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Notes sur le roman américain son influence et sa situation face au roman français

Publié le 03/07/2011

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1) «L'âge du roman américain«. Lorsque Steinbeck publie, en 1938, Des Souris et des Hommes, le roman américain exerce depuis un certain nombre d'années une influence si considérable, qu'un critique a pu parler « d'âge du roman américain« (C.- E. Magny). Exactement comme certains parlèrent d'« âge du roman russe « au moment où l'on découvrit les grands romanciers russes et Dostoïevski en particulier. Pour préciser cette influence, son sens, ses limites, il est bon de rappeler que le roman américain des années 1925-1940 est l'héritier d'une histoire et d'une tradition qui, pour être moins anciens que la tradition et que l'histoire du roman français, n'en sont pas moins capitales et déterminantes. Ce rappel du passé sommairement fait, on pourra mieux définir l'originalité du roman américain contemporain et comprendre ce qu'il représente par rapport au roman français.

« Faulkner, Dos Passos, Hemingway, Caldwell, Steinbeck...

»Paradoxalement, en Amérique ces romanciers furent longtemps négligés.

Il fallut le prix Nobel pour que les U.S.A.découvrent Faulkner et Hemingway.

Et c'est par le cinéma que le grand public américain connut Steinbeck.On peut expliquer ce phénomène : l'Amérique, tout occupée à vivre le prodigieux et monstrueux développement desa civilisation, se souciait peu d'hommes qui renvoyaient une image si désespérée d'elle-même.

Mais en France, à unmoment où nos romanciers présentaient « de la vie moderne une image aussi incongrue que le serait ledaguerréotype d'un gratte-ciel» (C.-E.

Magny), les écrivains, qui cherchaient ailleurs que dans les songessurréalistes ou l'individualisme gidien, les possibilités d'un renouvellement, accueillirent comme de nouveaux messiesles auteurs du Nouveau Monde. B) Anti-intellectalisme.Qu'apporteraient-ils donc ?On a défini le romancier américain comme un anti-intellectuel.

Tout le monde connaît maintenant les carrièresmouvementées de ces hommes qui sont tout, avant d'être des écrivains (voir la biographie d'Hemingway, dans cettefiche).

On oppose en général à cela, qu'en France, deux romanciers sur trois viennent de l'enseignement ou de lafonction publique (et qu'une bonne majorité a fait des études universitaires).

Cela donnait aux livres de cesautodidactes une authenticité, une vérité que nos écrivains professionnels ne connaissaient pas.Il serait cependant très erroné de faire des romanciers américains des êtres frustres et incultes.

Et n'oublions pasque Steinbeck lui-même a fréquenté l'Université de Stanford. C) Anti-psychologie.Les romanciers américains se méfient, en définitive, beaucoup moins de l'intelligence et de la culture que de lapsychologie ; et surtout de la psychologie analytique dont les romans français donnent tant d'exemples ; « ils nousdonnent, dit un critique (C.-E.

Magny), non pas les sentiments ou les pensées de leurs personnages, mais ladescription objective de leurs actes, la sténographie de leurs discours, bref, le procès-verbal de leurs « conduites»devant une situation donnée».

N'insistons pas trop sur cet aspect important que Ton a un peu trop abusivementvoulu faire coïncider avec le développement de là psychologie du comportement (behaviourisme).

En effet :a) Cette méfiance vis-à-vis de l'introspection n'est pas nouvelle : certains romanciers français : Flaubert, J.

Renard,Zola, etc., avaient tenté de faire du roman un travail objectif.

Les romanciers américains de la générationprécédente avaient repris à leur compte cette « distanciation» du romancier en face de son œuvre.

On ne peut pasparler de technique révolutionnaire ;b) Il arrive assez souvent que les nouveaux romanciers américains se laissent tenter par le démon de l'analyse, etl'on pourrait même facilement montrer qu'ils aiment à s'incarner très subjectivement dans leurs personnages.

AinsiSteinbeck et Hemingway ont mis une part importante d'eux-mêmes dans leurs romans.

Autant que Flaubert, autrechampion de l'objectivité, qui proclamait : « Madame Bovary, c'est moi ».Et c'est sur le plan d'un certain nombre de techniques romanesques qu'il faut chercher peut-être la plus grandenouveauté. D) Le temps éclaté.On ne veut plus de récit traditionnel dont le fil était presque toujours la suite chronologique du temps.

Le tempsromanesque (comme l'espace) s'« atomise ».

Le même chapitre (ou le même paragraphe) peut relier des faitssimultanés dans le temps et séparés dans l'espace ou rassembler dans un même lieu des faits très éloignés dans letemps.

Loin d'enchaîner les événements, il arrive que le romancier les juxtapose (simultanéisme de Dos Passos).

Onreconnaît dans cette pulvérisation du temps (et de l'espace) l'un des aspects essentiels du montagecinématographique.

Là encore cependant, il faut nuancer :a) Les romanciers américains ne sont pas les premiers à avoir ainsi joué avec le temps.

On trouve plus que destraces de cette technique dans le Balzac de l'Histoire des Treize ou de l' Auberge Rouge.b) Certains des meilleurs romans américains sont, dans ce domaine, d'une construction rigoureuse et touteclassique.

Ainsi « Des Souris et des Hommes » et « Le Vieil Homme et la Mer ».

Ces deux récits n'étant pas très loinde la pureté dramatique des tragédies de Racine. E) Dialogues.Plus qu'au cinéma, c'est en effet au théâtre que fait penser le Steinbeck de « Des Souris et des Hommes ».

Lespersonnages surgissent de dialogues vifs et violents.

Le langage dépouillé d'artifice vise à l'efficacité immédiate.

Ona vu que l'on pouvait transposer à la scène de grands fragments du dialogue du roman sans presque rien changer.La rapidité de ces dialogues a parfois fait paraître étriquée la matière romanesque.

La crudité fréquente du langage(que la traduction vulgarise quand elle veut éviter de l'édulcorer) a pu choquer un certain public habitué au français«enveloppé» de nos grands tromanciers du XIXe siècle (les naturalistes mis à part).

Nous nous sommes largement rattrapés depuis, et Ton a vunaître une sous-littérature dont la mention « traduit de l'américain » garantissait la fausse verdeur ou l'obscénitégratuite. 4) Conclusions : Roman américain - Roman français.A) On ne peut prétendre épuiser un sujet aussi vaste et aussi complexe en si peu de place.

Mais toute discussion un. »

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