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Notes de cours: L'ART

Publié le 13/04/2012

Extrait du document

 
Introduction:
Alors que contemplant la toile de Munch « La Madone ï¿½ : sont-ce les mêmes émois, les mêmes frissons qui me parcourent l’âme que lorsque je détaille les traits d’un visage ou les formes d’un corps?
L’artiste et l’artisan:
* Ambiguïtés du mot « art ï¿½: même étymologie que le terme de « techné ï¿½ . Or, depuis le XVII i�me, la technique désigne l’appropriation de la nature (cf. cours sur la technique). L’artiste vise la création de la beauté sans domination ou appropriation.
Qu’est-ce que la beauté?
La beauté artistique n’est pas la représentation d’une belle chose, mais la belle représentation d’une chose. Des artistes ont créé des chefs- d’oeuvre en représentant des choses qui ne sont pas belles. Exemples: Ribera et son « Saint Paul l’ermite ï¿½ , Léger peignant des chantiers de construction ou encore Snyders et « un étal de gibier ï¿½.
 
Kant et l’art:
* Spécificité de l’esthétisme définie par 3 crit�res: la satisfaction désintéressée, l’universalité sans concept et la finalité sans fin
a) la satisfaction désintéressée:
* mode d’appréhension esthétique induit le refus de toute appropriation, de toute souillure. L’objet esthétique ne vaut que par lui-même. Il ne renvoie à aucune nécessité vitale ni à une recherche complémentaire d’un besoin. La jouissance obtenue par sa contemplation est totalement gratuite eu égard à une tension existentielle.
Le beau tient à distance et implique renonciation: il est un fruit qu’on regarde sans tendre la main.
b) La finalité sans fin:
* Finalité au sens de tension et orientation. Et, sans fin, car il n’y a pas résolution.
* A l’inverse, dans la faculté de désirer inférieure, l’objet complémentaire du besoin une fois atteint engendre la satiété. Exemple: la faim ou la soif.
* De même, pour la faculté de désirer intellectuel, l’acc�s à la vérité procure satisfaction. Exemple: l’ Eureka d’Archim�de
* En revanche, dans le désir du beau, un autre ordre de valeur est atteint: celui de la négation de tout but utilitaire ou extérieur à la beauté. Exemple: l’hamburger géant d’Oldenburg implique nul désir alimentaire ou encore la « Marilyn ï¿½ d’Andy Warhol ne suppose aucune possession de type charnel.
c) L’universalité sans concept:
* Le jugement esthétique prétend à l’universalité sans toutefois parvenir à un assentiment général comme en science. Car, il n’existe pas de concepts pour définir la beauté. Le jugement beau s’en réf�rent à la plus intrins�que, personnelle de nos facultés: l’affectivité.
D’où les sempiternelles discussions à la sortie des théâtres, des cinémas... « Des goûts et des couleurs, on ne discute pas ï¿½ comme dit le proverbe.
Pas de mod�le intellectuel pour juger la beauté, or nous débattons comme s’il en existait. A la différence de la science qui peut prouver ce qu’elle avance. Exemple: le scandale provoqué par les premiers peintres « fauvistes ï¿½ au salon d’automne en 1905; « On a jeté un pot de peinture à la face du public ï¿½ Camille Mauclair.
La spécificité de l’expression artistique chez Hegel:
* Art, premi�re expression de l’Esprit absolu, son expression sous forme sensible ou matérielle: « de telle sorte que cet élément sensible soit de part en part et tout à fait pénétré par l’élément spirituel ï¿½. Religion et philosophie constituent les autres formes.
* Finalité de l’art n’est pas l’imitation servile de la nature. Distinction du beau dans la nature et le beau artistique: « il est permis de soutenir que le beau artistique est plus élevé que le beau dans la nature ï¿½. L’art est une création et non une copie. Exemple: L’Odalisque d’Ingres a treize côtes pour lui donner une impression de réalisme et de nonchalance. « L’homme entrain de marcher ï¿½ de Giacometti a les deux pieds sur le sol. Ou encore le tableau de Magritte: « La trahison de l’image ï¿½
* Art, autre monde que la nature: « La peinture s’apprend au musée ï¿½ Renoir. La photographie s’inspire d’abord de la peinture.
* « L’art, disait Bacon, c’est l’homme ajouté à la nature ï¿½.
* De même, Bergson pensait que le rôle de l’art est de nous rév�ler la réalité cachée par des préjugés utilitaires et conventionnels.
