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Est-Il Nécessaire D'être Cultivé Pour Apprécier L'art ?

Publié le 19/03/2011

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Sujet : Faut-il être cultivé pour apprécier l’art ?

 

Le mot art, du latin Ars, artis « habileté, métier, connaissance technique «, est une activité humaine, le produit de cette activité ou l'idée que l'on s'en fait, consistant à arranger entre eux divers éléments en s'adressant délibérément aux sens, aux émotions et à l'intellect.  L'art, dorénavant, englobe principalement les produits des « beaux arts « tels que la sculpture, la peinture, la musique, la danse et la poésie (et donc la littérature), auxquels on ajoute fréquemment la cuisine, le cinéma, la gravure, le théâtre, la photographie, la bande dessinée, la télévision, voire l'art numérique. Apprécier l’art veut dire l’estimer, en faire cas, lui reconnaître du mérite, des qualités, l’aimer,  juger de sa valeur (intellectuelle, morale, artistique, etc.). Être cultivé, de son coté, veut dire enrichir son goût, son jugement par l'étude et les connaissances ; avoir une culture générale. L'œuvre d'art se propose d'atteindre le beau, c’est à dire de faire appel a un sentiment, il se propose a ce qu’on l’apprécie, or, au contraire, la culture désigne le savoir intellectuel. La naissance d’un sentiment dépendrait-il alors de l’intellect ? le fait d’apprécier une œuvre d’art nécessite pas d’être cultivé, mais il permet de ne pas l’apprécier au hasard, dans ce cas, que permet le fait d’être cultivé face a une œuvre d’art ? Dans une première partie nous allons voir en quoi être cultivé n’est pas nécessaire pour apprécier l’art, cependant l’être  permet de mieux apprécier une œuvre, voire de l’apprécier a sa juste valeur, et enfin, si être cultivé n’est pas nécessaire pour apprécier une œuvre, l’être permet de comprendre celle-ci, ou du moins essayer de la comprendre du mieux possible.

 

Premièrement,  la culture artistique  n'est pas nécessaire car l'œuvre d'art, visant au beau, parle directement aux sentiments et peut émouvoir même un ignorant.

En effet, l’œuvre d’art nous ramène souvent par sa beauté même à ressentir  un plaisir esthétique, sensuelle voire sexuel. Il s’agit de la contemplation esthétique. Effectivement, on ressent quelque chose en contemplant une œuvre d’art, c'est-à-dire qu’on l’apprécie, ou pas, dépendant ce que l’on ressent, mais on peut apprécier une œuvre sans pour autant être cultivé. Comme disait Leibniz : « La musique est un exercice arithmétique d’un esprit qui ne sait même pas qu’il compte «, en effet, ce que ressent le public face à un orchestre jouant, ne se confond pas avec la joie que l’on ressent d’avoir résolu un ou des exercices de mathématiques. Dans le public il peut très bien avoir une personne n’étant pas cultivée qui ressent pourtant de l’émerveillement face a cette mélodie produite, il apprécie alors la musique, qui fait partie de l’art. Tout comme un touriste qui s’émerveille devant sans rien savoir de son histoire ou comment il a été construit, par exemple la Tour Eiffel.

Le beau universel plait à tous. Il est vrai que de nombreuses œuvres, notamment artistiques, sont considérées comme belle universellement, par exemple des œuvres comme L’Iliade,  Roméo et Juliette ou même la Joconde qui sont devenus tellement célèbres que leur beauté, soit le plaisir qu’elles font éprouver au lecteur ou public n’est même plus remis en cause. Même si le lecteur ne détecte pas les tout ce qui est technique ou symbolique, il est ému. En effet, le vrai génie parle à tous ! Il serait élitiste de dire que l’art ne peut qu’être apprécié par les gens cultivés, l’art est destiné à tous, et tous sommes capables de ressentir quelque chose face a une œuvre, on peut ressentir du plaisir face a la beauté, on l’apprécie donc. On peut même, face à une œuvre d’art, ressentir un profond plaisir, sans que ce soit pour autant explicable, cette chose qui ravi, laissant de coté tous les aspects matériels. Comme dit Plotin : « L’architecture, c’est ce qui reste de l’édifice une fois la pierre ôtée «, ici le côté matériel ne compte plus, mais ce sont les plans, l’idée même de celui-ci.

