que nous avons deschoses.Entre les mots et les choses, il y a l'idée des choses, de sorte que ce à quoi renvoient les mots, ce sont aux idéesdes choses et non aux choses elles-mêmes.

Autrement dit, les mots renvoient à leurs définitions et non à deschoses directement.

Lorsqu'on rencontre un mot dans un discours et qu'on se demande ce qu'il désigne, on sedemande quel sens il a, c'est-à-dire quelle est sa définition.

On pourra bien sûr pour mieux comprendre ce mot sereprésenter des cas particuliers, mais ce sera pour illustrer la définition. Les mots ne représentent rien : ils expriment.

Et entre représenter et exprimer, il y a cette différence qu'onreprésente quelque chose qui est absent, mais qui est de l'ordre du sensible ou du visible, ce qui est le cas deschoses, tandis qu'exprimer quelque chose, c'est le rendre présent et sensible, susceptible d'être perçu alors quecomme telle, la chose exprimée est d'un autre ordre, est purement abstraite, impossible à percevoir, à saisir par uneperception, des sensations, ce qui est précisément le cas de nos idées des choses.

Les mots ne désignent pas leschoses, mais les idées que nous nous faisons des choses de telle sorte qu'entre les mots et les choses, il y a lesidées que nous en avons. Entre les mots et les choses, le rapport n'est qu'indirect : il passe par le concept ou l'idée, c'est-à-dire ce qui dansle signe s'appelle le signifié.

Un concept, une idée ne peuvent être que l'idée ou le concept de quelque chose, d'unquelque chose d'extérieur à l'idée même ou en tout cas de différent de l'idée même.

Puisque l'idée est idée dequelque chose, ce quelque chose, c'est précisément la chose qui correspond au signe, à laquelle exactement lesigne fait référence.

Saussure justement appelle réfèrent les choses qui "correspondent" aux signes.

De cettemanière, on ne peut plus dire que les mots désignent des choses, mais on ne peut plus dire non plus qu'ils désignentdes idées comme telles : ils sont à la fois ce qui est signifié et ce qui est signifiant.Les mots ne désignent ni les choses, ni des idées qui seraient extérieures aux mots mêmes, mais qu'ils désignent desidées qui ne sont rien en dehors des mots qu'on utilise pour les dire. Haloui ChamaT.ES 05. »

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