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Nana, le personnage de Zola, éprouvait « une répugnance indignée contre cette littérature immonde dont la prétention était de rendre la nature ; comme si l'on pouvait tout montrer ! En matière de livres et de drames, Nana avait des opinions très arrêtées : elle voulait des oeuvres tendres et nobles, des choses pour la faire rêver et lui grandir l'âme. » Vous discuterez cette conception de la littérature en vous appuyant sur le roman naturaliste que vous avez étudié.

Publié le 22/02/2012

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zola
Le sujet proposé demande avant tout que vous repériez l'ironie de Zola, qui fait d'une prostituée le porte-parole des critiques habituellement adressées à son propre mouvement littéraire, le naturalisme. Vous pourrez ainsi dégager deux conceptions opposées de la littérature : l'une qui fait rêver, c'est-à-dire qui trompe et endort, afin de s'éloigner d'une réalité jugée vulgaire et indigne d'elle, qui se fige dans des poses mièvres et ridicules ; l'autre qui fait penser, en donnant à voir toute la réalité d'un monde moderne en pleine transformation dont il s'agit de discerner les enjeux. Quel que soit le roman naturaliste que vous avez étudié, vous pourrez y puiser des exemples illustrant cette perspective. Rien ne vous interdit de proposer des exemples tirés de vos lectures, ou d'un groupement de textes consacré au naturalisme. Toutefois, il faudra éviter le saupoudrage de citations non exploitées. Dans un souci d'élargissement, vous sont proposées de nombreuses références à Zola et Maupassant, dans un plan semirédigé. Si vous le pouvez, lisez les romans concernés. À lire aussi sur le sujet : La Confession d'un enfant du siècle (Musset, 1834) ; Madame Bovary (Flaubert, 1857), L'Éducation sentimentale (Flaubert, 1869) et Le Roman expérimental (Zola, 1880).
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« paru si beaux dans les livres.

» Le rôle de l'italique est tout à fait intéressant ici : ce sont les clichés trompeursqui sont ainsi mis en évidence. Et elle se perd dans ses rêves : « Eût-elle joué jusqu'au bout le jeu romanesque, elle eût vécu ses amourscomme de vraies amours livresques : mais elle doute, s'inquiète, elle essaie de se rassurer sur la réalité de sonrêve, et elle tâche pour cela de le vérifier dans la vie, dans les choses.

Bref elle fait des expériences, et cesexpériences finissent mal, tout comme celles de Bou-yard et Pécuchet, parce que l'illusion ne peut sans sedétruire sortir de son propre domaine » (J.-P.

Richard, Poésie et profondeur). Pour les héros de Flaubert, à cause de ces délires romantiques impossibles à satisfaire, au bout de la quête, iln'y a que l'échec et la mort. c.

La rupture naturaliste Nana n'est pas la seule, dans la famille complexe des Rougon-Macquart, à préférer la douillette tiédeur desrêves à la dureté de la réalité.

Ainsi, Clotilde déclare au docteur Pascal, son oncle : « La terre est nue, le cielest vide, et qu'est-ce que tu veux que je devienne, même si tu innocentes la science des espoirs que j'aiconçus ? » (Le Docteur Pascal, 1893.) L'attaque est sévère, mais Clotilde finit par devenir la maîtresse de son oncle ; l'enfant issu de leur unionreprésente symboliquement le siècle à venir, la foi dans le progrès dû à la science.

Les rêveurs, pas plus queles fantasmes dangereux, n'ont plus leur place dans un monde dont le maître mot est le travail (cf.

Le Rêve ou Une page d'amour).

Il faut construire le futur, sans ménager sa peine.

La « besogne » est immense. Zola est d'ailleurs décidé à dépasser la rupture amorcée par le réalisme balzacien : « Mon oeuvre sera moins socialeque scientifique.

Balzac à l'aide de 3000 figures veut faire l'histoire des moeurs ; il base cette histoire sur la religionet la royauté.

[..

1 Je ne veux pas peindre la société contemporaine, mais une seule famille, en montrant le jeu de larace modifié par les milieux.

Si j'accepte un cadre historique, c'est uniquement pour avoir un milieu qui réagisse »(Documents Sr plans préparatoires).

Maupassant, héritier et disciple de Flaubert, poursuit de son côté une enquête de plus en plus pessimiste sur le fonctionnement de la société de la seconde moitié du XIXe siècle. 2.

Tout montrer a.

Toute la société La bourgeoisie sous tous ses aspects (La Fortune des Rougon, La Curée, La Conquête de Plassans, Nana, L'Argent), c'est-à-dire un mélange de cynisme, d'hypocrisie et de violence...

Citons Mont-Oriol et Bel-Ami, où l'ironie est souvent d'une férocité décapante. Les milieux populaires (L'Assommoir, Pot-Bouille, Germinal, La Bête humaine, La Terre...) dans leur diversité, sans concession aucune, et souvent dans leurs rapports avec la bourgeoisie (on peut penser aussi à Pierre et Jean). Certains événements historiques sont observés avec une rigueur impitoyable (La Fortune des Rougon, Boule- de-Suif, La Débâcle s'intéressent aux origines et à la catastrophe du Second Empire). b.

Romancier ou journaliste ? une enquête préalable à l'écriture : Germinal ou Mont-Oriol. l'exactitude des termes techniques : Germinal, La Bête humaine.

Bel-Ami retrace l'ascension de Georges Duroy grâce aux femmes, dans le milieu journalistique.

Au Bonheur des Dames s'intéresse aux premiers grands magasins parisiens. le goût des faits divers : L'Assommoir, Nana, Thérèse Raquin...

Certaines scènes sont conçues comme des reportages en direct (la grève dans Germinal ; l'accouchement dans la chambre de bonne dans Pot-Bouille...). On peut aussi penser à de nombreuses nouvelles de Maupassant. c.

Des héros de la vie ordinaire des paysans : La Terre ou Pierre et Jean. des ouvriers : Germinal, La Bête humaine. des gens simples : Une vie, Le Rêve, Le Ventre de Paris... 3.

Le romancier et le savant. »

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