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La mort est-elle ce qui donne un sens à la vie ?

Publié le 01/09/2004

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Il est, en un sens, déjà silence, c'est-à-dire absence de son, puisque la signification de cet accord ultime, c'est le silence qui s'ensuivra. Mais en même temps, sans l'accord final, la mélodie resterait en l'air et « cette indécision finale remonterait à contre-courant de note en note pour conférer à chacune d'elles son caractère inachevé «. Autrement dit, c'est l'accord final qui forme et organise la mélodie, qui lui donne un sens. L'accord final adhère donc à ce « plenum d'être « qu'est la mélodie. Cette comparaison nous permet de saisir que la mort n'est pas seulement ce qui vient à la fin et est déjà cette absence d'être qui renvoie à un néant, mais qu'elle est aussi ce qui confère sens et signification à la série des actes de notre existence. La mort est dans la vie, elle transforme la vie et lui donne un sens. Sans la mort, l'homme ne serait même pas un homme, on peut même dire que ce qui ne meurt pas, ne vit pas : « Le non-sens de la mort donne un sens à la vie tout en le niant et en cela réside le mystère insondable de notre bref passage sur terre « (Jankélévitch). En 1902, Rilke écrit:« Nous ne sommes que l'écorce, que la feuille, Mais le fruit qui est au centre de toutC'est la grande mort que chacun porte en soiC'est par elle que les jeunes filles s'épanouissent et que les enfants rêvent d'être des hommes... « Il ne s'agit donc pas d'être fasciné par la mort, mais de la regarder en face, c'est-à-dire de se rendre présent à cette présence en nous de la mort: « Je ne veux pas dire que l'on doive aimer la mort, mais on doit aimer la vie de façon si généreuse, si dépourvue de calcul et de choix que l'on ne cesse, sans même le vouloir, de l'y intégrer (cette moitié à nous invisible de la vie), de l'aimer en même temps - ce qui se produit d'ailleurs toujours, en fait, dans les grands mouvements irrésistibles et illimitables de l'amour ! « Comme le souligne Rilke, c'est lorsque nous exilons la mort, que nous la répudions de nos vies, qu'elle nous devient étrangère et hostile. Ne pas regarder la mort en face, c'est refuser la lumière et, sans doute aussi, installer la mort dans sa vie au lieu de mourir sa vie, c'est-à-dire de la vivre pleinement.

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