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nous contenter ici d'avoir établi comme une chose de fait l'usage pur de notre faculté de connaître ainsi que les critères qui servent à le distinguer.

Publié le 22/10/2012

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nous contenter ici d'avoir établi comme une chose de fait l'usage pur de notre faculté de connaître ainsi que les critères qui servent à le distinguer. Mais ce n'est pas seulement dans les jugements, c'est aussi dans les concepts que se révèle une origine a priori. Enlevez successivement de votre concept expérimental d'un corps tout ce qu'il contient d'empirique : la couleur, la dureté ou la mollesse, la pesanteur, l'impénétrabilité même, il reste toujours l'espace qu'occupait ce corps (maintenant tout à fait évanoui), et que vous ne pouvez faire disparaître'. De même, si de votre concept empirique d'un objet quelconque, corporel ou non, vous retranchez toutes les propriétés que l'expérience vous enseigne, vous ne pouvez cependant lui enlever celle qui vous le fait concevoir comme une substance ou comme inhérent à une subtance (quoique ce concept soit plus déterminé que celui d'un objet en général). Contraints par la nécessité avec laquelle ce concept s'impose à vous, il vous faut donc reconnaître qu'il a son siège a priori dans votre faculté de connaître. (Raison pure, I, p. 37-39.) Il faut distinguer, toutefois, les jugements analytiques, qui sont a priori, mais ne peuvent enrichir notre connaissance, les jugements synthétiques a posteriori, fondés sur l'expérience et, par suite, dépourvus d'universalité et de nécessité, et les jugements synthétiques a priori, qui, seuls, joignent la fécondité à la certitude. 12. Les jugements synthétiques a priori. Les jugements d'expérience, comme tels, sont tous synthétiques. En effet, il serait absurde de fonder un jugement analytique sur l'expérience, puisque je n'ai pas besoin de sortir de mon concept pour former un jugement de cette sorte, ni par ......,nséquent de recourir au témoignage de l'expérience. Cette proposition : le corps est étendu, est une proposition a priori, et non un jugement d'expérience. En effet, avant de m'adresser à l'expérience, j'ai déjà dans ce concept toutes les conditions de mon jugement, je peux en tirer le prédicat en vertu du seul principe de 1. Cf. l'analyse du morceau de cire dans les Méditations (II) de Descartes. contradiction, et j'ai aussi par cela même conscience de la nécessité de mon jugement, chose que l'expérience ne saurait jamais m'enseigner. Au contraire, je ne comprends point d'abord dans le concept d'un corps en général le prédicat de la pesanteur; mais, comme ce concept désigne un objet d'expérience qu'il ne détermine qu'en partie, j'y puis ajouter d'autres parties également tirées de l'expérience, comme appartenant à ce concept. Au lieu d'approfondir analytiquement (comme dans le premier cas) le concept du corps en y reconnaissant certains caractères qui tous y sont compris, tels que l'étendue, l'impénétrabilité, la figure, etc., j'étends maintenant ma connaissance et, en retournant à l'expérience, d'où j'ai tiré ce concept de corps, j'y trouve la pesanteur toujours unie aux caractères précédents, et je l'ajoute synthétiquement à ce concept comme prédicat. C'est donc sur l'expérience que je fonde la possibilité de la synthèse du prédicat de la pesanteur avec le concept du corps, puisque, si l'un des deux concepts n'est pas contenu dans l'autre, ils n'en sont pas moins liés l'un et l'autre, mais d'une manière purement contingente, comme partie d'un même tout, c'est-à-dire de l'expérience, qui elle-même est une liaison synthétique d'intuitions. Mais ce moyen d'explication ne saurait nullement s'appliquer aux jugements synthétiques a priori. Pour sortir du concept A et en reconnaître un autre B comme lui étant lié, sur quoi puis-je m'appuyer, et comment cette synthèse est-elle possible, puisque je n'ai pas ici l'avantage de pouvoir recourir au champ de l'expérience? Qu'on prenne cette proposition : tout ce qui arrive a sa cause. Dans le concept de quelque chose qui arrive, je pense bien une existence qu'un temps a précédée, etc... et je puis tirer de là des jugements analytiques. Mais le concept d'une cause est tout à fait extérieur au concept de quelque chose qui arrive et différent de lui : il n'est donc pas contenu dans cette dernière représentation. Comment donc puis-je dire, de ce qui arrive en général, quelque chose qui en est tout à fait différent, et reconnaître que, bien que le concept de la cause n'y soit point contenu, il lui appartient pourtant, et même nécessairement? Quelle est ici cette inconnue X où s'appuie l'entendement, lorsqu'il croit trouver en dehors du concept un prédicat B qui est étranger à ce concept, mais qu'il estime cependant lui être lié? Ce ne peut être l'expérience, puisque le principe dont il s'agit, pour joindre la seconde idée à la première, revêt non seulement une généralité plus grande que l'expérience ne peut fournir, mais aussi un caractère de néces- cité, c'est-à-dire qu'il les joint a priori et par simples concepts. Or, c'est sur de tels jugements synthétiques, c'est-à-dire sur des jugements extensifs que repose le but final de notre connaissance spéculative a priori; car les principes analytiques sont sans doute très importants et très nécessaires, mais ils ne servent qu'à donner aux concepts la clarté indispensable à cette synthèse sûre et étendue qui seule est une acquisition réellement nouvelle. (Raison pure, I, p. 43-45.) Les mathématiques et la physique reposent sur des jugements synthétiques a priori, dont il va falloir expliquer la possibilité. Cette explication nous permettra de savoir si de tels jugements synthétiques a priori sont également possibles en métaphysique. 13. Le problème de la raison pure. Toutes les sciences théoriques de la raison contiennent des jugements synthétiques qui leur servent de principes. Les jugements mathématiques sont tous synthétiques. Cette proposition semble avoir échappé jusqu'ici à l'observation de ceux qui ont analysé la raison humaine, et elle paraît même en opposition avec toutes leurs conjectures; elle est pourtant incontestablement certaine et de très grande importance dans ses conséquences. En effet, comme on trouvait que les raisonnements des mathématiciens procédaient tous suivant le principe de contradiction (ainsi que l'exige la nature de toute certitude apodictique 1), on se persuadait que leurs principes devaient être connus aussi en vertu du principe de contradiction; en quoi l'on se trompait, car si le principe de contradiction peut nous faire admettre une proposition synthétique, ce ne saurait jamais être qu'autant qu'on présuppose une autre proposition synthétique, d'où elle puisse être tirée, mais en elle-même elle n'en saurait dériver. Il faut remarquer d'abord que les propositions proprement mathématiques sont toujours des jugements a priori, et non empiriques, puisqu'elles impliquent une nécessité qu'on ne peut 1. Apodictique : qui s'impose avec nécessité.