 

Il ne faut pas forcément être cultivé pour pouvoir apprécier l’art en général, cependant, le fait d’avoir plus de connaissance a ce sujet, c'est-à-dire être cultivé, permet de mieux apprécier une œuvre d’art, cela permet de ne pas admirer au hasard comme le dit « ignorant «.

 

On apprécie effectivement d’une manière plus justifiée une œuvre artistique quand on est un minimum cultivé puisqu’on a des éléments, que «l’ignorant « ne détient pas qui nous permettent de mieux considérer une œuvre d’art.

Dans un premier temps, on peut dire que le fait d’être cultivé nous aide dans la façon d’observer une œuvre d’art, rien que le fait de l’être nous permet de pouvoir faire des comparaisons puisqu’on est sensé connaitre d’autres œuvres, du coup on peut, par comparaison mieux considérer les techniques de réalisations de l’œuvre, les couleurs utilisées ; par exemple entre La Cathédrale de Auvers-sur-Oise , de Van Gogh et Gardanne de Paul Cézanne, on observe sans problème la technique de tracé des peintre: pendant que Van Gogh fait la structure de sa cathédrale invraisemblable, les murs ondulés, Cézanne essaye de représenter un paysage possible, utilisant des couleurs plus joyeuses, et des traits plus droits. Le spectateur cultivé peut ainsi en comparant les tableaux, faire sa propre opinion du tableau, pour pouvoir enfin l’apprécier à sa juste valeur. Il peut ainsi mieux considérer une œuvre, et mieux l’évaluer. Il ressentira alors un plus grand plaisir à l’observer.

De l’autre coté, si le public est cultivé, il peut remarquer certains détails de l’œuvre que l’ « ignorant «, n’ayant pas eu d’éducation ne pourrait pas détecter. C'est-à-dire qu’en examinant l’œuvre, il peut voir ces détails et les rattacher a des événements, personnages, lieux historiques. Il peut ainsi repérer a quelle époque l’œuvre a été réalisée, qui sont représentés et ou se déroule la scène, bien entendu s’il s’agit d’art visuel. Pour la musique on pourrait écouter qu’els instruments sont utilisés pour l’époque par exemple. Si on prend le tableau de Delacroix ; La liberté guidant le peuple, en observant on peut facilement le situer question époque grâce a des symboles comme le bonnet phrygien, le drapeau tricolore, la scène de bataille, cela nous ramène a la révolution de 1830 ; ou bien même l’autoportrait de Van Gogh qui par le pansement représenté, nous renseigne sur quelle période de la vie du peintre il s’agit.  Tout cela mène a dire que le lecteur, étant cultivé, juste en observant l’œuvre, peut en sortir nombre d’informations, qui lui permettent de mieux valoriser celle-ci, et ainsi pouvoir l’apprécier a une plus juste valeur.

 

Il faut être un minimum cultivé pour pouvoir apprécier l’art a sa juste valeur, mais étant cultivé, on peut faire plus que l’apprécier, on peut essayer a mieux comprendre une œuvre d’art, a s’approcher le plus possible de sa juste valeur.

Premièrement, une personne cultivée a plus de chance d’être informé sur les artistes dont il observe les œuvres, c’est notamment grâce a ces informations que le public cultivé s’approchera le plus de la compréhension de l’œuvre. En effet, le public connaissant la vie de l’auteur pourra essayer d’identifier la période de vie de l’auteur quand il a réalisé telle ou telle œuvre. On peut aussi remarquer à quel courant artistique l’auteur appartenait à une époque donnée, car beaucoup d’artistes ont changés de courants le long de leur vie. On peut aussi remarquer à travers l’œuvre même le ou les sentiments que l’artiste veut nous faire ressentir. Par exemple certaines musiques nous rendent tristes, que se soit par les instruments utilisés ou, si c’est une chanson, par les paroles. Les cinéastes utilisent d’ailleurs cet effet pour caractériser certaines scènes. Dans Titanic, le film, le réalisateur a mis une chanson triste quand le personnage principal a du laisser partir sa bien aimée, ce qui a d’ailleurs causé sa mort. Le fait de réunir le plus d’informations sur une œuvre participe a la valorisation de la même, par conséquent on a plus tendance à apprécier quelque chose qu’on comprend, qu’on connait pour sa juste valeur.

