Notes de cours: LA CONSCIENCE
Publié le 08/06/2009
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«
LA CONSCIENCE
Dans l'Abrégé de psychanalyse, FREUD écrit: «Le point de départ de notre étude nous est fourni par un
fait sans équivalent qui ne
se peut ni expliciter ni écrire : la conscience».
Le chapitre III de votre manuel,
consacré en partie à la conscience, manifeste particulièrement la perplexité qui semblait aussi être celle de
FREUD.
La conscience est présentée dans ce chapitre comme l'objet de la psychologie: étrange méthode qui consiste
à définir un objet (ici la conscience) par la science qui est censée l'étudier, alors qu'il est plus courant et plus
rigoureux de définir, à l'inverse, un savoir par l'objet sur lequel
il porte.
D'autre part, on peut se demander
si la conscience ne reçoit sa définition que de la psychologie; la suite du chapitre pourrait nous en faire douter,
puisqu'il y est fait référence à DESCARTES, à SARTRE, à HUSSERL.
Autant d'hésitations et de confusions
qui manifestent la difficulté
d'aborder l'étude de cette notion et qui contrastent avec les caractères d'évidence
et d'immédiateté habituellement attribués
à la conscience.
La première remarque qui s'impose, avant même de prendre connaissance des informations avancées
par la
psychologie, c'est la constatation souvent répétée selon laquelle:
«lorsqu'on parle de conscience, chacun sait
immédiatement,
par expérience, de quoi il s'agit» (FREUD).
La conscience renverrait à une expérience de
la présence immédiate de soi à soi, où conscience et savoir de la conscience seraient ensemble et d'emblée
immédiatement donnés.
Si la conscience est, pour« chacun», l'objet d'un savoir immédiat, on peut se demander
quelle est la spécificité de la psychologie.
Interrogeons-nous sur
ce «savoir immédiat» dont les termes mêmes
apparaissent contradictoires,
le savoir supposant temps et travail, élaboration d'une méthode et organisation
de concepts.
Dans la
Phénoménologie de l'Esprit, HEGEL présente une histoire de la conscience qui, à travers maintes
expériences, s'élève
jusqu'au savoir de l'Absolu.
La conscience sensible, dite encore «certitude sensible»,
constitue, selon HEGEL, le premier moment de ce développement.
La conscience revendique alors un savoir
immédiat et attribue à sa certitude une valeur de vérité :
«Le contenu concret de la certitude sensible la fait apparaître immédiatement comme la connaissance la plus riche,
comme une connaissance, certes,
d'une richesse à ce point infinie qu'on n'en peut trouver aucune limite, ni en extension,
dans l'espace et dans le temps où elle se déploie, ni en pénétration, dans le fragment extrait de cette plénitude par
division.
Cette connaissance apparaît, en outre, comme la plus vraie; car elle n'a encore rien écarté de l'objet, mais
l'a devant soi dans toute sa plénitude» ( Phénomologie de l'Esprit, Ed.
Aubier-Montaigne, Tl, p.81).
Pourtant, à cette certitude de la conscience de posséder la connaissance prétendument « la plus riche» et « la
plus
vraie», HEGEL oppose ce qui constitue sa vérité effective: «En fait cependant cette certitude se révèle
expressément comme la plus abstraite et la plus pauvre
vérité» (HEGEL, Ibid., p.
81).
Ce prétendu savoir
immédiat sombre dans l'ineffable et
se découvre identique au néant.
Nous avons là la dénonciation de l'impasse
à laquelle est condamnée toute philosophie de l'immédiat et de l'intuition qui cherche le contact avec l'être,
au-delà ou en-deçà de tout langage.
Le savoir immédiat de la conscience
se révèle être un leurre.
L'approche rigoureuse de la conscience ne peut
se faire sans que soit mise en œuvre une méthode qui permette
de parvenir à
un savoir qui ne sombre plus dans l'ineffable, mais qui soit l'aboutissement inévitable d'un
discours cohérent.
Cette autre approche permettra aussi une autre détermination de la conscience que celle
qui découle de l'expérience naïve.
Dans une lettre au Père GIBIEUF du
19 janvier 1642, DESCARTES identifie conscience et pensée: avec lui,
la conscience devient un problème philosophique parce qu'elle s'avère être la pièce maîtresse
d'une nouvelle
constitution de la connaissance ; et cette connaissance
se gagne par le cheminement des Méditations..
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