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La nature humaine ?

Publié le 07/02/2004

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I - La nécessité de la notiona) Quels que soient les dangers éventuels qui s'attachent à l'emploi de cette notion, ces dangers ne se comprennent que par référence à la nécessité qu'il y a de se mettre en quête de cette nature humaine. La question oscille donc, depuis celle du danger jusqu'à celle du risque : si la notion de nature humaine est un moyen, ce moyen peut avoir des inconvénients, même si la finalité est nécessaire. Quand Rousseau décrit, dans la Préface du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, la connaissance de l'homme comme « la plus utile » et « la moins avancée » de toutes, il ne fait qu'exprimer une exigence philosophique qu'on retrouve au fronton du temple de Delphes (« Connais-toi toi-même ») et qui était déjà l'exigence socratique, avant d'être aussi celle de Kant (« qu'est-ce que l'homme » ?). On ne peut pas faire l'économie de cette recherche de l'homme sur lui-même, ni renoncer à s'enquérir de ce qu'est l'homme. La notion de « nature humaine » est d'abord et avant tout l'incarnation de cette exigence. Il n'en demeure pas moins que le mot « nature », dans l'expression « nature humaine », voit son sens quelque peu déplacé. La « nature » à laquelle Rousseau se réfère, est, on l'a vu, une construction méthodologique (cf. cours, Ire partie). La nature de l'homme, si elle est sa nature première et originelle, reste en effet introuvable.

« Conclusion La notion de « nature humaine » reste donc une notion à construire : elle ne devient dangereuse que lorsqu'elle seprésente comme déjà achevée. Il ne s'agit pas pour Socrate de se livrer à une investigation psychologique, mais d'acquérir la science des valeursque l'homme porte en lui.

Cette science importe essentiellement — bien avant de connaître la nature ou les dieux.Comment conduire sa vie pour être heureux ; voilà la question qui hante tous les hommes.

L'opinion, confortée encela par les sophistes, identifie le bonheur à la jouissance, au pouvoir, à la fortune, à la beauté.

Sans doute toutcela n'est-il pas négligeable, mais ce sont là des biens équivoques qui peuvent nous être utiles, ou nous nuire selonles circonstances, l'usage qui en est fait.

Pour qu'ils deviennent utiles, il faut que nous sachions nous en servir et sil'homme agit toujours en vue de son bien propre, il peut se tromper sur sa définition.

Si nul n'est méchantvolontairement, c'est d'abord parce que nul ne veut consciemment se nuire à lui-même et donc ce n'est que paraccident que la conduite qu'il adopte peut éventuellement s'avérer mauvaise.

Par accident, non volontairement, ilfaut entendre par là par ignorance : si je ne connais pas la hiérarchie des biens, je serai nécessairementmalheureux.

Par exemple, celui qui consacre son existence à acquérir la richesse, en viendra naturellement à nuire àautrui, donc il s'exposera à la rigueur de la loi ; de plus c'est là un bien qui dépend en large partie du hasard et quipeut échapper à tout instant.

Il est donc inconcevable que sachant tout cela on puisse vouloir agir de la sorte.C'est la science qui détermine l'action, elle ne peut être vaincue par les passions, seulement par l'ignorance.Le primat donné à la science explique les railleries dont Socrate accable aussi bien les institutions, en particulier letirage au sort des magistrats, que l'inspiration qui permettrait à certains de bien agir par une sorte d'illumination.Faisant confiance au savoir et pensant que tous les hommes — fut-ce l'esclave — portent en eux le germe de cesavoir, c'est une vision délibérément optimiste que Socrate offre de l'humanité. « Chaque homme porte la forme entière de l'humaine condition.

» Montaigne, Essais, 1580-1588. « Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, unmilieu entre rien et tout.

» Pascal, Pensées, 1670 (posth.) « Nous n'avons aucune communication à l'être, parce que toute humaine nature est toujours au milieu entre lenaître et le mourir, ne baillant de soi qu'une obscure apparence et ombre, et une incertaine et débile opinion.

»Montaigne, Essais, 1580-1588.Par là, Montaigne veut dire que les hommes, qui sont de nature finie et mortelle, n'ont aucun rapport avec l'êtresuprême (Dieu), qui est éternel et «à qui le temps n'apporte jamais aucune mutation ».. »

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