Enfin, ceci nous mène du coté de l’interprétation d’une œuvre qui peut se réaliser seulement grâce au fait que la personne en question soit assez cultivé afin de tenir des propos éloquents, et pour cela, il faut qu’il soit informer de manière complète sur cette même œuvre. Il faut, grâce à cette information, essayer d’analyser l’œuvre pour en sortir ce que l’artiste aurait voulu transmettre, sans pour autant être sur d’avoir trouvé la bonne interprétation car seul la présence du peintre pourrait nous le confirmer, or la plupart des grands peintres ne sont plus de notre monde. On peut néanmoins être sûr de s’en approcher. Le fait de s’approcher le plus possible de la signification de l’œuvre permet d’en trouver les messages que voulait transmettre l’artiste. Par exemple on peut interpréter le message que l’artiste guatémaltèque Juan Antonio Franco, dans son œuvre Pesadilla veut nous transmettre sur la ou les dictatures du XXème siècle en Amérique Latine. On peut interpréter ce message seulement après avoir fais l’analyse de l’œuvre et avoir remarqué les symboles représentés.

 

En conclusion, il n’est pas nécessaire d’être cultivé pour apprécier l’art en tant que tel cependant il est nécessaire de l’être quand il s’agit d’apprécier pleinement une œuvre pour sa juste valeur, et même au-delà, être cultivé peut nous permettre de comprendre des œuvres d’art, en analysant les informations possédées par la personne pour en sortir une interprétation qui se rapproche a ce que l’artiste a vraiment voulu transmettre. Cependant on fait que s’approcher a cette idée que l’artiste a voulu transmettre, car il peut toujours exister des interprétations trop poussées qui mène vers un sens de l’œuvre non voulu par l’artiste. Ce qui nous mène au problème de l’interprétation : être cultivé nous permet il d’interpréter correctement une œuvre ?

 

 

