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Nous est-il si facile de distinguer entre se croire libre et être effectivement libre ?

Publié le 02/12/2005

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Ainsi, quand je crois en quelque chose, je ne sais pas qu'il s'agit d'une croyance. Dès lors, si la liberté n'est qu'une croyance crée par l'esprit humain, je ne peux pas savoir qu'elle est illusion. - L'absence de motivation d'un acte peut n'être qu'apparente. Ce n'est pas parce que l'on n'est pas conscient de ses propres motivations, parce que l'on ne veut pas les regarder en face que pour autant ces motivations n'existent pas et ne sont pas agissantes. - C'est ce que dit Spinoza. Pour lui, les hommes se croient libre parce qu' « ils ont conscience de leurs actions et sont ignorants des causes où ils sont déterminés. » (Ethique) et " l'Âme est déterminée à vouloir ceci ou cela par une cause qui est aussi déterminée par une autre." "Mais venons-en aux choses créées qui, toutes, sont déterminées à exister et à agir selon une manière précise et déterminée. Pour le comprendre clairement, prenons un exemple très simple. Une pierre reçoit d'une cause extérieure qui la pousse une certaine quantité de mouvement, par laquelle elle continuera nécessairement de se mouvoir après l'arrêt de l'impulsion externe.

La liberté est assez difficile à définir, notamment parce que le concept a eu de nombreuses acceptations tout au long de l'histoire et s'applique à des domaines très différents de la liberté de penser, à la liberté politique. Pourtant, chaque individu possède une expérience ou au moins un désir de liberté. Descartes désigne cette notion de « notion commune « car chaque homme la comprend et de « notion première « parce qu'elle est saisissable en elle-même, sans faire intervenir autre chose. La liberté semble être une donnée de la conscience. Les situations quotidiennes nous donnent effectivement la preuve que nous pouvons faire ce que nous voulons. Pourtant cette certitude n'est-elle pas une simple illusion, une simple croyance ? Comment pouvons nous savoir si ne nous sommes pas déterminés à agir ? La réflexion et la mise en question de la liberté ne nous éclaire-t-elle pas sur notre liberté ?

« "Mais venons-en aux choses créées qui, toutes, sont déterminées àexister et à agir selon une manière précise et déterminée.

Pour lecomprendre clairement, prenons un exemple très simple.

Une pierrereçoit d'une cause extérieure qui la pousse une certaine quantité demouvement, par laquelle elle continuera nécessairement de semouvoir après l'arrêt de l'impulsion externe.Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu'ellecontinue de se mouvoir, sache et pense qu'elle fait tout l'effort possiblepour continuer de se mouvoir.

Cette pierre, assurément puisqu'ellen'est consciente que de son effort, [...] croira être libre et nepersévérer dans son mouvement que par la seule raison qu'elle ledésire.

Telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantentd'avoir et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients deleurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent.

C'est ainsiqu'un enfant croit désirer librement le lait et un jeune garçon irritévouloir se venger s'il est irrité, mais fuir s'il est craintif.

[...]" Baruch Spinoza, Lettre à Schuller » Spinoza cherche à montrer dans ce texte que les hommes se trompent quandils pensent être libres.

« C'est ainsi qu'un enfant croit désirer librement le lait, et un jeune garçon irrité vouloir sevenger s'il est irrité, mais fuir s'il est craintif.

» De même un ivrogne, écrit Spinoza à la suite de ce passage, « croitdire par une décision libre ce qu'ensuite il aurait voulu taire ».

Or ils se trompent.

Non seulement la liberté est uneillusion, mais Spinoza veut montrer que cette illusion est inévitable.Nous sommes tous, en effet, conscients de poursuivre des fins (désirer le lait, vouloir se venger, le mot « fin »désignant ici le motif ou le but), mais nous attribuons la cause de nos désirs à notre volonté libre.

L'homme, enréalité, est placé dans l'ignorance de tout autre rapport de causalité que celui de l'objet et du désir qu'il suscite ennous.

Les hommes se croient donc libres parce qu'ils ont conscience de leurs désirs, mais ils ne pensent pas « mêmeen rêve, aux causes qui les disposent à désirer et à vouloir, parce qu'ils les ignorent », écrivait déjà Spinoza dansL'Éthique.Pour expliquer les raisons de cette ignorance, l'auteur va ici se livrer à une comparaison : imaginons une pierre quireçoit d'une cause extérieure une certaine quantité de mouvement, suite à cette « poussée », elle continuera de semouvoir alors même que cette impulsion extérieure aura cessé.

Cette pierre est comparable à l'homme.

Si elle étaitdouée de conscience, tandis qu'elle continue à se déplacer, elle croirait être libre, et être l'auteur de la poursuite deson déplacement, alors qu'elle est en réalité ignorante de la cause véritable (l'impulsion première qui l'a mise enmouvement).Bien sûr, les pierres ne pensent pas, mais l'homme est pris dans une situation de ce genre, et l'illusion qui en résulteconstitue ce qu'il appelle sa liberté : « Telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d'avoir » etqui n'est que la conscience de nos désirs doublée de l'ignorance de leurs causes véritables.Quelles sont alors ces causes ? Toutes les causes qui s'enchaînent pour déterminer chacune de mes actionsrenvoient, en dernière analyse, à un principe que Spinoza appelle en latin conatus, et qui désigne l'effort, la «poussée » (on dirait aujourd'hui : la « pulsion »), par lesquels chaque être tend à continuer à exister et à augmentersa puissance d'agir.

Cette « poussée » n'est pas un choc physique comme dans le cas de la pierre, mais cetteénergie qui est le vrai foyer de mon être, cet appétit que j'appelle, lorsque j'en ai conscience, mon désir.

Spinoza s'oppose à ceux qui, comme Descartes, posent l'existence d'une volonté libre en l'homme, capable de briserla chaîne des causalités qui déterminent son action.Selon Descartes, en effet, la volonté est capable de s'opposer aux élans du désir qui poussent l'homme à agir detelle ou telle manière.

A l'impulsion des passions, Descartes oppose le choix conscient et la délibération de lavolonté, qui permettent l'expression d'une liberté authentique.Spinoza ne croit pas en l'existence d'une telle volonté et défend une conception qu'on appellera au XIX siècle (dansun contexte différent, celui de la science), le déterminisme.Ce dernier terme désigne l'inscription de l'homme dans un enchaînement strict et nécessaire de causes et d'effetsqui conditionnent son action sur le plan aussi bien du corps que de l'âme.Aussi, pour Spinoza, la volonté elle-même est une illusion et notre liberté véritable consiste à comprendre cettenécessité qui nous traverse, celle du « conatus ».

Par cette compréhension, on ôte ainsi aux passions leur forcedestructrice, leur « tristesse », et l'on ressent alors ce contentement qui provient de la reconnaissance du fait quela liberté est la nécessité bien comprise.

La psychanalyse nous enseigne aussi que la liberté de la conscience et des actes se ramène à un déterminismeinconscient.

Dès lors, la liberté n'est qu'illusoire et masque la servitude. Pour distinguer la liberté réelle et la liberté illusoire, la réflexion est une aide Pour réussir à distinguer la liberté effective de la liberté illusoire, il faut réfléchir sur notre liberté et la possibilité desa mise en œuvre.

La liberté est illusoire dès qu'elle est considérée comme allant de soi.Ainsi réfléchir sur le déterminisme dont nous sommes l'objet, c'est déjà mettre en œuvre une liberté réelle.

PourLagneau (philosophe du XIXème siècle) la liberté constitutive de l'esprit transparaît dans son travail même à dégager. »

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