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Nerval Avait-Il Franchi Les Frontières De La Folie ?

Publié le 18/10/2010

Extrait du document

nerval

 

Un poète pendu, au cœur d'une nuit glacée. Le corps, retrouvé au matin du vendredi 26 janvier 1855.

 

      A ce moment précis où je vous parle, est-ce qu’une seule personne parmi vous pourrait certifier qu’elle na jamais prononcé le mot « fou «. Nous utilisons le terme « fou « tous les jours ou presque, à tort et à travers, sans véritable raison. Le « fou « est un malade, un dément, un déséquilibré. Le mot folie peut se définir par le trouble de l’esprit. C’est une personne qui a un comportement extravaguant. Le fou, c'est également celui qui ne nous  ressemble pas, nous apparaît diffèrent, anormal, il n’est pas comme nous. Ce fou-là se démarque par ses idées.

On connaît tous des exemples célèbres de folie : la folie de Van Gogh, la folie d'Hitler, la folie de Gérard de Nerval. Justement, parlons-en de Nerval.

      Né à Paris le 22 mai 1808, Gérard de Nerval est un poète Français qui mène une vie de bohème, il fréquente le « cénacle « (cercle d’artistes, d’écrivains, d’intellectuels) de Victor Hugo. A vingt ans il publie une traduction du 'Faust' de Goethe. L’auteur lui-même l’en félicita et lui dit « Je ne me suis jamais mieux compris qu’en vous lisant. «. Il acquiert grâce à cet exploit une certaine renommée.

      Affilié à la veine romantique, il eut une carrière étrange, entre la poésie et le journalisme. Il est très amoureux d’une jeune actrice, Jenny Colon, avant de devenir à moitié fou lorsque celle-ci en épouse un autre. Pour l’oublier il voyage en Orient où il se lance dans une quête mystique et spirituelle ('Voyage en Orient') mais il reste inconsolable à la mort de celle-ci. Il fît de l’actrice un symbole de l’idéal féminin. A la fin des années 1830, début des années 1840, le poète quitte le monde réel pour souffrir d'hallucinations. Il sera interné en hôpital psychiatrique. À partir de 1853, Nerval a des accès de démence et fait des séjours répétés en clinique. Il connaît quelques moments de lucidité d'où naîtront ses œuvres comme Sylvie, les Filles du feu et les Chimères (1854). En 1855, il est retrouvé pendu à une grille de fer à Paris.

      Après avoir dit ces quelques mots sur Gérard de Nerval, nous pouvons facilement associer le terme fou à ce personnage. Mais selon vous, est –ce que …

Nerval avait franchi les frontières de la folie ?

      Pour répondre au mieux à cette question, il me faudra d’abord comparer la folie mentale de Nerval à sa folie d’amour. Ensuite, je tenterai de comprendre si sa folie a pu déteindre sur ses œuvres. Finalement, j’associerais cette folie au tempérament des poètes du 19ème siècle.

 

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      Beaucoup de personnes pensent que l’on peut attribuer à Nerval cet adjectif « folie «, mais est-ce que devenir fou par amour peut-être symbolisé par une démence ?

 

      En effet, comme je viens de vous l’expliquer il y a quelques instants, Nerval a eu une passion démesurée pour la jeune actrice Jenny Colon. Si je comparais la définition du mot passion à celle de la folie, cela donnerait ceci : la passion est une émotion puissante et continue qui domine la raison. La folie est le caractère de ce qui échappe au contrôle de la raison, du bon sens. Comme vous avez pu le remarquer, ces deux définitions sont très semblables. La folie et la passion sont des comportements dominant la raison. Ce sont des caractères que l’être humain ne peut contrôler. Il est vrai que la folie peut être une affection mentale, elle peut être nuisible pour la santé psychique d’un être humain. Mais est-ce que la passion ne pourrait-elle pas elle aussi représenter un risque? Si un être humain est passionné à un point excessif, est-ce que cela ne peut pas devenir dangereux pour lui et son entourage? Pourtant, quand l’on parle d’une personne en disant  qu’elle est passionnée par son travail, par un loisir, qu’elle aime passionnément un être, pas un seul moment nous viendrait à l’esprit qu’elle pourrait être folle.

Alors avec ce raisonnement, nous ne pourrions dire que la maladie de l’amour est un danger.

 

      Dès lors, si nous affirmons que Nerval étai fou, nous ne pouvons dire que c’est par amour. Car la folie de l’amour ne veut pas dire que c’était un malade mental, mais peut-être simplement dire qu’il était fou d’amour.

 

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      Je viens de vous expliquer que l’amour n’est pas spécialement une folie de l’esprit. Maintenant, d’après mes recherches, nous savons que Nerval était caractérisé comme un être atteint d’une folie mentale. Mais est-ce que cet état mental a été un frein pour ses écrits ? Cela sera mon deuxième argument.

