Devoir de Philosophie

La musique depuis 1945 : un bilan

Publié le 26/02/2010

Extrait du document

Fût-il peu averti, tout mélomane sait que la "musique classique" d'aujourd'hui n'offre guère de points communs avec ce qu'elle était traditionnellement jusqu'à la guerre ! Mais l'on peut aussi soutenir que les conceptions musicales qui se sont imposées après la Seconde Guerre mondiale trouvent leurs origines, tant chez Wagner que chez Schoenberg, sans oublier Debussy, Stravinski ou Varèse. Ces grands ancêtres ont dégagé des enjeux esthétiques avant 1945, qui n'ont été tranchés qu'après. L'histoire des arts est ainsi tissée de latences, de décalages, voire de quiproquos. D'autant que, comme toujours, les fortes personnalités se révèlent au moins aussi déterminantes que les tendances générales. Avec le recul dont on dispose en cette fin de XXe siècle, on observe un panorama où tout, absolument tout, coexiste même si, à certains moments, l'on a eu l'impression d'une suprématie décisive de tel ou tel système de musique. Pour symbole de cette coexistence, au début de l'immédiate après-guerre, citons les créations, tant des quatre derniers lieder de Richard Strauss, nostalgique et ultime adieu au monde d'hier que des deux Sonates pour piano de Pierre Boulez ou des pièces pour piano préparé de John Cage qui fondaient un nouvel univers.

« qui imposent un conformisme étouffant et longtemps prédominant.

Dès les années 50, la jeune école polonaiseréagit, emprunte ou réinvente les "découvertes" de l'Occident pour exprimer son propre univers ; Penderecki,Lutoslawski, Baird, Gorecki… Pour sa part, le hongrois Ligeti fuit son pays après l'insurrection de 1956 et se forge unmonde sonore à lui, universellement reconnu de nos jours.

Plus longtemps inconnu, parce que demeuré en Hongrie,Kurtag connaît de nos jours une consécration de même type. Plus tard, au cours de la décennie 70, apparaissent les tenants de la "musique spectrale" qui s'appuient sur lastructure acoustique du son afin de remodeler la syntaxe : Dufourt, Levinas, Murail, Radulescu, Benjamin… Expérimentation et création. Au total, on se trouve face à une sorte d'immense laboratoire qui produit une musique, le plus souvent trèscomplexe et une multiplicité de compositeurs et d'Oeuvres en France (Amy, Boucourechliev, Philippot, etc.) et dansde nombreux autres pays.

Le jazz, lui aussi, n'échappe pas à cette évolution, notamment le "free jazz", tandis qu'un"monstre sacré", Stravinski, va jusqu'à se convertir au sérialisme, durant la dernière partie créative de sa vie.

Cetteévolution, qui a été pure et dure dès la fin de la décennie 50 et au long des années 60, partiellement 70, instaure unindéniable fossé d'incompréhension avec le "grand public".

Encore que certaines évolutions ne s'orientent pas dans lemême sens : de fortes personnalités "indépendantes" poursuivent leur voie, Dutilleux, Ohana, Scelsi, Britten,Zimmermann, Henze, Chostakovitch qui dit le déchirement tragique d'un Russe face au totalitarisme.

Mais tout cecise déroule dans une époque de multiplication du disque, de la radio, des concerts, des festivals, des maisonsd'opéras (l'Opéra de Paris connaît les fastes de l'ère Liebermann) ; dans ce contexte on réhabilite Schubert, Mahler,Rossini, puis la musique baroque.

Au cours de la décennie 70, le Festival d'Avignon accorde une large place authéâtre musical qu'il convient de distinguer de l'art lyrique, mais dont l'audience demeure plus éphémère. Aussi lorsque Pierre Boulez se réinstalle à Paris en 1975, à la tête de l'Ircam et de l'Ensemble Inter Contemporain, lemonde musical a changé.

Il s'apprête à briser les idoles comme seront brisées les idéologies.

De nouvellesgénérations occupent le devant de la scène : en France, la décennie 80 voit grandir Du Sapin, Hersant, Fénelon,Manoury, etc.

Nombre d'autres pays font preuve d'une égale vitalité : Japon, Finlande, Grande-Bretagne, Suisse,Espagne, Québec, États-Unis etc., où l'on pourrait citer des dizaines de noms prometteurs. Simultanément, un certain néo-classicisme et un certain romantisme font retour avec la musique répétitiveaméricaine, les minimalistes Adams, Reich, Riley, le néerlandais Andriessen ou encore avec les mystiques de l'ex-URSS, Pärt, Kancheli, voire du monde anglo-saxon, Tavener.

Musique qui tourne parfois au simplisme, nie lesrecherches antérieures dont certaines ont, sans conteste, pu être vaines.

Les succès du rock, des musiques dumonde expliquent aussi une telle tendance.

En un moment où l'on redécouvre également la musique classique desannées 20-50, pourchassée et interdite par les régimes nazis et communistes, son souci d'expressivité se révèle trèsfort, provenant le plus souvent de "l'expressionnisme" (Zemlinski, Schulhoff, Krenek, Ullmann ou en Russie, Roslavetz,Mossolov, que vénère la nouvelle école russe des Denissov, Goubaïdulina, Schnittke, etc.). Il n'y a plus de maître à penser en musique contemporaine mais une postérité qui a commencé à fonctionner pour lesquelques cinquante ans écoulés et qui permet de considérer ce qu'a été cette musique et ce qu'elle pourrait êtredemain, au XXIe siècle !. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles