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Nos rapports avec autrui sont-ils nécessairement de l'ordre de la violence ?

Publié le 01/02/2004

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Nos rapports avec autrui sont-ils nécessairement conflictuels ? L'autre est-il un rival avant que d'être un alter-ego ? Sur quoi se fondent originellement les relations entre les hommes ? Les consciences sont-elles obligatoirement en opposition ? L'autre est-il toujours soit un maître soit un esclave ? N'existe-t-il pas une moralisation possible des rapports humains ? L'autre ne peut-il pas être aimer, respecter ? Ce sujet interroge à la fois la métaphysique et l'anthropologie.

  • I) L'omniprésence du conflit et de la violence dans les rapports humains.
  • II) Le droit comme tentative de désarmer et résoudre les conflits entre les hommes.
  • III) Au-delà du conflit: l'éthique du visage de l'autre.

« regarde, elle est la série des actes motivés par la jalousie (se pencher, ne pas faire de bruit, regarder).

Cetteconscience ne se connaît même pas comme jalouse (ce qui supposerait un recul réflexif): elle est rapport au mondesur la mode de la jalousie.

La conscience n'a pas de consistance propre qui lui permette de s'appréhender commemoi; elle se confond immédiatement avec toutes ces choses sur lesquelles elle s'ouvre.Brusquement surgit un autre (j'entends des pas, on me regarde): je suis surpris, il va penser que moi, je suis jaloux.C'est alors (dans le cadre d'une expérience de la honte d'avoir été surpris) que ma jalousie prend consistance (etpar là-même aussi mon être comme jaloux); elle n'est plus seulement une manière diffuse d'agir dans ce monde: elleest cette qualification de ma personne, ce jugement sur moi porté par un tiers.

Je suis quelqu'un, je ne suis plus unepure ouverture sur le monde: on me détermine comme un homme jaloux (on me donne une "nature”, je deviens“quelque chose” sous le regard de l'autre (autrui me chosifie).

Mais au moment où je deviens quelqu'un, je suisdépossédé de moi-même: c'est à l'autre de décider si je suis un curieux, un jaloux ou encore un vicieux. Relativité du conflit dans les rapports avec les autres. • Le conflit n'est pas le seul mode de relation au monde le regard des autres peut aussi m'être infiniment précieux s'ilexprime la sympathie ou l'amour.

Je ne suis pas qu'une cible dans l'oeil d'autrui. • Le visage de l'autre n'a-t-il pas pour Lévinas un sens hybride : à la fois incitation au conflit, à la violence, car leplus dénué, le plus exposé en l'homme, mais aussi ordre de paix, mise en respect du meurtrier possible ? « Tu netueras point est la première parole du visage » dit Lévinas. Pour Lévinas, l'éthique est la « voie royale vers l'absolument autre » (Préface).

En effet, le désir d'infini n'est pas undésir au sens habituel et négatif de manque mais une expérience sans retour possible de soi vers l'autre, du familiervers l'étranger.

Car « l'absolument autre, c'est autrui » (Rupture de la totalité), autrui n'est donc pas la négation demoi-même, ce qui impliquerait encore une relation d'identité, mais il est positivement « l'absolument autre ».

Autruime révèle le sens de l'éthique comme « rapport non allergique du Même et de l'Autre » (L'Être comme bonté).L'éthique trouvant son sens premier dans la relation de face à face, elle présuppose une ouverture à « l'absolumentautre » que seul le visage d'autrui permet d'entrevoir.

L'éthique est bien originellement une « optique » mais sansimage, car la vision est encore une totalisation.

Or le visage empêche le regard de se fixer, il nous tourne vers unau-delà, un ailleurs ; il figure « l'infiniment autre » qu'on ne parviendra jamais à totaliser.

Le visage d'autrui se donneà voir comme « révélation » de l'Autre dans sa nudité et sa fragilité.

Il m'appelle alors à la responsabilité infiniedevant lui. « Je pense plutôt que l'accès au visage est d'emblée éthique.

C'est lorsque vous voyez un nez, des yeux, un front, un menton, et que vous pouvez les décrire, que vous vous tournez vers autrui comme vers un objet.

Lameilleure manière de rencontrer autrui, c'est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux ! Quand on observela couleur des yeux, on n'est pas en relation sociale avec autrui.

La relation avec le visage peut certes être dominéepar la perception, mais ce qui est spécifiquement visage, c'est ce qui ne s'y réduit pas. Il y a d'abord la droiture même du visage, son expression droite, sans défense.

La peau du visage est cellequi reste la plus nue, la plus dénuée.

La plus nue, bien que d'une nudité décente.

La plus dénuée aussi: il y a dansle visage une pauvreté essentielle.

La preuve en est qu'on essaie de masquer cette pauvreté en se donnant desposes, une contenance.

Le visage est exposé, menacé, comme nous invitant à un acte de violence.

En même tempsle visage est ce qui nous interdit de tuer.

» Lévinas , « Ethique et infini ». Lévinas commence par opposer perception d'un objet et rencontre authentique d'autrui.

Quand je pose l'autre comme objet, je le projette sur une surface d'objectivité : il m'apparaît comme un tableau à décrire, une surface àobserver et détailler, son unité éclate en autant de petits objets à commenter (les éléments du visage sont eux-mêmes réductibles à des unités plus petites.

Ce rapport est un rapport théorique qui ne me donne pas véritablementautrui : dans un processus de connaissance, ma conscience s'assimile l'objet plutôt qu'elle ne s'ouvre à l'altérité dudonné.

En posant autrui comme objet, je reste seul. La saisie véritable d'autrui (celle qui me fait vraiment sortir de moi et rencontrer une dimension irréductible auxsimples données de l'expérience) ne donne pas une richesse d ‘éléments à décrire mais présente une pauvreté.L'autre se présente simultanément comme sans défense et invitation au respect : en effet, la possibilité physique detuer autrui se donne en même temps que l'impossibilité morale d'accomplir cet acte.

Autrui nous est livré dans unedimension éthique comme celui que je n'ai pas le droit de tuer. • Par ailleurs, le conflit n'est pas toujours négatif il peut aboutir à une reconnaissance réciproque (cf.

Hegel dans ladialectique du maître et de l'esclave) ou au progrès (ainsi Kant considère que l'opposition à autrui stimule et accroîtles ressources humaines). La polémique des pulsions. • N'y a-t-il pas, presque indépendamment des autres ou de moi, des pulsions fondamentales (de vie ou de mort) quicommandent l'action humaine aveuglément et poussent les êtres les uns contre les autres ? Ainsi chez Freud et sesdisciples, Éros (pulsions de vie) s'oppose à Thanatos (pulsions de mort).. »

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