Au sein d’une société, il semble évident que la culture artistique profite au rayonnement culturel. C’est qu’en effet l’art, sous toutes ses formes, est indéniablement l’un des principaux moteurs de la culture (avec la religion, le langage…). Alors il faut s’interroger sur les rapports de l’œuvre d’art avec la culture qui en effet recouvre bien des domaines. Il ne faut pas oublier que « se cultiver «, c’est avant toute chose enrichir son esprit, se développer par l’instruction et l’exercice de ses potentialités. Appliquée à l’œuvre d’art, il semblerait que la capacité d’estimer, d’évaluer, de juger, bref d’apprécier une œuvre au sens Kantien et donc neutre du terme, relèverait d’une capacité de l’homme cultivé pleinement réalisé dans son rapport à l’art… Pourtant, ne puis-je pas « goûter « un tableau de Vermeer, un ballet de Baryschnikov, un opéra de Mozart ou encore le David de Michel-Ange, sans avoir jamais appris la peinture, étudier la danse, ou analyser la musique ou la sculpture ? Cela revient à se demander : faut-il être instruit, avoir des connaissances artistiques pour entrer dans un rapport à l’art ? Bref, est-il nécessaire d’être cultivé pour apprécier une œuvre d’art ? Ici, nous entrons dans un paradoxe certain : d’un côté l’œuvre d’art doit être ce qui provoque en moi des émotions particulières, ce qui relève de ma subjectivité à travers ma sensibilité, et de l’autre côté, mon appréciation esthétique de l’œuvre dépendrait de l’édifice de mes connaissances culturelles et artistiques. C’est alors la tension des rapports nécessaires ou contingents entre sensibilité et culture intellectuelle qui va être abordée pour répondre à la question. N’est-il pas vrai que l’œuvre d’art se suffit à elle-même dans la production de tous ses effets ? Et pourtant, sommes-nous vraiment à égalité face à l’œuvre d’art ? La culture n’est-elle pas nécessaire pour une parfaite compréhension et cohésion du spectateur avec l’œuvre, et donc avec l’artiste ? L’œuvre d’art, si difficile à définir, demeure, quelle que soit sa forme, ce qui va affoler mes sens, éveiller des émotions particulières et inattendues chez moi, invoquer ma sensibilité et la mettre à l’épreuve. C’est d’ailleurs le sens que l’on donnera au « goût « : la sensibilité, l’esthétique. Alors mon jugement de goût, comme l’appelle Kant, va être amené à s’exercer, et ce sont mes cinq sens qui seront mobilisés, afin de juger le beau et de déterminer ce jugement. Il y a donc quelque chose de profondément subjectif dans mon rapport à l’œuvre d’art, puisqu’entrer dans ce rapport signifie accepter de ressentir quelque chose, et de se laisser gagner par l’émotion que l’œuvre suscite en moi. Cet aspect du rapport à l’œuvre comme subjectif va d’ailleurs être conforté par de nombreux philosophes. Par exemple, Hegel a dit que « l’art est de l’idéal devenu sensible «, et que le beau artistique exprime par ce sensible la richesse de l’esprit. C’est bien que malgré l’intention souvent intellectuelle, réfléchie et pensée de l’artiste, l’œuvre d’art se réalise dès lors que ce qui prédomine en elle n’est plus cette idée, cette pensée, mais la sensibilité qui en découle. Or, n’est-il pas vrai que quiconque et quel que soit son niveau d’érudition artistique est à même de recevoir cette sensibilité ? N’est-ce pas le travail de l’artiste que de toucher tous les spectateurs ? En effet, il faut bien se dire que si l’artiste choisit son public en élevant son œuvre à un niveau intellectuel tel que de nombreuses personnes n’y auront plus accès, le caractère universel de l’œuvre se perd. Pour illustrer le fait que l’œuvre d’art touche universellement tous les spectateurs, cultivés ou non, nous pouvons choisir bien des exemples, car bien des exemples sont à notre disposition. Je choisirai donc celui qui me touche au plus près, car il me semble parfaitement adapté, la danse. La danse est un art dont l’œuvre s’effectue par la représentation d’un ballet, d’un spectacle… Or, tout un chacun peut accéder à la beauté de la danse, être touché par la grâce d’une ballerine, par la beauté d’un geste, par l’apparente facilité du mouvement, fluide et continuel qui exprime quantité de sentiments et d’émotions ; même une personne n’ayant jamais fait de danse, ne connaissant rien à la technique de la danse, va pouvoir apprécier les parfaites diagonales, les fouettés, la légèreté des portés…sans même y percevoir toute la difficulté technique. Le Blanche-Neige de Preljocaj a su toucher les plus novices de la danse, le Casse-Noisette ou encore le Boléro de Béjart savent émouvoir, provoquer réactions et émotions particulières chez tous les spectateurs, qu’ils aiment ou non, qu’ils admirent ou pas la complexité des gestes, la beauté des chorégraphies. Nous pouvons tirer la même conclusion de toute œuvre d’art : je ne connais rien à la sculpture, et il n’empêche de que l’Amour et Psyché de Canova sait provoquer en moi toute ma sensibilité, mon jugement esthétique: la sculpture me touche, je la trouve belle, et pourtant je ne saurais y voir la beauté technique dans le détail. Ainsi donc l’appréciation de l’œuvre d’art ne semble vraiment pas nécessiter la culture du