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NIETZSCHE: Combien de gens savent-ils observer ?

Publié le 27/02/2008

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nietzsche
Combien de gens savent-ils observer ? Et, dans le petit nombre qui savent, combien s'observent-ils eux-mêmes ? « Nul n'est plus que soi-même étranger à soi-même », ... c'est ce que n'ignore, à son grand déplaisir, aucun sondeur de l'âme humaine ; la maxime « connais-toi toi-même » prend dans la bouche d'un dieu, et adressée aux hommes, l'accent d'une féroce plaisanterie. Rien ne prouve mieux la situation désespérée où se trouve l'introspection que la façon dont tout le monde, ou presque, parle de l'essence de l'action morale. Quelle promptitude chez ces gens ! Quel empressement, quelle conviction, quelle loquacité ! Et ce regard, ce sourire, ce zèle, cette complaisance ! Ils ont l'air de vous dire : « Mais, mon cher, c'est précisément mon affaire ! Tu tombes précisément sur celui qui peut te répondre : c'est la question que, par hasard, je connais le mieux. Voici donc : quand un homme décide « ceci est bien », quand il conclut : c'est « pour cela qu'il faut que ce soit », et qu'il fait ce qu'il a ainsi reconnu bien et désigné comme nécessaire, l'essence de son acte est morale. « Mais, cher ami, vous parlez là de trois actions et non d'une seule : votre jugement, - « ceci est bien », par exemple, - votre jugement est un acte aussi ! Et ce jugement ne pourrait-il, déjà, être ou moral ou immoral ? Pourquoi tenez-vous « ceci » pour bien plutôt qu'autre chose ? « Parce que ma conscience me le dit ; et la conscience ne dit jamais rien d'immoral, puisque c'est elle qui détermine ce qui est moral ! « Mais pourquoi écoutez-vous la voix de votre conscience ? Qu'est-ce qui vous donne le droit de croire que son jugement est infaillible ? Cette croyance, n'y a-t-il plus de conscience qui l'examine ? N'avez-vous jamais entendu parler d'une conscience intellectuelle ? D'une conscience qui se tienne derrière votre « conscience » ? Votre jugement « ceci est bien » a une genèse dans vos instincts, vos penchants et vos répugnances, vos expériences et vos inexpériences ; « comment ce jugement est-il né ? » C'est une question que vous devez vous poser, et, aussitôt après, celle-ci : « qu'est-ce exactement qui me pousse a obéir à ce jugement ? » Car vous pouvez suivre son ordre comme un brave soldat qui entend la voix de son chef. Ou comme une femme qui aime celui qui commande. Ou encore comme un flatteur, un lâche qui a peur de son maître. Ou comme un imbécile qui écoute parce qu'il n'a rien a objecter. En un mot vous pouvez écouter votre conscience de mille façons différentes.NIETZSCHE

Dans la trilogie Le gai savoir, Ainsi parlait Zarathoustra et Par-delà bien et mal, Nietzsche met en place les concepts majeurs de sa philosophie : Volonté de puissance, Éternel retour, Amor fati…

Le texte étudié est une partie du fragment 335 extrait du Gai savoir et qui a pour titre Vive la physique ! Cet extrait a deux fonctions : critiquer l’impératif catégorique de Kant, et, par contre coup, livrer la thèse proprement nietzschéenne sur la connaissance de soi et des valeurs. Thèse qui esquisse implicitement la fonction de la Volonté de puissance.

Problèmes : En quoi l’homme est-il un étranger pour lui-même ?

 

nietzsche

« Dans la trilogie Le gai savoir , Ainsi parlait Zarathoustra et Par-delà bien et mal , Nietzsche met en place les concepts majeurs de sa philosophie : Volonté de puissance, Éternel retour, Amor fati…Le texte étudié est une partie du fragment 335 extrait du Gai savoir et qui a pour titre Vive la physique ! Cet extrait a deux fonctions : critiquer l'impératif catégorique de Kant, et, par contre coup, livrer la thèse proprementnietzschéenne sur la connaissance de soi et des valeurs.

Thèse qui esquisse implicitement la fonction de la Volontéde puissance. Problèmes : En quoi l'homme est-il un étranger pour lui-même ? 1 – Constat (l.1-l.5 ) - Observer.

Selon Nietzsche, la vie est le moyen de la connaissance.

Sa critique de la science, de la religion, de laphilosophie, de la connaissance portent sur le fait que précisément l'histoire a provoqué une scission entre le savoiret la vie.

Et le savoir tel qu'il est enseigné et pratiqué étouffe l'homme.

C'est pourquoi la question de la bonneobservation, avant même de porter sur la méthode, porte sur l'essence de l'homme.

