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Notes de cours: LA JUSTICE.

Publié le 24/10/2009

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justice

L'idée de justice (justitia) est inséparable de celle de droit (jus). Etre juste, c'est agir selon le droit. De là deux sens possibles du mot justice: la justice pourra consister à savoir une conduite conforme au droit légal, ou conforme au droit moral: dans le premier cas, l'homme juste sera celui qui obéira aux lois, dans le second celui dont la conduite sera conforme à l'idéal moral. La vertu de justice a donc trait, non aux intentions, mais aux actes; elle réside dans une conduite conforme au droit.
A. La justice distributive.
On appelle souvent "devoirs de justice", les devoirs fondés sur le respect du droit d'autrui (ainsi, les hommes ayant le droit de vivre, nous avons le devoir de ne porter nulle atteinte à leur vie; les hommes ayant droit à la liberté, nous ne devons point les opprimer, les exploiter, gêner le libre exercice de leur pensée. Comme le disaient les jurisconsultes anciens, la justice consiste dans la volonté constante que l'on a de donner à chacun ce qui lui est dû. Par là même, l'idée de justice implique celle d'une répartition équitable des avantages selon les mérites. Ainsi s'introduit l'idée de la justice distributive.
1) Dans l'antiquité, cette justice est conçue comme anti-égalitaire: elle repose sur l'ordre, la hiérarchie. Pour Platon, la fonction de la justice est de réaliser l'harmonie dans l'homme et dans la société en maintenant chaque partie de l'âme (esprit, passions généreuses, appétits) et chaque classe sociale (philosophes, guerriers, artisans) dans sa fonction propre, c'est-à-dire en assurant la prédo minance du supérieur sur l'inférieur.
Pour Aristote, la distribution des richesses, pour être conforme à la justice, doit être faite selon la dignité du citoyen, son rang. Si donc, en une telle justice, on peut parler d'égalité, cette égalité est celle des rapports entre la dignité de chacun et les avantages qui lui sont accordés.
2) Beaucoup de modernes, au contraire, ne demandent plus l'égalité entre des rapports, mais entre des êtres. Tous les individus leur apparaissent comme égaux en droit, la dignité de la personne humaine n'étant pas susceptible de degrés. Dès lors, la justice serait égalitaire, les inégalités existant parmi les hommes apparaissant comme injustes.
En ce sens, le sentiment de la justice nous amène à opposer à l'ordre de fait un ordre de droit, conçu comme plus légitime que lui.

justice

« souvent mal proportionnées à l'acte en question et, par là même, injustes.

La justice des hommes est imparfaite.

Dureste, son but n'est point de rétablir, par l'expiation du crime, l'équilibre d'une idéale justice; son but est utilitaire: ilest d'éviter le retour des crimes en intimidant les criminels possibles par la menace des châtiments, en empêchantde nuire à nouveau, voire en éliminant ceux qui déjà ont commis des crimes. Le pouvoir de la justice légale est d'ailleurs fort limité: la plupart de nos biens et de nos maux ne dépendent pas deshommes.

Aussi, la conscience de l'homme l'a-t-elle poussé à imaginer un autre monde, où la justice règnerait, c'est-à-dire où les bons seraient récompensés et les méchants punis.

Il existerait donc des sanctions surnaturellesnécessairement justes puisqu'elles émaneraient d'un Dieu omniscient et parfait. Il est clair que l'existence de sanctions surnaturelles ne peut être établie par la science ou la raison: elle n'estqu'objet de croyance.

L'idée qu'il existe une autre justice que celle des hommes est en général l'objet d'une foireligieuse.

On peut y voir aussi, avec Kant, l'objet d'une foi purement morale, résultat de la conviction qu'à laconscience morale que l'ordre de la Valeur et l'ordre de l'Etre seront un jour conciliés, et donc que sa tâche n'estpoint vaine. On voit que la sanction ne peut être tenue pour une suite naturelle de l'acte; elle ne résulte pas de l'acte, elle n'estpas son effet: elle émane d'un justicier qui récompense ou punit selon que l'acte a été ou non conforme à une règlepréétablie (loi sociale ou loi morale). 3) On s'est demandé quelle était la valeur morale des sanctions.

L'idée de sanction semble avoir sa source dans uneexigence de la conscience morale: il nous parait en effet conforme à la justice que le crime soit puni, la verturécompensée, et que l'ordre du droit, quand il a été violé soit réparé.

Notre conscience, comme le remarque Kant,demande que la vertu coïncide avec le bonheur.

Or, certains moralistes se sont élévés contre l'idée même desanction, et l'ont considérée comme un facteur d'immoralité. Tout d'abord, disent-ils, l'idée selon laquelle l'ordre de la justice, une fois violé, pourrait être rétabli grâce à unesouffrance infligée au coupable, est une idée confuse et mal établie.

La source d'une telle idée semble devoir êtrecherchée dans des exigences sociales plutôt que dans des exigences morales.

On voit mal comment une fautemorale pourrait être réparée par une souffrance: celle-ci ne serait qu'un mal s'ajoutant au premier.

En outre, pour seprononcer en connaissance de cause sur la légitimité morale des sanctions, il faudrait avoir résolu le problème de laresponsabilité, de la liberté de l'homme.

On peut enfin remarquer que l'idée de sanction peut faire disparaître en noustoute vraie moralité: ce n'est pas être moral que faire son devoir dans l'espoir d'une récompense ou la crainte d'unchâtiment.

Kant a insisté sur le fait que l'attente d'un plaisir ou d'une peine fait naître des inclinations enlevant àl'acte moral sa valeur de désintéressement. De fait, il faut reconnaître que l'on trouve, dans l'exigence de sanction, la perpétuelle confusion d'une nécessitésociale et d'une aspiration morale.

Les sanctions sont nécessaires au maintient de l'ordre social.

Mais, ont-elles unevaleur d'expiation, collaborent-elles au maintient de la justice morale? Ce que l'on peut affirmer, c'est que tel n'estpas le cas des sanctions humaines. Pour appliquer avec justice une sanction, il faudrait en effet pouvoir apprécier la responsabilité de chacun, connaîtreson caractère et la puissance des forces qui le déterminent à agir, avoir résolu le problème métaphysique de laliberté.

Nul homme ne saurait y prétendre. Ceux qui exercent une fonction de justice devraient donc, dissocier le point de vue social et le point de vue moral.On peut être moralement indulgent et socialement inflexible.

Les sanctions sont une nécessité, une arme efficacecontre le crime: il faut, certes, les employer comme telles.

Mais seul un Dieu ou un Esprit omniscient pourrait jugerselon la justice morale: sur le plan de la conscience, il faut donc s'en tenir au précepte: "Ne jugez point", etconserver un coeur sans haine.. »

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