spectateur, puisque même un jeune enfant pourra entrer dans un rapport avec cette œuvre sans avoir auparavant édifié une culture artistique : le novice reçoit les mêmes sentiments que l’expert, ou si les émotions diffèrent, l’Emotion persiste.Pourtant, nous ne pouvons nier que la culture artistique, la connaissance des difficultés techniques, la prise de conscience des prouesses accomplies, peut rendre l’appréciation encore plus juste, plus proche du message de l’artiste. La culture, l’érudition artistique, ne sont-elles pas nécessaires à une parfaite compréhension de l’œuvre ? Premièrement, l’œuvre est œuvre de par sa capacité à créer le discours, à faire naitre l’interprétation. Alors, l’être cultivé n’accède-t-il pas plus aisément à cette interprétation, grâce justement à sa culture, sa connaissance de l’artiste ou de ses techniques…. Ensuite, il est évident que le goût lui-même est affaire de culture : il doit être formé, déformé, par une instruction artistique, une accumulation de connaissances, de la même manière que se forme notre esprit critique. Alors, si l’œuvre demande à être comprise et le goût à être formé, édifié, nous ne pouvons qu’affirmer que le plaisir esthétique total (soit la parfaite compréhension de l’œuvre, ajoutée aux émotions suscitées par celle-ci) réside en une entière cohésion avec l’esprit de l’œuvre, son message, et ses effets : bref, en une culture esthétique et artistique accomplie. De fait, étendre sa connaissance de l’art, élargir ses perspectives et ses savoirs artistiques, permet de saisir plus finement la richesse et la qualité de l’œuvre d’art que je me donne à apprécier : alors, c’est bien ma culture qui me donne l’accès à la plénitude de mon jugement. C’est que l’art en effet exige bien souvent un public qui soit apte à le comprendre : pour pénétrer le monde de l’art, il faut s’efforcer de pénétrer celui de l’artiste, apprendre son langage. Et si le spectateur n’apprend pas ce langage, il reste souvent sur la sensation d’incompréhension, alors l’œuvre ne lui procure aucun plaisir, parce qu’il n’a jamais appris à l’apprécier. Il est par exemple indéniable que lors d’une visite au Louvre, si je ne connais rien des techniques picturales, je serai enrichi si un professionnel, ou du moins une personne qui s’y connaisse, me parle des qualités techniques, des prouesses de lumières, de l’originalité des lignes, des courbes, des taches de couleurs appliquées différemment selon la volonté de l’artiste. Ces connaissances supplémentaires sont effectivement un atout qui me permet de mieux comprendre, de mieux juger, bref, d’apprécier plus justement l’œuvre d’art vers laquelle je suis tourné, car il est clair que le savoir améliore et le regard, et l’écoute. C’est que l’étudiant en musicologie sera bien plus apte à apprécier, goûter, juger, l’œuvre de Beethoven, dont il connaitra les bases, les lignes, les harmonies…tandis que mon oreille innocente se contentera d’aimer ou non, au mieux de reconnaitre un talent, bien qu’elle reçoive elle aussi les sensations qu’elle doit recevoir de l’œuvre d’art. Enfin, la culture artistique peut permettre à l’homme cultivé de cerner les influences de l’artiste, ses clins d’œil, ses hommages… Notons pour cela l’exemple du Balcon de Magritte, qui revisite en 1950 celui de Manet, remplaçant les personnages par des cercueils. C’est encore que les références culturelles des artistes, leur clins d’œil lorsqu’ils introduisent dans leurs créations une pièce d’un autre artiste, ou bien s’en inspire, comme l’Antigone d’Anouilh, enrichisse l’appréciation du spectateur qui sait les voir : le lecteur qui ne connait pas la première version de Sophocle perd toute une partie de la vision de l’artiste. En conclusion, si l’œuvre d’art plait ou déplait indépendamment des considérations techniques, ou théoriques sur l’art observé, qu’il s’agisse de peinture, de danse, de sculpture, de musique… c’est qu’elle éveille en nous notre subjectivité, nos sens, nos émotions : aucune norme e la précède, elle se suffit à elle-même dans la réalisation de ses effets sur le spectateur. C’est pour cela qu’il ne me parait pas nécessaire absolument d’être cultivé pour apprécier l’art : l’appréciation neutre n’exige en rien une culture élevée, mais le simple désir d’apprécier, l’effort vers l’œuvre d’art est suffisant pour cette appréciation. Cependant, nous ne pouvons pas ignorer le fait qu’une personne cultivée, qui possède des connaissances que l’art qu’elle se donne à apprécier, l’appréciera d’autant plus justement qu’elle en saisira tout le sens et la porté sensible, mais aussi toute la qualité technique, la difficulté, et la volonté de l’artiste. Bref, si la culture n’est pas strictement nécessaire à l’appréciation d’une œuvre d’art, elle est ce qui permet d’en saisir la juste valeur. Pourtant, l’art ne devrait pas être élitiste : il devrait s’offrir à tous de la même manière, puisque tous nous avons la même capacité à le rejeter ou à l’accepter. Il faut réduire au maximum la « supériorité sociale « des amateurs d’art, en permettant à tout un chacun d’y accéder. Alors, peut-être, serons-nous un jour à égalité face à une œuvre d’art ?