 

      William Shakespeare a dit : « Le fou, l'amoureux et le poète sont farcis d'imagination. «. Cette citation rejoint mon deuxième argument car dans celle-ci, Shakespeare affirme que malgré tous  les obstacles qu’un poète pourrait rencontrer (la folie et l’amour dans ce cas ci), l’imagination, la créativité, le talent de ce poète ne s’effacera pas. Et c’est ce que nous pouvons affirmer pour Nerval. Nous savons tous qu’après la mort de sa bien aimée, Nerval a sombré dans une folie qu’il noya dans des voyages dont il tira des récits incroyables. Le plus célèbre reste son Voyage en Orient, tout simplement l’un des plus beaux récits de voyage de l’époque. A cela nous pouvons ajouter aussi ses œuvres telles que Sylvie, les Filles du feu et les Chimères qu’il a écrits à la fin de sa vie quand il était interné en clinique. Cette folie ne peut par conséquent être considérée comme négative, au contraire, c’est durant celle-ci que Nerval a réalisé ses chefs d’œuvres. D’ailleurs, son ami Théophile Gauthier a confirmé ceci en disant : « Il y avait longtemps, sans doute, que l’équilibre mental était dérangé chez Gérard avant qu’aucun de nous ne s’en fût aperçu. Cela était d’autant plus difficile à deviner, que jamais style ne fut plus clair, plus limpide, plus raisonnable, en un mot, que celui de Gérard; même lorsque la maladie eut atteint incontestablement son cerveau, il conserva intactes toutes les qualités de son intelligence. Aucune faute, aucune erreur, aucune incorrection ne trahit le désordre de ses facultés intellectuelles. Jusqu’au bout, il resta impeccable. «

 

      Nous pouvons donc certifier que malgré sa folie, Gérard de Nerval resta un grand poète.

 

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      Si nous comprenons bien mon raisonnement, la folie de Gérard de Nerval n’était pas due à son amour pour Jenny. Mais il est certain que Gérard de Nerval a été fou, nous ne pouvons le nier. Cette folie ne l’a pourtant pas empêché d’écrire de grandes œuvres. Alors, pourquoi quand nous évoquons la folie mentale, nous pensons directement au sens péjoratif du terme. La folie de Nerval n’était-elle pas plutôt une qualité ? Ainsi va se développer mon troisième argument.

 

      Nous avons tous déjà entendu parler du grain de folie de l’artiste qui lui permet une création délirante, bouleversante, fascinante et extraordinaire. Mais nous pourrions nous demander d’où vient ce grain de folie ? Bon nombre de personnes savent que certains grands artistes du 19ème siècle (écrivains, peintres, poètes…) étaient à la recherche d’un état second pensant que c’est à ce moment-là que leur inspiration serait à leur apogée. Ces hallucinations tant recherchées étaient  ressenties sous l’emprise de la drogue ou de l’alcool. Ces artistes qui puisaient leurs inspirations dans les différentes drogues  étaient appelés les « poètes maudits « : nom donné par Verlaine. Ce nom désigne en général un poète talentueux qui, incompris dès sa jeunesse, rejette les valeurs de la société et se conduit de manière provocante. Nous en connaissons quelques-uns comme : Rimbaud, Baudelaire, Corbière ainsi que Nerval. Il est vrai que vous pourriez me dire que cela aurait pu être les effets de la drogue qui provoquait des hallucinations Nerval. Et donc lui ont permis de réaliser ses chefs d’œuvres. Ainsi Nerval serait un poète comme les autres, il n’aurait rien d’un génie. Mais nous pouvons facilement réfuter cette affirmation. Premièrement, dans sa bibliographie, on souligne le fait qu’il a traduit à peine à ses vingt ans 'Faust' de Goethe. Ceci est une preuve que cet homme était doué. De plus, nous ne pouvons dire que la folie de Nerval pouvait desservir à sa qualité d’écrivain vu que d’autres grands poètes cherchaient à atteindre cette folie par la drogue.

 

      Ainsi, si nous revenons à ma question de toute à l’heure, qui était : La folie de Nerval n’était-elle pas plutôt une qualité ? Je répliquerai que Nerval avait un avantage sur les autres grands poètes de son siècle. Il est évident que nous ne voudrions pas être atteints d’une folie telle que la sienne, mais nous ne sommes pas des artistes.

 

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      En conclusion, je ne peux contester le fait que Gérard de Nerval aie été fou. Si nous considérons que cette folie était due à son amour pour Jenny, nous pouvons dès lors dire que c’était une douce folie. Si nous considérons que cette folie était mentale, nous pouvons en déduire un aspect positif et un aspect négatif. En effet, grâce à cette folie, Gérard nous a prouvé qu’il était un poète talentueux en nous laissant ses chefs d’œuvres mais malheureusement la fin de sa vie n’a pas rimée avec bonheur.

      Maintenant je pense que dire que Gérard de Nerval avait franchi les frontières de la folie serait une grave erreur. Car à ce moment-là, nous penserions que tous ses chefs d’œuvres ont été inutiles et que nous pourrions très bien nous en passer. Pourtant, son Voyage en Orient est tout simplement l’un des plus beaux récits de voyage de l’époque.

      Comme vous avez pu très bien le comprendre, je pense que Gérard de Nerval n’avait pas franchi les frontières de la folie car celle-ci n’a pas été néfaste pour lui. Je pense que ça a toujours été et que ça restera un grand poète malgré tout. Mais pourquoi me permettre d’affirmer ceci alors que je ne l’ai jamais rencontré ? Finalement, personne ne connaissait mieux Gérard de Nerval que lui-même. Et, par le plus grand des hasards, celui-ci a décidé de me contredire. Effectivement, un jour, il dit : « La dernière folie qu’il me restera probablement, ce sera de me croire poète. «.

      Je viens de vous démontrer mon avis sur la question, Gérard de Nerval en une phrase a fait de même. Il ne reste plus qu’à vous décider. Mais  je préfère me retirer et vous laisser seul réfléchir sur la citation, sinon je sens que je vais devenir folle.

 

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