L’expérience esthétique comme crit�re d’humanité:
* « La beauté n’a de valeur que pour les hommes, c’est-à-dire pour des êtres de nature animale, mais cependant raisonnable ï¿½ Kant. Celui qui n’a pas de sens esthétique est soit un Dieu ou un animal. Pour éprouver le choc sensible, le frisson, le tremblement esthétique, il faut être doué de sensibilité et être affecté par un monde transcendant à nous, être ouvert au monde pré-existant. De plus, il faut pouvoir éprouver des satisfactions ou des répulsions gratuites, qui ne soient pas dictées par un besoin: le psychisme animal est subordonné à l’organisme.
Le plaisir esthétique se définit par sa gratuité. Mais, il apparaît fournir un double intérêt: empirique et intellectuel.
1) intérêt empirique: beau n’intéresse que dans la société. Les yeux d’autrui nous ruinent. Le jugement esthétique nous engage dans la voie de la culture. Châteaubriand dans les « Mémoires d’outre-tombe ï¿½ disait que partout où il y a un piano, il n’y a plus de grossi�reté.
2) intérêt intellectuel: contemplation esthétique --> désintéressement du vouloir tout comme l’acte moral implique gratuité.
Le goût fait de chaque individu le membre d’une communauté universelle, non seulement comme animal raisonnable, mais comme être de sentiment: les hommes d’une époque communiquent par leurs exclusives et leurs admirations.
« L’art est la liberté même ï¿½ disait Proudhon. Au-delà des pressions ambiantes par une échelle de valeur libre.
L’art est l’ultime bastion des valeurs exclusivement humaines. L’art transcende tous les automatismes. Il est cet au-delà de la marée montante des déterministes.
Les fonctions de l’art:
* Risque de dégénérescence de l’art s’il a d’autres fonctions que la création gratuite de la beauté.
a) fonction sociale: l’art est à l’interface du psychologique et du social. Expression culturelle et renforcement de la cohésion sociale. Rôle de l’art est la dénonciation d’un état social sclérosant et normatif et concourt à son ébranlement. Exemple: Dadaïsme contre la guerre et le militarisme ( cf. « Prémonition de la guerre ï¿½ de Dali) ou le surréalisme appliquant les découvertes freudiennes de l’inconscient. Définition du surréalisme de Breton: « Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre mani�re le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale ï¿½.
* Danger de la dégradation de l’art en instrument de propagande. Exemple: le réalisme socialiste de Guerassimov.
b) L’art a-t-il une fonction morale? Activité spirituelle donc fonction morale. Mais, subordonné à des fins étrang�res au jaillissement libre et gratuit, l’art perd son authenticité. Exemple: la médiocrité de l’art édifiant: « Les époux Arnolfini ï¿½ de Van Eyck ou « Le réveil de la conscience ï¿½ de Hunt.
De plus, liaison entre le bien et le beau est peu évidente.
c) Fonction cathartique: purgation des passions de la représentation artistique (cf. Freud) Exemple: le psychodrame ( représentation théâtrale où les acteurs jouent les difficultés qu’il rencontrent dans la vie). Marilyn Monroe dans les « Misfits ï¿½.
d) Comme aspiration à un dépassement spirituel, l’art semble lier à la religion sans devoir ,toutefois, être assujetti à la contingence de ses dogmes. Exemple: la libre figuration de Le Caravage.
Beauté, sensualité et sexualité:
*Existence d’une jouissance esthétique: mon âme vibre devant l’ « autoportrait et son mod�le ï¿½ de Kirchner, mon corps se convulse à l’écoute de l’inachevée de Schubert...
* Certains ont vu la liaison entre l’art et la sensualité voire la sexualité. La th�se freudienne entend par la beauté ce qui excite sexuellement (cf. cours sur l’inconscient). Exemple: la sublimation opérée par Stendhal dans ses romans.
« Une grande partie de notre trésor de civilisation, si hautement prisée, s’est constituée au détriment de sa sexualité et pour l’effet d’une limitation des pulsions sexuelles ï¿½  (Freud). Mais, pulsions et instincts doivent subir une purification, une transposition: le beau, c’est le désirable lorsqu’il cesse d’être désiré pour être contemplé. Exemple: le vautour obsessionnel dans les plis de la robe de Saint- Anne d’un tableau de Léonard de Vinci révélant sa libido homosexuelle ou encore le tableau de Frida Kahlo: « Ce que l’eau m’a donné ï¿½.
 