 

 

« à être comprise et le goût à être formé, édifié, nous ne pouvons qu'affirmer que le plaisir esthétique total (soit la parfaitecompréhension de l'œuvre, ajoutée aux émotions suscitées par celle-ci) réside en une entière cohésion avec l'esprit de l'œuvre,son message, et ses effets : bref, en une culture esthétique et artistique accomplie.

De fait, étendre sa connaissance de l'art, élargirses perspectives et ses savoirs artistiques, permet de saisir plus finement la richesse et la qualité de l'œuvre d'art que je me donneà apprécier : alors, c'est bien ma culture qui me donne l'accès à la plénitude de mon jugement.

C'est que l'art en effet exige biensouvent un public qui soit apte à le comprendre : pour pénétrer le monde de l'art, il faut s'efforcer de pénétrer celui de l'artiste,apprendre son langage.

Et si le spectateur n'apprend pas ce langage, il reste souvent sur la sensation d'incompréhension, alorsl'œuvre ne lui procure aucun plaisir, parce qu'il n'a jamais appris à l'apprécier.

Il est par exemple indéniable que lors d'une visiteau Louvre, si je ne connais rien des techniques picturales, je serai enrichi si un professionnel, ou du moins une personne qui s'yconnaisse, me parle des qualités techniques, des prouesses de lumières, de l'originalité des lignes, des courbes, des taches decouleurs appliquées différemment selon la volonté de l'artiste.

Ces connaissances supplémentaires sont effectivement un atout quime permet de mieux comprendre, de mieux juger, bref, d'apprécier plus justement l'œuvre d'art vers laquelle je suis tourné, car ilest clair que le savoir améliore et le regard, et l'écoute.

C'est que l'étudiant en musicologie sera bien plus apte à apprécier, goûter,juger, l'œuvre de Beethoven, dont il connaitra les bases, les lignes, les harmonies…tandis que mon oreille innocente se contenterad'aimer ou non, au mieux de reconnaitre un talent, bien qu'elle reçoive elle aussi les sensations qu'elle doit recevoir de l'œuvred'art.

Enfin, la culture artistique peut permettre à l'homme cultivé de cerner les influences de l'artiste, ses clins d'œil, seshommages… Notons pour cela l'exemple du Balcon de Magritte, qui revisite en 1950 celui de Manet, remplaçant lespersonnages par des cercueils.

C'est encore que les références culturelles des artistes, leur clins d'œil lorsqu'ils introduisent dansleurs créations une pièce d'un autre artiste, ou bien s'en inspire, comme l'Antigone d'Anouilh, enrichisse l'appréciation duspectateur qui sait les voir : le lecteur qui ne connait pas la première version de Sophocle perd toute une partie de la vision del'artiste. En conclusion, si l'œuvre d'art plait ou déplait indépendamment des considérations techniques, ou théoriques sur l'art observé,qu'il s'agisse de peinture, de danse, de sculpture, de musique… c'est qu'elle éveille en nous notre subjectivité, nos sens, nosémotions : aucune norme e la précède, elle se suffit à elle-même dans la réalisation de ses effets sur le spectateur.

C'est pour celaqu'il ne me parait pas nécessaire absolument d'être cultivé pour apprécier l'art : l'appréciation neutre n'exige en rien une cultureélevée, mais le simple désir d'apprécier, l'effort vers l'œuvre d'art est suffisant pour cette appréciation.

Cependant, nous nepouvons pas ignorer le fait qu'une personne cultivée, qui possède des connaissances que l'art qu'elle se donne à apprécier,l'appréciera d'autant plus justement qu'elle en saisira tout le sens et la porté sensible, mais aussi toute la qualité technique, ladifficulté, et la volonté de l'artiste.

Bref, si la culture n'est pas strictement nécessaire à l'appréciation d'une œuvre d'art, elle est cequi permet d'en saisir la juste valeur.

Pourtant, l'art ne devrait pas être élitiste : il devrait s'offrir à tous de la même manière,puisque tous nous avons la même capacité à le rejeter ou à l'accepter.

Il faut réduire au maximum la « supériorité sociale » desamateurs d'art, en permettant à tout un chacun d'y accéder.

Alors, peut-être, serons-nous un jour à égalité face à une œuvre d'art?. »

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