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Qu'est-ce qu'un mythe ?

Publié le 11/02/2004

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À quoi reconnaît-on un mythe ? C'est d'abord un type particulier de récit dont le modèle a été donné par les histoires des dieux de la Grèce antique. Toutefois, bien des mythes ne sont pas des histoires de dieux, ce sont des histoires de héros mais distinguées des contes ou des légendes, ce sont des histoires d'ancêtres mais distinguées des récits historiques, des histoires d'animaux distinguées des fables. La plupart des sociétés opèrent elles-mêmes une classification des divers types de récits, dans laquelle il est facile de reconnaître la catégorie des mythes ; ceux-ci, à la différence des contes qui ne sont que des inventions, sont reconnus pour vrais par les sociétés qui les racontent alors que, contrairement à ce qui se passe pour les récits historiques, il n'y a pourtant là, aux yeux de l'observateur étranger, pratiquement rien de vraisemblable.

 

« chaque texte.

L'entreprise gigantesque des Mythologiques consacrée à l'étude des mythes des Indiens des deux Amériques fait apparaître l'importance de ces codes et le jeu par lequel ils renvoient indéfiniment les uns auxautres ; Lévi-Strauss montre que la cuisine, par exemple, ses opérations et les objets auxquels elle s'applique, estaussi « bonne à penser » ; ses catégories sensibles que font ressortir des systèmes d'opposition peuvent d'une partêtre utilisées pour penser d'autres réalités, d'ordre sociologique ou cosmologique par exemple, et d'autre part ouvrirla voie à des catégories plus abstraites.

Dans cette optique, la structure des mythes reflète la structure de l'esprithumain.

En outre, les mythes ne sont pas seulement un jeu de l'esprit mais le lieu privilégié où se forgent lescatégories ; ils servent non seulement à marquer des écarts qui sont déjà donnés par la nature (exemple : l'hommeet la femme, le ciel et la terre), mais aussi à introduire la discontinuité indispensable au travail de l'intelligence encreusant des écarts au sein du continu (exemple : nature et culture, nous et les autres). 3) Le sens philosophique. D'un côté, la raison philosophique condamne le mythe ; elle l'exclut et le chasse ; entre muthos et logos, il fautchoisir ; ainsi commença de dire Platon au livre II de La République , avant d'inventer lui-même des mythes.

Il ne s'agissait pourtant encore que des mythes d'Homère, d'Hésiode et des tragiques ; mais l'hostilité de la philosophieest de principe : chercher le fondement, la raison d'être, exclut que l'on raconte des histoires ; il faudra donc tenirles mythes pour des allégories, c'est-à-dire pour un langage indirect où d'authentiques vérités physiques et moralessont dissimulées ; saisir ces vérités sous le vêtement du mythe, c'est du même coup rendre inutile l'enveloppe, unefois celle-ci percée à jour ; ainsi firent les stoïciens, sur la lancée du jeune Platon.

Le paradoxe de cette lutte estqu'elle n'en a jamais fini avec l'adversaire ; Platon lui-même écrit des mythes ; sa philosophie procède du mytheorphique et, d'une certaine façon, y retourne ; quelque chose nous dit que le mythe ne s'épuise pas dans safonction explicative, qu'il n'est pas seulement une manière pré- scientifique de chercher les causes et que lafonction fabulatrice elle-même a valeur prémonitoire et exploratoire à l'égard de quelque dimension de la vérité quine s'identifie pas avec la vérité scientifique ; il paraît bien que le mythe exprime une puissance d'imagination et dereprésentation dont on n'a encore rien dit tant qu'on s'est borné à la qualifier de « maîtresse d'erreur et defausseté ».

Les grands philosophes ont tous eu à faire avec cette puissance de l'imagination, qu'ils s'appellent Kant,Schelling, Hegel, Bergson ou Heidegger.

Quelle que soit la réponse qu'ils donnent à la question de savoir si la sorted'imagination ontologique impliquée par le mythe est finalement inférieure à la vérité d'ordre conceptuel, leurréflexion commune pointe vers une fantastique transcendantale, dont le mythe serait seulement une émergence.

L'enjeu n'est pas seulement le statut du mythe, mais celui de la vérité elle-même à laquelle on se propose de lemesurer ; la question est finalement de savoir si la vérité scientifique est toute la vérité, ou si quelque chose est ditpar le mythe qui ne pourrait pas être dit autrement ; le mythe, alors, ne serait pas allégorique, mais« tautégorique », selon le mot de Schelling : il dirait la même chose et non une autre chose.

C'est ainsi que, dans ledébat sur le mythe, la question même de la vérité est en suspens. La philosophie moderne et contemporaine, s'intéresse essentiellement au mythe au travers de l'opposition du muthos(mythe) et du logos (discours raisonnée) dans la philosophie grecque.

C'est, en effet, d'abord commereprésentation que la philosophie rencontre le mythe et sa prétention épistémologique.

Le problème muthos-logosdevient alors le problème « représentation-concept ».

Si la philosophie est la pensée par concept, c'est unequestion de savoir si la représentation véhiculée par le mythe peut être considérée comme une préfiguration duconcept.

Deux réponses s'avèrent alors possibles : ou bien la représentation peut être réduite au concept (maisalors, pourquoi ce détour, dont les théories antiques de l'allégorie avaient montré la vanité ?) ; ou, au contraire, sil'on tient pour l'irréductibilité de la représentation au concept, alors que devient la tâche de rationalité ? (Pour celatravailler avec l'ouvrage de Kant la Religion dans les limites de la simple raison) Conclusion. Il est difficile ici de donner une définition univoque du mythe tant les ethnologues se sont affrontés surl'interprétation et la définition qu'on peut donner à ces derniers.

Répondre à la question « qu'est-ce qu'un mythe ? »nous oblige en partie à ne donner qu'une définition partielle encore à construire, mythes dont nous ne sommes pasencore sortis.

Pour Roland Barthes dans Mythologies, pour qui tout peut devenir signe, tout peut être mythe.

Par exemple, Dans une pièce de Racine, le mot « flamme » veut dire amour ; c'est aussi un simple signe permettant dereconnaître l'univers de la tragédie classique.

Un bifteck-frites a des qualités spécifiques ; c'est aussi le symboled'une certaine francité.

Bref, tout objet de discours, outre son message direct, sa dénotation, sa référence au réel,peut recevoir des « connotations » suffisantes pour entrer dans le domaine de la signification, dans le champ desvaleurs.

Il critique le mythe parce que celui-ci est parasite : forme sans contenu, il ne crée pas de langages, maisles vole, les détourne, les exploite à son profit pour, en un métalangage, faire parler obliquement les choses.

Ensuiteparce qu'il est frauduleux : masquant les traces de sa fabrication, l'historicité de sa production, il se donnehypocritement comme allant de soi ; l'idéologie bourgeoise se constitue en pseudo-Nature, le stéréotype enévidence et la Doxa en vérité éternelle.

Enfin parce qu'il est pullulant : il y a trop de signes et trop de signesexagérés, bouffis, malades ; la signification pléthorique non seulement prolifère mais encore en rajoute, jusqu'àl'écœurement et la nausée.

Que l'on songe à la surcharge agressive des affiches, des slogans, des imagespublicitaires, des gros titres).

Notre civilisation, loin d'avoir aboli les mythes en crée sans cesse de nouveaux.

Loind'être des récits d'explication confus de notre monde, ils sont désormais nécessaires pour comprendre un mondesans cesse en reconstruction, ils sont des valeurs sûres illusoires… .. »

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