* A l’inverse de Freud, Schopenhauer affirme que l’art vise à la libération de l’homme du désir ou vouloir-vivre. Art, élévation contemplative jusqu’au idées.
Conclusion:
           Le propre de l’artiste ne serait-il pas d’être un marginal? Holderlin, lunatique et infortuné; Rimbaud, errant et acerbe; Nerval se pendant à une lanterne publique; Maupassant, syphilitique et alcoolique; Nijinski sombrant dans la folie. L’art est une expression de ce génie qui, seul parmi les êtres de la nature, fait l’homme passionné de recréer le geste du démiurge et le condamne à un perpétuel dépassement.
 

« Il est à ce sujet secondaire que tout le monde puisse avoir le talent nécessaire (sans parler même de génie*) lui permettant de créer une œuvre d'art.

Ce qui importe ici, c'est de penser l'art comme le miroir dans lequel une collectivité se contemple, se reconnaît et peut tenter de se mettre en question : de s'interroger sur ce qu'elle est, en se demandant s'il ne pourrait pas exister autre chose (d'autres œuvres, d'autres valeurs, d'autres institutions) que ce qui est actuellement donné.

C'est en ce sens que l'art constitue, au même titre que le langage, une acti­ vité re-présentative par excellence.

À travers elle, il est possible à l'homme de se mettre à distance des choses, en posant les conditions de sa propre reconnaissance comme être spirituel capable de conférer sens à son existence.

Au travers de l'art, l'homme parvient à rendre concrète son intériorité : l'art constitue un moyen pour l'homme d'objectiver pour lui-même ce qu'il est en tant que tel.

Nous pouvons en ce sens dire de la création artistique qu'elle est libératrice, plus encore que le travail utilitaire : elle place en effet l'homme face à ses désirs, comme s'ils étaient extérieurs à lui, et lui confère ainsi une certaine liberté à leur égard.

« Par son passage dans la représentation, écrit Hegel, le sentiment sort de l'état de concentration dans lequel il se trouvait en nous et s'offre à notre libre jugement.

»1 Aristote l'avait déjà montré dans La Politique, en soulignant l'aspect > (purificateur) de la représentation théâtrale, tout particulièrement de la tra­ gédie.

En devenant objets de représentation, les passions les plus virulentes (haine, violence, désir de mort, ...

) sont mises en forme et mises à distance, et perdent ainsi de leur caractère immédiat et aveuglant.

L'homme peut dès lors, à défaut de s'en rendre totalement maître, ne pas être purement et simplement enfermé en elles.

Une œuvre d'art n'est donc pas n'importe quelle chose, c'est au contraire une production éminente contenant une signification spirituelle dont le simple objet utilitaire se trouve dépourvu.

C'est ce sur quoi insiste tout particulièrement la réflexion de Hegel sur l'art : «Sous son aspect de chose, d'objet, l'œuvre d'art[ ...

} n'est œuvre d'art qu'en tant que spiritualité, qu'en tant qu'elle a reçu le baptême de l'esprit et représente quelque chose qui participe de l'esprit, qui est accordé à l'esprit.

»2 À la différence d'une production d'ordre naturel ou d'un objet artificiel des­ tiné à la consommation, qui sont essentiellement périssables, une œuvre d'art est 1.

Ibid., p.

46.

2.

Ibid., p.

59.. »

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