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Nos pensées sont-elles en notre pouvoir?

Publié le 02/02/2005

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A. Hors de la pensée - dans le domaine psychique comme dans le domaine physique -, rien n'est entièrement en notre pouvoir. Sans doute, je ne suis pas démuni de tout pouvoir. Je déplace les objets et me déplace moi-même. Les hommes cultivent la terre, bâtissent des maisons, organisent des réseaux routiers... Pour combattre la sensation de froid, ils recourent à divers systèmes de chauffage. Et quels artifices apprennent les cuisiniers pour varier les plaisirs de la table ! Il serait facile d'allonger la liste de nos pouvoirs. Mais si nous pouvons beaucoup il n'est rien - dans le domaine envisagé - qui soit « entièrement » en notre pouvoir. Je puis bien remuer ma chaise, mais non l'anéantir et, par un simple vouloir, lui en substituer une autre plus confortable. L'activité de l'agriculteur, de l'ingénieur, restent conditionnées par les lois physiques et le cuisinier est incapable de faire qu'un convive qui abhorre la bouillabaisse prenne plaisir à la manger.

« L'homme est un être capable de se donner des choses une représentation, capable de faire la synthèse (temporelle)de ses représentations, capable de les relier dans un jugement.

Ces représentations, ce sont selon le mot deDescartes, des pensées : « Par le nom de pensées, affirme-t-il dans les Méditations métaphysiques (réponse aux secondes objection), je comprends tout ce qui est tellement en nous que nous l'apercevons immédiatement parnous-même et en avons une connaissance intérieure ; ainsi toutes les opérations de la volonté, de l'entendement,de l'imagination et des sens sont des pensées>>.J'ai conscience donc de tout ce qui se forme en mon esprit, je puiscomparer, analyser, accepter ou refuser tout ce qui se représente en moi-même : j'ai tout pouvoir sur mes pensées. Je vis, je suis pris dans le tourbillon de la vie ; j'aime, j'éprouve toutes sortes de passions : d'où vient que je lesache ? Il faut bien que j'en ai conscience.C'est là ce que signifie le cogito : le « je pense >> Est-ce qui rend possible une synthèse de mes représentations,faute de quoi elles ne seraient pas miennes : nous ne penserions pas, n'aurions pas conscience de nosreprésentations ; serions emportés par le flux de nos pensées.Si j'ai conscience (j'ai toujours et immédiatement conscience de tout ce qui se forme en mon esprit), je suis aussiconscience ("je suis, j'existe") ; c'est moi qui pense, > Freud, Introduction à la psychanalyse .

Ce n'est pas moi qui pense, « ça >> pense en moi.

« Avant que d'être hommes, nous avons été enfants >> etc...

Je ne suis que l'échode ce qui se pense autour de moi : je crois raisonner ; je ne fais que raisonner. De ce que nous n'avons pas sur nos pensées, sur celles du moins qui nous viennent sans qu'on les ait prévues, decontrôle possible, faut-il affirmer que nous ne pensons pas mais que nous sommes pensés ? Ce serait faire de l'économie de ce qu'enseigne les philosophes : à séparer désir et pensée, à distinguer entre avoirdes idées (une opinion) et penser véritablement, par toutes sortes de méthodes (le questionnement socratique,l'éducation platonicienne, par exemples) : nous ne sommes pas ce que l'on nous a transmis, à quoi trop souventnous nous identifions ; mais bien plutôt dans l'activité de penser elle-même, un activité qui, pour n'être pas toujoursvolontaire comme chez Descartes, n'en est pas pour autant extérieure à nous mêmes (cette extériorité serait-ellecelle du désir) : une telle activité ne peut être qualifiée que de créatrice.En effet : cf.

l'approche bergsonnienne de l'acte libre, dans l' Essai sur les données immédiates de la conscience . Selon cette approche, je serais donc capable d'élaborer une pensée propre dans l'acte à travers quoi je coïncideavec moi-même, l'acte ou je suis tout entier moi-même, je deviens créateur ; ce que j'enfante ici, ce ne sont pasde simple arguments, mais des pensées véritables, comme celles du néophyte conduit par la main de Diotime.

( Le Banquet de Platon) : tout héritage, toute tradition ne nécessiteraient-ils pas, pour être humainement assumés, une telle activité ? Toutes mes pensées ne sont pas en mon pouvoir ; la relations que j'ai avec mes pensées toutefois n'est pastoujours de domination ou de dépossession mais parfois d'enfantement : penser par soi-même suppose, non passeulement une activité de réflexion mais une activité de création.. »

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