« 33 Les jugements synthétiques a priori contradiction, et j'ai aussi par cela même conscience de la néces­ sité de mon jugement, chose que l'expérience ne saurait jamais m'enseigner.

Au contraire, je ne comprends point d'abord dans le concept d'un corps en général le prédicat de la pesanteur; mais, comme ce concept désigne un objet d'expérience qu'il ne déter­ mine qu'en partie, j'y puis ajouter d'autres parties également tirées de l'expérience, comme appartenant à ce concept.

Au lieu d'approfondir analytiquement (comme dans le premier cas) le concept du corps en y reconnaissant certains caractères qui tous y sont compris, tels que l'étendue, l'impénétrabilité, la figure, etc., j'étends maintenant ma connaissance et, en retournant à l'expérience, d'où j'ai tiré ce concept de corps, j'y trouve la pesanteur toujours unie aux caractères précédents, et je l'ajoute synthétiquement à ce concept comme prédicat.

C'est donc sur l'expérience que je fonde la possibilité de la synthèse du prédicat de la pesanteur avec le concept du corps, puisque, si l'un des deux concepts n'est pas contenu dans l'autre, ils n'en sont pas moins liés l'un et l'autre, mais d'une manière purement contingente, comme partie d'un même tout, c'est-à-dire de l'expérience, qui elle-même est une liaison synthétique d'intuitions.

Mais ce moyen d'explication ne saurait nullement s'appliquer aux jugements synthétiques a priori.

Pour sortir du concept A et en reconnaître un autre B comme lui étant lié, sur quoi puis-je m'appuyer, et comment cette synthèse est-elle possible, puisque je n'ai pas ici l'avantage de pouvoir recourir au champ de l 'expé­ rience? Qu'on prenne cette proposition : tout ce qui arrive a sa cause.

Dans le concept de quelque chose qui arrive, je pense bien une existence qu'un temps a précédée, etc ...

et je puis tirer de là des jugements analytiques.

Mais le concept d'une cause est tout à fait extérieur au concept de quelque chose qui arrive et différent de lui : il n'est donc pas contenu dans cette dernière représen­ tation.

Comment donc puis-je dire, de ce qui arrive en général, quelque chose qui en est tout à fait différent, et reconnaitre que, bien que le concept de la cause n'y soit point contenu, il lui appar­ tient pourtant, et même nécessairement? Quelle est ici cette incon­ nue X où s'appuie l'entendement, lorsqu'il croit trouver en dehors du concept un prédicat B qui est étranger à ce concept, mais qu'il estime cependant lui être lié? Ce ne peut être l'expé­ rience, puisque le principe dont il s'agit, pour joindre la seconde idée à la première, revêt non seulement une généralité plus grande que l'expérience ne peut fournir, mais aussi un caractère de néces-. »

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