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Si nous ne sommes que matière sommes-nous libres ?

Publié le 10/03/2004

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Une « physique », donnant les critères et les règles (« canonique ») du jugement sur la réalité et les valeurs, sera d'abord construite en vue de persuader le lecteur de la validité de la démarche éthique de l'épicurien. C'est dans cette physique que l'auteur justifie de la réalité d'une possible liberté humaine sous l'égide de la spontanéité et de la prise d'initiative. C'est par sa théorie sur le mouvement des atomes, leur chute ordonnée dans le vide et leur déviation unidirectionnelle vers le bas (« clinamen »), qu'Épicure atteste du « mouvement libre et volontaire de l'âme » qui échappe ainsi au déterminisme que les « physiciens » (Démocrite, Anaxamène, Anaxagore...) et les mythologies ont tenté d'imposer. Cet aspect technique de la justification épicurienne de la liberté n'est que le préambule « persuasif » (Il cherchait l'explication la plus probable et convaincante, pas la plus exacte !) d'une démarche morale.   En effet, la liberté humaine n'est pas donnée, elle s'acquiert ! Si le plaisir fut le mot d'ordre de l'épicurisme, il faut comprendre celui-ci en termes de mesure et non de débauche. La liberté est celle du sage qui, parvenu au comble du contentement intérieur et reposé (bonheur négatif car compris comme absence de douleur, « ataraxia »), s'est toute sa vie délivré des mauvais plaisirs, des peurs et des infortunes contre lesquelles il ne pouvait rien ! Celui-ci, pour en arriver là, a mené une vie d'ascète (privation et mesure dans tous les domaines de la vie). La liberté advient à ce prix : elle est plutôt délivrance du matérialisme et des croyances illusoires humaines, aspiration à une vie faite d'intelligence, de frugalité et d'amitié. Épicure a cherché à nous prouver que la matière n'est pas la plus forte ou que le déterminisme matériel n'est pas absolu. Il reste une part d'initiative à l'homme et celle-ci, pour être libre, passe par le choix raisonné d'une morale de vie certes un peu austère.

« Mais pas uniquement puisque certains philosophes ont souhaité aborder l'idéed'une liberté possible contre les contraintes matérielles ou les passionsdévorantes.

Du point de vue de la morale, il s'agissait pour Épictète lestoïcien (Cf.

Manuel ), par exemple, mais aussi Kant plus tard (Cf.

Fondements de la métaphysique des moeurs ), de déterminer un pouvoir de ne pas subir la contrainte des passions, des inclinations, ou de toute détermination qui feraitde l'homme un simple esclave ou objet.

Cette liberté caractérise un hommecomme sujet conscient et responsable de lui-même ainsi que de ses actes.

Lemaître-mot qui constituera le fondement même de la possibilité de cetteliberté sera, pour la plupart des penseurs (Aristote, Épictète, Descartes,Rousseau, Kant...) la « volonté ».

Kant définit la volonté comme « pouvoir dedéterminer sa propre causalité, c'est-à-dire de produire des objetscorrespondant à ses représentations, ou de se déterminer soi-même à lesréaliser ».

Parce que l'homme à des objectifs, une « représentation de fins »,dira Kant, il peut-être la cause, le moteur de son action.

Et cela par le biaisde sa volonté propre.

La volonté est en ce sens une faculté d'agir, nonseulement d'après des lois mais d'après la représentation de celles-ci.L'homme est celui qui, le seul dans le règne du vivant, se donne sa propre loid'action.

Il est « autonome » selon l'Allemand. Mais si la liberté humaine est reconnue par ces auteurs, c'est au nom d'unenotion qui elle-même ne se définit que vaguement, étant impalpable et pour nombre d'auteurs (Schopenhauer par exemple) d'essence purement métaphysique.

En outre, peut-on penser laliberté lorsque les conditions extérieures (accidents, avaries, esclavage, guerres, famines...) ou intérieures (maladie,folie, handicap...) empêchent l'exercice même de celle-ci ? Mais peut-on, a contrario , penser la liberté sans un corps, sans la matière qui en permet l'expression manifeste ? II.

La matière libre Si nous ne sommes que matière, affirmons néanmoins que nous somme une matière pensante et rêvante.

Descartesnous désignera du latin « res cogitans » (chose pensante).

L'exercice de la liberté, s'il est éminemment suspect, garde néanmoins le crédit d'être concevable par la matière organique.

Sans vie, sans matière, pas de liberté, si cen'est celle divine qui alors légitime encore plus notre croyance en celle-ci.

La liberté peut s'exprimer humainement,elle en a l'occasion.

Mais que penser de ces contraintes, nécessités et déterminismes qui nous poussent à affirmerque celle-ci n'est qu'illusion ? Épicure (Cf.

Lettre à Ménécée pour la justification morale de la liberté et Lettre à Hérodote pour la justification physique de la liberté) nous donne, de manière illustre, les critères qui nous permettent d'affirmer la possibilité de laliberté humaine malgré toutes les entraves que le monde lui oppose.

Une« physique », donnant les critères et les règles (« canonique ») du jugementsur la réalité et les valeurs, sera d'abord construite en vue de persuader lelecteur de la validité de la démarche éthique de l'épicurien.

C'est dans cettephysique que l'auteur justifie de la réalité d'une possible liberté humaine sousl'égide de la spontanéité et de la prise d'initiative.

C'est par sa théorie sur lemouvement des atomes, leur chute ordonnée dans le vide et leur déviationunidirectionnelle vers le bas (« clinamen »), qu'Épicure atteste du « mouvement libre et volontaire de l'âme » qui échappe ainsi au déterminismeque les « physiciens » (Démocrite, Anaxamène, Anaxagore...) et lesmythologies ont tenté d'imposer.

Cet aspect technique de la justificationépicurienne de la liberté n'est que le préambule « persuasif » (Il cherchaitl'explication la plus probable et convaincante, pas la plus exacte !) d'unedémarche morale. En effet, la liberté humaine n'est pas donnée, elle s'acquiert ! Si le plaisir futle mot d'ordre de l'épicurisme, il faut comprendre celui-ci en termes de mesureet non de débauche.

La liberté est celle du sage qui, parvenu au comble ducontentement intérieur et reposé (bonheur négatif car compris commeabsence de douleur, « ataraxia »), s'est toute sa vie délivré des mauvais plaisirs, des peurs et des infortunes contre lesquelles il ne pouvait rien ! Celui-ci, pour en arriver là, a mené une vie d'ascète (privation et mesure dans tous lesdomaines de la vie).

La liberté advient à ce prix : elle est plutôt délivrance du matérialisme et des croyancesillusoires humaines, aspiration à une vie faite d'intelligence, de frugalité et d'amitié.

Épicure a cherché à nousprouver que la matière n'est pas la plus forte ou que le déterminisme matériel n'est pas absolu.

Il reste une partd'initiative à l'homme et celle-ci, pour être libre, passe par le choix raisonné d'une morale de vie certes un peuaustère. Nous aurions pu aborder les stoïciens qui cherchaient à atteindre un tel bonheur par le choix libre de mépriser toutesles vicissitudes de l'existence.

Nous aurions pu aborder Heidegger ou Sartre, qui affirment une liberté par principepuisque rien ne préside d'autre à nos vies conscientes que les choix que nous ferons en réponse.

Mais la pensée. »

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