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De nouveaux nationalismes

Publié le 22/02/2012

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La Première Guerre mondiale sonne le glas des trois grands empires encore existants en Europe : l'empire austro-hongrois, l'empire tsariste et l'empire ottoman. De ces entités séculaires naît une multitude de nouveaux pays, plus ou moins artificiels, et dont les populations, souvent d'origines ou de confessions différentes, n'ont jamais fait l'expérience de la démocratie. L'émergence ou le remodelage de ces nouvelles nations -Yougoslavie, Roumanie, Bulgarie, Tchécoslovaquie, Pologne, Autriche, Hongrie, Pays baltes- sont avant tout le fait des vainqueurs. Au nom du « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », voeux pieux du président américain Wilson, la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis opèrent un gigantesque démembrement du continent, sans que jamais les vaincus ne soient consultés. Ce directoire des Grands prend prétexte de courants nationalistes, plus ou moins représentatifs et rarement démocrates, pour dessiner de nouvelles frontières sur les ruines impériales. Or, la principale préoccupation des vainqueurs, bien que non-avouée, est moins de faire triompher la liberté en Europe que d'empêcher la révolution bolchevique de faire tache d'huile sur le continent. Ces redécoupages territoriaux ne tiennent que fort peu compte des différences ethniques, voire des haines ancestrales qui ne peuvent pourtant que transcender tout sentiment "national" dans ces nouveaux pays. Cela explique que l'émergence de ces États ne fait qu'aggraver les sentiments nationalistes, alors que s'y instaure des régimes autoritaires, voire fascisants. La paix des vainqueurs crée en réalité de nouvelles poudrières, promises d'emblée aux déchirements identitaires et aux tentations fascistes. Autant de menaces qui deviendront réalités lors du second conflit mondial.

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