- L'observation scientifique passe par l'observation de soi.

La connaissance de soi est le point de départ.

On peutrelever les accents platoniciens et rousseauistes de ce début de texte : en ce qui concerne Platon, l'homme estétranger à lui-même car il est dans l'ignorance.

Seule la maïeutique et les sciences dialectiques le réveilleront.

PourRousseau, l'homme est comparable à une statue enfouie dans les profondeurs maritimes pendant des siècles.

Unefois la statue sortie de l'eau, on découvre des ajouts dus à l'histoire (ex : la raison, la conscience, l'amour propre…).Pour se connaître lui-même, l'homme rousseauiste doit opérer une généalogie des ajouts historiques intégrés dansson essence.La phrase introductive de Nietzsche le replace dans une tradition philosophique (Platon, Rousseau) dans un débatclassique : la connaissance de soi.

Mais il retrace une lignée philosophique pour mieux s'en démarquer.

2 – La conscience est une croyance (l.5-l.20) - La preuve que la connaissance de soi est méprisée et étouffée est flagrante dans le discours des philosophes,scientifiques, religieux sur l'essence de l'action morale.

Chacun a sa thèse sur la question.

Et chacun conteste lathèse de l'autre.

L'idée que chacun est spécialiste de cette question n'est pas sans rappeler le débat entre Gorgiaset Socrate : les sophistes se font avant tout passer pour des philosophes.

Ce passage est teinté d'ironie :Nietzsche compare tous ces savants à des Tartuffe, chacun est spécialiste d'une spécialité dont il ne maîtrise quela rhétorique.

Dans un autre texte, Nietzsche compare cette manière de procéder à celle des tarentules qui tissentdes toiles au fond des esprits des hommes pour mieux les dominer.

- Le style de Nietzsche est très vivant, il s'amuse de mettre en scène ceux qu'ils tournent en dérision.

Il esquisse unfaux syllogisme, un raisonnement par l'absurde : « voici ce qui est juste », donc « c'est pourquoi il faut nécessairement que cela se produise » donc « cette action est nécessaire et morale ».

Nietzsche s'amuse, s'éloigne du traité philosophique classique.

Il tourne en dérision et les discours qu'il critique et la forme traditionnelledans laquelle est véhiculé le discours philosophique.

- Semblable à Socrate, Nietzsche interroge celui qui va se révéler ignorant à lui-même : celui-là fait ce que saconscience lui dit car elle dit toujours la vérité.

Car elle seule détermine de ce qui est moral.

Ici Nietzsche opère unecritique de l'impératif catégorique de Kant.

Selon Kant, la finalité de l'homme est la moralité.

L'impératif catégoriques'impose de lui-même sans aucune justification car il est le décret de la raison législatrice.

Kant le formule de troismanières différentes : « Agis de façon telle que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans tout autre, toujours en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen », « Agis selon la maxime qui peut en même temps se transformer en loi universelle », « Agis selon des maximes qui puissent en même temps se prendre elles-mêmes pour objet comme lois universelles de la nature ».

Nietzsche ne peut accepter ce discours kantien car admirer l'impératif catégorique, c'est de l'égoïsme.

En effet, c'est de l'égoïsme que de ressentir son jugement comme loi universelle.

Celui qui juge ainsi est véritablement dans la méconnaissance de soi.

Considérer quele jugement de la conscience est vrai et infaillible, cela relève d'une croyance .

Dans le système nietzschéen, Kant est l'exemple même d'un philosophe qui n'a pris le recul suffisant pour voir qu'il n'y a pas de valeurs et d'essencestranscendantes.La croyance en la véracité de la conscience est bien une croyance.

3 – Tout est histoire y compris la conscience (l.20-fin) - Les notions de bien et de mal sont des valeurs qui ont une histoire.

Les essences sont en fait des valeurs qui ontune histoire.

Bien , mal , juste , mauvais , etc… La vérité n'est pas neutre.

Car la vérité est elle-même historique.

Si les valeurs ne sont pas des absolus mais des croyances.

Elles renvoient toujours à des pulsions.

À l'origine, bien etmal étaient conformes aux pulsions, mais les plus forts ont dominé les plus faibles et ont façonné les valeurs à leuravantage.

Le jugement de la conscience repose donc sur une erreur fondamentale.

- Comment le jugement est-il apparu et qu'est-ce qui le motive ? Selon Nietzsche, la conscience est la dernière etla plus tardive évolution de l' organique .

Organique car il conçoit le monde comme un ensemble de forces en lutte incessante : la Volonté de puissance .

Mais jusqu'à présent, le monde a méprisé l'essence organique de l'existence et. »

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