Devoir de Philosophie

L'obéissance au devoir peut-elle s'accompagner de la recherche du bonheur ?

Publié le 11/02/2004

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En effet, si je suis vexé de l'insulte qu'un individu m'adresse, c'est que j'accorde une certaine valeur à son estime. Mais si je pense que ce n'est qu'un imbécile, ses propos ne m'atteignent plus. De même, s'il m'arrive un accident et que j'en reste handicapé, si en outre je me pense victime d'un sort injuste et que je désire échapper à cet état, j'en souffrirai. Mais si j'accepte mon état et ne désire rien d'autre, je ne serai pas malheureux. Cette maîtrise de ma volonté, de mes pensées, de mes désirs est une règle de vie fondamentale à laquelle Epictète nous exhorte : « Si quelqu'un livrait ton corps au premier venu, tu en serais indigné ; mais de livrer toi-même ton âùe au premier qui t'insulte en le laissant la troubler et la bouleverser, tu n'en as pas honte ? » (Pensée 28).Aimer son destin.Néanmoins, comment parvenir à maîtriser complètement mes désirs ? Ma volonté est-elle toujours assez puissante ? Là encore, une juste vision des choses, cad une bonne connaissance métaphysique du réel, peut nous aider.

« a) En effet, le problème est que l'obéissance au devoir peut s'accompagnerde la recherche du bonheur c'est donc faire dépendre le devoir à autre choseque le devoir lui-même, donc le rendre conditionnel à ma propre définition dubonheur.

Or comme le précise Kant dans les Fondements de la Métaphysique des Mœurs , « le bonheur est un idéal de l'imagination.

» Autrement dit, le bonheur se définit de façon personnel et ne correspond pas à une loiuniverselle.

Le fondement de la morale est alors impossible.

En d'autrestermes c'est conditionner le devoir, donc dire que la volonté est soumise àdes impératifs qui lui permettent pas d'affirmer son autonomie. b) En effet, comme Kant le précise dans les Fondements de la Métaphysique des Mœurs , le concept de devoir n'est pas apporté par l'expérience.

Il est un idéal de la raison pure et une valeur a priori.

L'expérience en tant que telle nenous fournit jamais de normes universelles et nécessaires.

Or, le devoircommande absolument.

Cette exigence ne découle pas de l'empirie.

Si nousvoulions fonder la morale sur des faits, elle serait rapidement ruinée.

Ledevoir, loin d'être une réalité, représente une norme de la raison, valable pourtous les êtres raisonnables.

En ce sens, le pur devoir a priori commande catégoriquement.

Et l'impératif catégorique est le seul purement moral.L'obéissance au devoir doit donc se faire non pas par devoir, ce qui serait unecontrainte, mais pour le devoir lui-même. c) Le devoir est donc sans condition, et exprime l'autonomie de la volonté face aux passions et tendancespathologiques ; et c'est en ce sens que l'impératif catégorique s'exprime suivant la formule : « Agis comme si lamaxime de ton action devait être érigée par ta volonté comme loi universelle.

» ( Fondements de la Métaphysique des Mœurs ) En ce sens, faire accompagner l'obéissance au devoir de la recherche du bonheur c'est faire un contresens sur le sens même de la morale et du devoir.

En effet, comme le remarque Kant dans la Critique de la raison pratique : « Devoir ! Nom sublime et grand, toi qui renferme rien en toi d'agréable… ».

Et c'est bien ce que Kant prouve dans l'exemple sur le mensonge, et son interdiction catégorique, comme on peut le voir dans Sur le droit de mentir en vertu même de l'idée de devoir (on voyait déjà cela dans la Critique de la raison pure ).

Mais plus simplement, l'obéissance du devoir se montre avec l'exemple de Régulus qui est renvoyé à Rome depuis les geôlesdes Carthaginois pour négocier la paix, mais qui revient se constituer prisonnier, et mourir, pour respect sa parole,et l'obéissance au devoir.

Pour autant, comme Kant le montrera dans la Fondements de la Métaphysique des Mœurs l'obéissance au devoir si elle ne s'accompagne de la recherche du bonheur, elle ne s'en accompagne pas moins de ladignité de ce bonheur. Dans la Critique de la raison pratique, Kant montre que le bonheur individuel, recherché par tout un chacun suivantses propres penchants, ne peut être une finalité morale.

La recherche du bonheur peut fournir des maximespersonnelles d'action, mais non des lois à la volonté, même si l'on prend pour finalité le bonheur de tous.

Ladéfinition générale du bonheur est subjective, donc variable et changeante.

On pourrait au mieux en tirer des règlesgénérales, mais jamais des règles universelles (valables toujours et nécessairement), car la base en est l'expérienceet ce que l'on en ressent.

La recherche du bonheur ne peut donc aboutir à une éthique comportant des règlespratiques communes à tout être raisonnable.A la différence de ces éthiques eudémonistes (eudaimonia : bonheur) qui s'en remettent à la subjectivité de chacunpour apprécier le bonheur, la loi morale doit être valable pour toute volonté raisonnable.

La morale repose sur deslois universelles et nécessaires (valables pour tous et que l'on ale devoir de respecter).

A la question que dois-jefaire ?, la morale répond : le devoir, et uniquement le devoir.

Le souverain bien n'est pas le bonheur, mais la bonnevolonté, c'est-à-dire la bonne intention, désintéressée, l'intention de faire le bien pour le bien, ou encore de faire lebien par devoir.

Elle repose sur un impératif catégorique ("tu dois parce que tu dois") et non hypothétique ("si tuveux obtenir tel résultat, fais ainsi").

Sans condition, il ne repose sur rien de sensible.

L'action n'est pas bonnesuivant ses résultats, mais bonne en soi quand elle est faite par devoir.

"Agis uniquement d'après la maxime qui faitque tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle." Par ailleurs, le devoir commande le respectde la personne, de l'être raisonnable en tant que valeur absolue : l'humanité, que ce soit la sienne ou celle d'autrui,doit toujours être respectée comme une fin absolue, et jamais traitée simplement comme moyen.

Seule cettevolonté morale est autonome dans le sens où elle répond à la loi de raison qu'elle trouve en elle (et qui exige denous plier à l'universalité), et non à des exigences sensibles, naturelles et empiriques, qui nous rendent dépendants,hétéronomes : en ce cas, c'est l'expérience qui commande et non la volonté rationnelle. Transition : Cependant, ne sommes-nous pas ici face à un idéal qui méconnaît la réalité et le concret du devoir, c'est-à-dire dela véritable source de la morale, à savoir la société comme créatrice de normes ? Et cela d'autant plus que réduire larecherche du bonheur à sa dignité c'est mettre le bonheur dans un autre monde, et repose bien la question del'intérêt de la conduite morale si ce n'est pour le devoir lui-même, ce qui pourrait être une pétition de principe doncn'expliquant la nécessité d'obéir au devoir. III – Réconciliation devoir et bonheur au sein d'un ressaisissement comme fait social a) En effet, par une étude du concept de moralité, on peut voir que l'obéissance au devoir est non pas une. »

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