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Naturalisme, romantisme, symbolisme

Publié le 08/02/2011

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Expliquez, illustrez et, s'il y a lieu, discutez ce parallèle entre le texte naturaliste et le texte romantique : «Le texte naturaliste est bien un morceau de fiction découpé dans du réel ; à ce titre il peut apparaître comme un fragment, mais qui n'a rien de commun avec le fragment romantique : «Pareil à une œuvre d'art, un fragment doit être totalement détaché du monde environnant, et clos sur lui-même comme un hérisson« ; cette célèbre définition de l'Athenaeum (1798) ne saurait évidemment convenir en aucun cas à un épisode naturaliste : la clôture du texte tend à se nier en tant que clôture, car le lecteur doit orienter le texte, sans craindre d'avoir à s'y piquer. Le texte naturaliste semble être le lieu même de la confusion, dans laquelle on ne peut s'empêcher de croire que l'écrivain ne mette d'ordre qu'arbitraire, à l'image, peut-être de la vie. La logique du texte trouve son prolongement et son achèvement dans la place que décide de prendre le lecteur-spectateur : y a-t-il une logique de l'Histoire ?« (Yves Chevrel, Le naturalisme, PUF, 1982.) Etes-vous d'accord avec cette façon de situer réalisme et naturalisme entre romantique et symbolisme : «Après le romantisme, il n'y a plus, dans la littérature, ni Dieu le père, ni père tout court ; il n'y a plus d'unité ; il n'y a plus de sens aux choses. Il n'y a plus que des êtres agis qui tout au plus gardent encore, chez Flaubert et chez Baudelaire des illusions de liberté. L'angoisse, atroce, despotique, sur les crânes inclinés plante son drapeau noir. Le réalisme, le naturalisme, par «réaction« contre le romantisme, comme disent les manuels traditionnels, coupent les ailes, en littérature, à un réel qui n'en a plus et n'en peut plus avoir. L'envers du réalisme et du naturalisme (comme du positivisme, dans la mesure où il aura pu être la philosophie de ce qui est, ce qui se satisfait d'être, persuadé que l'Histoire est finie, et l'aventure humaine close) ce sera le symbolisme et le néo-poétisme de la fin du siècle, de coloration esthétisante ou religieuse, réinventant, non parfois sans mièvrerie, ce que ces mouvements, dans la logique de la déshumanisation du siècle, avaient «oublié« : l'enfance, les fleurs, la subtile et profonde intimité des émotions, les synthèses néo-créatrices des sensations, voire, avec un Péguy, le sens, à nouveau, de la vie responsable et de la Cité. Pour les hommes de 1850, qui font la pénible expérience de l'installation du rompu et du discontinu, qui doivent s'habituer à vivre dans l'absurde, tout proche encore qu'ils sont des frémissements de l'ère précédente, le passage est dur. Le romantisme, le post-romantisme de 1850, liquide, de manière parfois rageuse, mais liquide des illusions désormais radicalement perdues.« (Pierre Barbéris, Manuel d'histoire littéraire de la France, t. IV, 2e partie, Editions sociales, 1973.) Commentez cette analyse de la relation entre réalisme et symbolisme : «On voit bien l'opposition qui se crée entre le symbolisme et le réalisme auquel il se substitue en tant qu'avant-garde. Zola s'inquiète de cette prépondérance du surnaturel, de cette porte ouverte aux fantasmes et aux impostures : au fond, à une exploration du réel semble succéder une exploration des continents intérieurs, parfois flottants et brumeux, de l'imaginaire. La contradiction est plus apparente que réelle et les voyages de Jules Verne sont autant mythiques que géographiques ; Mallarmé, d'ailleurs, aimait Zola le naturaliste. Il n'en reste pas moins qu'en dehors des questions d'étiquette, ce qui a disparu, c'est une certaine confiance dans la maîtrise (notamment scientifique) du monde réel : le savoir et les certitudes sécurisantes du roman cèdent la place à la poésie et à ses interrogations.« (Axel Preiss, Histoire de la littérature française, XIXe siècle, Bordas, 1988.)

 

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