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Nature animale, culture humaine

Publié le 15/01/2004

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Que constatons-nous ? Que les conduites essentielles à la survivance de l'individu et de l'espèce sont transmises héréditairement. Les instincts, l'équipement anatomique sont tout. Nulle trace de ce qu'on pourrait appeler « le modèle culturel universel » (langage, outil, institutions sociales, et système de valeurs esthétiques, morales ou religieuses). Tournons-nous alors vers les mammifères supérieurs. Nous constatons qu'il n'existe, au niveau du langage, des outils, des institutions, des valeurs que de pauvres esquisses, de simples ébauches. Même les grands singes, dit Lévi-Strauss, sont décourageants à cet égard : « Aucun obstacle anatomique n'interdit au singe d'articuler les sons du langage, et même des ensembles syllabiques, on ne peut qu'être frappé davantage par sa totale incapacité d'attribuer aux sons émis ou entendus le caractères de signes . » Les recherches poursuivies ces dernières décennies montret, dit Lévi-Strauss que « dans certaines limites le chimpanzé peut utiliser des outils élémentaires et éventuellement en improviser », que « des relations temporaires de solidarité et de subordination peuvent apparaître et se défaire au sein d'un groupe donné » et enfin qu' « on peut se plaire à reconnaître dans certaines attitudes singulières l'esquisse de formes désintéressées d'activité ou de contemplation ». Mais, ajoute Lévi-Strauss, « si tous ces phénomènes plaident par leur présence, ils sont plus éloquents encore -et dans un tout autre sens, par leur pauvreté ». De plus, et c'est là sans doute la caractéristique la plus importante, « la vie sociale des singes ne se prête à la formulation d'aucune norme ».
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« lois et des institutions.

» L'homme n'a pas de nature mais il a, ou plutôt il est une histoire. 1) L'homme est le produit d'une évolution. Cette conception d'une essence humaine préalable est intenable devant les progrès de l'anthropologie et dessciences humaines.

Depuis le XIX ième, les sciences biologiques ont établi de façon définitive et irréversible l'origineanimale de l'homme.

En 1859, Darwin publie « L'origine des espèces ».

Dans cette oeuvre ; il retrace l'évolution de lavie depuis l'animal unicellulaire, en passant par les poissons, les amphibies, les mammifères et les hommes primitifs,jusqu'aux « homini sapientes », cad aux hommes tels que nous les connaissons aujourd'hui.Cette théorie de l'évolution remet en cause le dogme de la création en six jours ainsi celui de la création instantanéede l'âme.

L'homme n'a pas d'essence préalable, il n'est pas tout donné au départ mais il est le produit d'uneévolution. 2) L'homme s'est produit lui-même dans l'histoire à partir de la nature. Pendant longtemps a prévalu une conception cérébraliste de l'hominisation.

L'idée était claire : le passage du singe àl'homme s'était effectué par un simple grossissement du cerveau.

Au Xxième siècle, l'hypothèse de l'homme-singeprend fin et les progrès des sciences de l'homme nous permettent de comprendre le passage de l'animalité àl'humanité non pas non pas comme un simple processus de cérébralisation mais comme un processus plus complexedans lequel le travail a joué un rôle fondamental.

On doit à Leroi-Gourhan d'avoir montré dans « Le geste & la parole» que c'est avant tout l'organisation corporelle de l'homme qui lui a permis d'utiliser des outils.

L'homme ne sedifférencie pas d'abord de l'animal par la pensée mais par ses caractéristiques physiques.

Le premier critèrebiologique de l'humanité et le plus important de tous, c'est la station verticale qui a pour conséquence la libérationde la main : « La liberté de la main permet une activité technique différente de celle des singes et sa libertépendant la locomotion alliée à une face courte et sans canines offensives commande l'utilisation des organesofficiels que sont les outils.

» On sait que les grands singes utilisent ce qui semble avoir une fonction comparable à l'outil dans leur activité dechasse ou de protection contre les prédateurs.

Par exemple, un chimpanzé est capable de se servir d'une branched'arbre qu'il aura pris soin d'effeuiller préalablement pour recueillir des termites ou des fourmis au fond de leur trou.De la même manière, un castor est capable de fabriquer ce qui ressemble à nos barrages sur les rivières...

PourLeroi-Gourhan, il y a une différence de nature et pas seulement de degré entre la capacité humaine à inventer desoutils et ce qui s'apparente plutôt chez l'animal à un simple détournement d'objet: " La fabrication et l'usage dubiface relèvent d'un mécanisme très différent, puisque les opérations de fabrication préexistent à l'occasion d'usageet puisque l'outil persiste en vue d'actions ultérieures.

" Le biface, c'est la pierre taillée la plus primitive que l'onconnaisse en paléontologie.

Mais il révèle déjà une pensée et pas seulement un instinct.

Les opérations defabrication préexistent à l'usage de l'objet : autrement dit, l'homme fabrique d'abord le biface dans sa tête avant depasser à l'acte avec le silex.

Par ailleurs, il y a conservation de cet outil, ce qui signifie que l'homme sait qu'il vapouvoir s'en servir ultérieurement. Et, c'est par le travail –rendu possible par la préhension de l'outil- que l'homme s'est produit lui-même dans l'histoireà partir de la nature.

En transformant la Nature, l'homme s'éloigne de son animalité originelle, il transforme sa propre« nature ».

Ainsi le langage apparaît originellement comme l'un des moyens nécessaires du travail.

Comme l'outil, laparole est un intermédiaire.

Elle opère un décalage entre l'intention et l'action.

Ainsi, par exemple, pour couper unobjet l'homme prépare une lame tranchante au lieu de s'attaquer directement à l'objet.

De même, au lieu de montrerun objet désiré et de faire signe qu'on le lui apporte, il émet des sons.

De ce décalage naît la pensée.

La pensée estle produit de l'action différée, médiatisée par l'outil et par la parole.

Langage, pensée, outil s'engendrent doncmutuellement et se renforcent sur la base du travail. 3) L'homme est un être de culture. Si l'homme a une origine animale, il n'en diffère pas moins qualitativement des animaux.

Quiconque étudie lephénomène humain est frappé par l'ampleur extraordinaire des progrès psychiques de l'humanité au cours desquarante ou cinquante derniers millénaires.

Ces progrès s'expliquent par l'apparition chez l'homme de trois faitsabsolument nouveaux dans l'histoire de l'évolution des espèces :(a) La découverte et l'utilisation d'outils ;(b) la réalisation par la collectivité d'un patrimoine social accumulé et transmis de génération en génération ;(c) l'acquisition du langage et la genèse de la pensée. (a) L'outil.. »

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